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anarchisme
(Spoiler : pas du tout)
EDIT : Tjrs un peu agacé que l’anarchisme soit synonyme d'absence de structures comme c'est sous-entendu à la fin de l'article.
EDIT : Tjrs un peu agacé que l’anarchisme soit synonyme d'absence de structures comme c'est sous-entendu à la fin de l'article.
« Le nationalisme sert toujours à faire passer les intérêts des classes dominantes pour le bien commun de toute la nation. C'est donc toujours une arnaque. »
(via Riff)
(via Riff)
« If humans have a tendency to be good or bad depending upon how they've been shaped by social structures then we should abolish relations of power which give people the opportunity and motivation to oppress, exploit and subordinate others to their will.
Anarchists are so realistic that we understand that society will not become better when we replace the evil rulers with the good rulers. Any person who is placed in that position of authority will be corrupted by it and so we must abolish the principle of rulership itself. »
(ceci dit, ça dépend des anars hein, pck des fois j'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre)
Anarchists are so realistic that we understand that society will not become better when we replace the evil rulers with the good rulers. Any person who is placed in that position of authority will be corrupted by it and so we must abolish the principle of rulership itself. »
(ceci dit, ça dépend des anars hein, pck des fois j'ai envie d'en prendre un pour taper sur l'autre)
Pas fan de tout Bookchin, mais de côté pour sa critique des courants individualistes
« What is hierarchy outside of the European anarchist cosmology? »
« Graeber n'était pas anarchiste que par principe, il laisse aussi derrière lui une analyse impitoyable de la façon dont notre liberté est empêchée par la dynamique du capitalisme.
Contrairement aux lectures néolibérales de l'Etat, le travail de Graeber montre que l'explosion de la bureaucratie, la multiplication des tâches vides de sens, et les lourdeurs des sociétés contemporaines n'émergent pas en barrières à, mais à cause des mécanismes du marché.
Il a développé cette thèse dans ses trois ouvrages les plus connus, Dette, Bureaucratie, et Bullshit Jobs. Graeber avait la conviction que le capitalisme pour se maintenir créait artificiellement des tâches inutiles dont la seule fonction était d'occuper ceux qui les font.
Graeber avait une perspective très claire sur ce qui nous empêche d'être libres.
Ces dernières années, il s'était inquiété à raison de la façon dont la gauche dans le pays où il vivait ne parvenait pas à gagner. Il blâmait sans s'en cacher ce qu'il jugeait être l'inconsistance d'une partie de l'élite de gauche face aux dangers d'une droite fascisante.
Je n'ai pas autant lu son travail que j'aurais du. Je me suis contenté d'extraits et de compte-rendus. Je pense comprendre seulement maintenant qu'une lumière vient de s'éteindre. Et il fait de plus en plus sombre. »
Contrairement aux lectures néolibérales de l'Etat, le travail de Graeber montre que l'explosion de la bureaucratie, la multiplication des tâches vides de sens, et les lourdeurs des sociétés contemporaines n'émergent pas en barrières à, mais à cause des mécanismes du marché.
Il a développé cette thèse dans ses trois ouvrages les plus connus, Dette, Bureaucratie, et Bullshit Jobs. Graeber avait la conviction que le capitalisme pour se maintenir créait artificiellement des tâches inutiles dont la seule fonction était d'occuper ceux qui les font.
Graeber avait une perspective très claire sur ce qui nous empêche d'être libres.
Ces dernières années, il s'était inquiété à raison de la façon dont la gauche dans le pays où il vivait ne parvenait pas à gagner. Il blâmait sans s'en cacher ce qu'il jugeait être l'inconsistance d'une partie de l'élite de gauche face aux dangers d'une droite fascisante.
Je n'ai pas autant lu son travail que j'aurais du. Je me suis contenté d'extraits et de compte-rendus. Je pense comprendre seulement maintenant qu'une lumière vient de s'éteindre. Et il fait de plus en plus sombre. »
Oh :O. J'étais pas spécialement fan de Graebber mais :O quand même.
EDIT : Par contre, à la vue des réponses en dessous du tweet de sa femme et en dessous de celui là https://twitter.com/michtosincere/status/1301518824013991936
Il avait l'air d'avoir bcp de fans. Faudrait quand même que je me penche un peu plus sur son boulot.
EDIT : Par contre, à la vue des réponses en dessous du tweet de sa femme et en dessous de celui là https://twitter.com/michtosincere/status/1301518824013991936
Il avait l'air d'avoir bcp de fans. Faudrait quand même que je me penche un peu plus sur son boulot.
« The Capitol Hill Autonomous Zone (CHAZ or the Zone), also known as Free Capitol Hill, is a self-declared autonomous zone in the Capitol Hill neighborhood of Seattle, Washington. » ( https://en.wikipedia.org/wiki/Capitol_Hill_Autonomous_Zone )
J'aurais pas dit ça comme ça, mais ok
3 balles, sans DRM ni watermark (5 en papier). Je l'ai pris, pas encore lu.
(via https://twitter.com/pandovstrochnis/status/1221461023456141313 )
(via https://twitter.com/pandovstrochnis/status/1221461023456141313 )
Tiens je découvre qu'une traduction du texte de Gelderloos existe en papier (sorti en 2018 d'après Babelio https://www.babelio.com/livres/Gelderloos-Comment-la-non-violence-protege-lEtat/1045607 ). Pas d'epub dispo, mais de côté quand même, ça pourrait être une idée de cadeau.
Sinon, une traduction est aussi dispo là en pdf https://mars-infos.org/IMG/pdf/peter_gelderloos_-_comment_la_non-violence_protege_l_etat_fr_et_avant-propos_.pdf
Et le texte original en anglais est accessible là (plusieurs formats dispos dont l'epub) https://theanarchistlibrary.org/library/peter-gelderloos-how-nonviolence-protects-the-state
Un extrait du pdf FR : « La non-violence affirme que les Amérindien-ne-s auraient pu repousser Christophe Colomb, George Washington et tous les autres bouchers génocidaires en faisant des sit-in; que Crazy Horse, en recourant à la résistance violente, devint lui-même partie intégrante du cycle de la violence, et fut«aussi mauvais» que le général Custer. La non-violence affirme que les Africain-e-s auraient pu interrompre le trafic d’esclaves par des grèves de la faim et des pétitions, et que celles et ceux qui se mutinèrent étaient aussi mauvais-es que ceux qui les avaient mis-es dans les fers; que la mutinerie, une forme de violence, amena plus de violence, et donc que la résistance fut la cause d’un redoublement de l’esclavage. La non-violence refuse de reconnaître qu’elle ne peut marcher que pour les privilégié-e-s, dont le statut d’agents et de bénéficiaires d’une hiérarchie violente est précisément protégé par la violence. »
Sinon, une traduction est aussi dispo là en pdf https://mars-infos.org/IMG/pdf/peter_gelderloos_-_comment_la_non-violence_protege_l_etat_fr_et_avant-propos_.pdf
Et le texte original en anglais est accessible là (plusieurs formats dispos dont l'epub) https://theanarchistlibrary.org/library/peter-gelderloos-how-nonviolence-protects-the-state
Un extrait du pdf FR : « La non-violence affirme que les Amérindien-ne-s auraient pu repousser Christophe Colomb, George Washington et tous les autres bouchers génocidaires en faisant des sit-in; que Crazy Horse, en recourant à la résistance violente, devint lui-même partie intégrante du cycle de la violence, et fut«aussi mauvais» que le général Custer. La non-violence affirme que les Africain-e-s auraient pu interrompre le trafic d’esclaves par des grèves de la faim et des pétitions, et que celles et ceux qui se mutinèrent étaient aussi mauvais-es que ceux qui les avaient mis-es dans les fers; que la mutinerie, une forme de violence, amena plus de violence, et donc que la résistance fut la cause d’un redoublement de l’esclavage. La non-violence refuse de reconnaître qu’elle ne peut marcher que pour les privilégié-e-s, dont le statut d’agents et de bénéficiaires d’une hiérarchie violente est précisément protégé par la violence. »
(via Riff)
Gros travail d'éducation à faire pour faire comprendre que le capitalisme et le communisme sont des modes de production.
https://twitter.com/BlackSocialists/status/1112812858205749250
(Hashtag communisme libertaire)
EDIT : Mon commentaire concernait pas Emma, mais plutôt les « gens » de son tweet.
https://twitter.com/BlackSocialists/status/1112812858205749250
(Hashtag communisme libertaire)
EDIT : Mon commentaire concernait pas Emma, mais plutôt les « gens » de son tweet.
^^
« Certains sur YouTube :
« Franchement le canard est trop stéréotypé c’est trop CLICHÉ ! »
Les mêmes :
« Sans les capitalistes vous mangeriez des cailloux. Personne ne voudra plus faire la vaisselle. Et de toutes façons l’anarchie c’est la loi du plus fort vous avez pas compris. »
Un jour on fera un thread des arguments les plus rigolos.
« La liberté c’est pas possible, si je saute d’un immeuble je meurs »
« Vous critiquez l’Etat mais si l’Etat supprime la Sécurité sociale vous serez les premiers à vous plaindre »
« Tous les gens sont différents.
Donc empêcher des gens de dominer les autres c’est la haine de la diversité, donc c’est la tyrannie.
Donc empêcher la tyrannie c’est la tyrannie. »
« L’ultra-liberalisme et l’anarchisme c’est pareil puisque les patrons s’affranchissent des lois ! »
« L’exploitation c’est pas le mode de production capitaliste, c’est vivre dans un camion avec un chien et exploiter nos routes »
« C’est pas les travailleurs et travailleuses qui font marcher le monde, c’est l’industrie pétrochimique »
« Vous êtes complément déconnectés de la réalité. Dans la réalité il y a des costauds qui rackettent les plus faibles vous êtes tellement naïfs »
« Vous dites que la liberté c’est le plus important, mais après tout c’est une croyance comme une autre. D’autres personnes pensent que la liberté ce n’est pas si important, et c’est leur liberté.
Donc dire que la liberté est le plus important est une atteinte à la liberté »
« Si vous êtes tant pour la liberté, pourquoi vous voulez imposer votre point de vue où la liberté pour tous serait le plus important ?
C’est facile de critiquer le système qui n’est pas démocratique, écrivez plutôt un programme avec toutes les solutions et là on verra »
"Le problème n'est pas l'exploitation, mais ses dérives"
"Ce qui me gêne avec les anarchistes, c'est qu'ils sont dans l'opposition. Moi je suis pacifiste, et même si je suis contre la domination je préfère lutter sans l'affronter, car on ne construit pas en opposant mais en rassemblant"
"Une société sur des principes de liberté et égalité n'est pas possible car pour faire société il faut des valeurs communes. Et en plus nous sommes tous différents donc on n'aura jamais de valeurs communes"
Et le traditionnel « vous critiquez le capitalisme mais vous utilisez des objets du capitalisme, où est la cohérence ? »
Mais celui-là tout le monde y a droit haha 😹
On a eu
« Vous voulez foutre en l’air l’Etat, un système qui a mis 12 000 ans à se perfectionner »
Alors que le premier État date de 6500 avant notre ère et que l’hégémonie des États sur la planète ne date que de 1600 soit 0,2% de l’Histoire politique de notre espèce...
« On a besoin d’une hiérarchie et de chefs parce qu’on ne sait pas tout faire tout seul par exemple monter soi-même son installation électrique ou piloter un avion peut être très dangereux »
« La civilisation du coup, on lui pisse dessus ? »
« Vous n’êtes pas objectifs, et ma liberté de ne pas être influencée par vous ? »
« Vous voulez l’égalité donc vous êtes des tyrans, les quotas sont une atteinte à la liberté car la liberté ne s’obtient qu’avec le mérite ! »
Les mêmes :
« Si vous parlez d’anarcho-communisme, alors vous devez parler d’anarcho-capitalisme »
« Je ne défends pas l’esclavage !
Je dis juste que nous naissons esclaves, nous sommes des handicapés, nous n’avons pas les mêmes capacités, et les moins performants ou intelligents devraient avoir la liberté de trouver un maître pour améliorer leur condition. »
😾 vous êtes en train de défendre la tyrannie au nom de la liberté, l’esclavage au nom de la libre association...
« Quoi ! Vous me traitez de tyran et d’esclavagiste ??! Tout ça pour éviter le débats, ne pas remettre en question vos idées ! Quel coup bas c’est scandaleux ! »
« L’anarchie est une utopie. Je pense au contraire qu’on peut sortir du capitalisme grâce à l’État, qui est un outil neutre »
Ah et cet argument moisi que les libéraux chérissent :
« Les salaires augmentent donc le capitalisme sort les gens de la pauvreté »
😹 quelle blague !
L’argument précédent sera vraiment intéressant à démonter dans un épisode sur le travail ! »
« Franchement le canard est trop stéréotypé c’est trop CLICHÉ ! »
Les mêmes :
« Sans les capitalistes vous mangeriez des cailloux. Personne ne voudra plus faire la vaisselle. Et de toutes façons l’anarchie c’est la loi du plus fort vous avez pas compris. »
Un jour on fera un thread des arguments les plus rigolos.
« La liberté c’est pas possible, si je saute d’un immeuble je meurs »
« Vous critiquez l’Etat mais si l’Etat supprime la Sécurité sociale vous serez les premiers à vous plaindre »
« Tous les gens sont différents.
Donc empêcher des gens de dominer les autres c’est la haine de la diversité, donc c’est la tyrannie.
Donc empêcher la tyrannie c’est la tyrannie. »
« L’ultra-liberalisme et l’anarchisme c’est pareil puisque les patrons s’affranchissent des lois ! »
« L’exploitation c’est pas le mode de production capitaliste, c’est vivre dans un camion avec un chien et exploiter nos routes »
« C’est pas les travailleurs et travailleuses qui font marcher le monde, c’est l’industrie pétrochimique »
« Vous êtes complément déconnectés de la réalité. Dans la réalité il y a des costauds qui rackettent les plus faibles vous êtes tellement naïfs »
« Vous dites que la liberté c’est le plus important, mais après tout c’est une croyance comme une autre. D’autres personnes pensent que la liberté ce n’est pas si important, et c’est leur liberté.
Donc dire que la liberté est le plus important est une atteinte à la liberté »
« Si vous êtes tant pour la liberté, pourquoi vous voulez imposer votre point de vue où la liberté pour tous serait le plus important ?
C’est facile de critiquer le système qui n’est pas démocratique, écrivez plutôt un programme avec toutes les solutions et là on verra »
"Le problème n'est pas l'exploitation, mais ses dérives"
"Ce qui me gêne avec les anarchistes, c'est qu'ils sont dans l'opposition. Moi je suis pacifiste, et même si je suis contre la domination je préfère lutter sans l'affronter, car on ne construit pas en opposant mais en rassemblant"
"Une société sur des principes de liberté et égalité n'est pas possible car pour faire société il faut des valeurs communes. Et en plus nous sommes tous différents donc on n'aura jamais de valeurs communes"
Et le traditionnel « vous critiquez le capitalisme mais vous utilisez des objets du capitalisme, où est la cohérence ? »
Mais celui-là tout le monde y a droit haha 😹
On a eu
« Vous voulez foutre en l’air l’Etat, un système qui a mis 12 000 ans à se perfectionner »
Alors que le premier État date de 6500 avant notre ère et que l’hégémonie des États sur la planète ne date que de 1600 soit 0,2% de l’Histoire politique de notre espèce...
« On a besoin d’une hiérarchie et de chefs parce qu’on ne sait pas tout faire tout seul par exemple monter soi-même son installation électrique ou piloter un avion peut être très dangereux »
« La civilisation du coup, on lui pisse dessus ? »
« Vous n’êtes pas objectifs, et ma liberté de ne pas être influencée par vous ? »
« Vous voulez l’égalité donc vous êtes des tyrans, les quotas sont une atteinte à la liberté car la liberté ne s’obtient qu’avec le mérite ! »
Les mêmes :
« Si vous parlez d’anarcho-communisme, alors vous devez parler d’anarcho-capitalisme »
« Je ne défends pas l’esclavage !
Je dis juste que nous naissons esclaves, nous sommes des handicapés, nous n’avons pas les mêmes capacités, et les moins performants ou intelligents devraient avoir la liberté de trouver un maître pour améliorer leur condition. »
😾 vous êtes en train de défendre la tyrannie au nom de la liberté, l’esclavage au nom de la libre association...
« Quoi ! Vous me traitez de tyran et d’esclavagiste ??! Tout ça pour éviter le débats, ne pas remettre en question vos idées ! Quel coup bas c’est scandaleux ! »
« L’anarchie est une utopie. Je pense au contraire qu’on peut sortir du capitalisme grâce à l’État, qui est un outil neutre »
Ah et cet argument moisi que les libéraux chérissent :
« Les salaires augmentent donc le capitalisme sort les gens de la pauvreté »
😹 quelle blague !
L’argument précédent sera vraiment intéressant à démonter dans un épisode sur le travail ! »
« Hmm, je voulais juste poster deux trois trucs sur les gilets jaunes et tout, j'imagine ça sera sans doute des redites de truc déjà postés, je passe plus très souvent ici à part checker les news vite fait. Mais les jours où j'ai pas le cerveau en bouillie je me pose des questions.
Et je sais pas moi ce qui se passe ça me met plein de doute sur la révolution, l'anarchisme, le communisme, pas que je doute du bien fondé de tout ça mais plutôt j'ai l'impression qu'on est dans une impasse sur comment y arriver.
En fait, c'est malheureusement normal que les gilets jaunes ce soit un mouvement globalement raciste, et patriarcal (soit misogyne et lgbtiphobe), parce que c'est un mouvement de masse et que la population est majoritairement blanche et patriarcale. Donc je sais pas comment d'un point de vue à la fois révolutionnaire, anti-autoritaire, anti-patriarcal et antiraciste, on peut arriver à concilier tout ça.
J'ai l'impression qu'il y a plusieurs points de vue face à ces contradictions dans l'extrême gauche classique, qui elle aussi est rongée par le racisme, l'autoritarisme et le patriarcat, bien qu'elle s'en défende. Qq part entre "notre" camp et le camp d'une majorité moins ou peu politisée y a souvent qu'une différence de degrés, pas de nature dans l'oppression. Et encore, quand je dis de "degré", bon on se comprend, desfois même pas tant que ça... Donc de ce que j'ai compris en regardant un peu la TL y a plusieurs positions face à tout ça. Bon y a la position insurectionnelle bebête type Hazan-Lordon-Lundiam and co. Ces gens là se contrefichent des minorités, et je pense même qu'ils se contrefichent de la révolution dans le sens d'un devenir commun sur des bases plus progressistes parce que c'est plus le changement de pouvoir quel qu'il soit qui les intéresse.
C'est pas les élites académiques et insurrectionnelles qui seront les plus touchés par des dérives autoritaristes quelles que soit le bord vers lequel ça penchera, si ce mouvement aboutit à quelque chose. Bon en plus globalement dans cette mouvance, toute blessure ou mort pouvant servir à attiser le feu insurectionnell est limite une bonne chose, y a vraiment des tendances au sein de l'EG qui s'en battent les steaks des vies perdues ou mutilées et franchement ça en dit beaucoup sur le futur qu'ils et elles souhaitent construire...
Je pense quelque part on est tou-tes tombé-es dans le piège insurrectionnel avec le riot porn et les différents mouvements insurrectionnels qui ont précédé et qui ont certainement servi de déclencheur à celui qu'il y a maintenant et peut-être ceux qui viendront. Parce que quelque part on est plus calé-es sur le déroulé d'une manif, les gestes de survie, la résistance face aux flics, que sur tout le reste qui manque cruellement à ce mouvement, mais aussi dans une moindre mesure à nos mouvements, genre la démocratie interne.
Parce que ok, on a des pratiques globalement plus démocratiques que le reste du spectre politique mais c'est pas du tout satisfaisant en vrai. Combien d'abus, de prise de pouvoir, de dynamiques de groupe, raciste, patriarcale, etc. En vrai on pallie aux urgences et on ferme bien sagement les yeux sur tellement de choses. C'est pas étonnant quelque part aussi que le mouvement des gilets jaunes se soit d'abord constitué à l'encontre de toutes formes d'organisation politique, y compris syndicales, y compris d'extrême gauche, y compris libertaires.
Y a certes un rejet qui vient du peu de formation politique mais je pense pas qu'il y ait que ça. Combien de personnes ont pu côtoyer des organisations politiques, autonomes ou syndicales et être dégoutées des pratiques rencontrées derrière les grandes aspirations, derrière la fausse bienveillance, derrière des pratiques démocratiques qui cachent mal la mise en avant de telle ou telle autre personnalité qui a un capital et une aisance sociale plus développée et qui mène à des pratiques autoritaires, de tel groupe affinitaire dont les connivences entrainent des mises à l'écarts racistes, homophobes, misogyne, des silences sur les viols et sur des maltraitances diverses, etc...
Aussi, y a une telle propension dans nos groupes à se tirer dans les pattes et à se croire les meilleur-es face à la *concurrence*, forcément risible, débile, en-dessus de tt, alors qu'on est même pas capables de regarder en face ttes les fautes qu'on commet, ni de s'en excuser.
Comment on peut ne pas être dégouté-es de tout ça quelque part? Je dis pas ça pour que celles et ceux qui en ont encore la force arrêtent de lutter, mais voilà faut ptêt se rendre à la réalité qu'il y a pas de groupes politiques, même anti-autoritaire, antiraciste, antipatriarcal qui puisse vraiment se targuer d'être au dessus de tout, ou de valoir mieux que les gilets jaunes dans leur ensemble. Fin ça me semble plus compliqué que ça. Plus désespérant aussi, sans doute. Donc comment on fait la révolution avec tout ça sur les bras, tous ces passifs?
Y a les groupes qui veulent guider les gilets jaunes vers de meilleures pratiques, mais finalement je trouve ça un peu présompteux quelque part, fin la position des sachant politiques guidant le peuple ignare, c'est gênant quand même.
Le moindre mal sans doute pour le moment c'est pour les minorités de se réapproprier le mouvement et de constituer des fronts anti-autoritaires, antiracistes, antipatriarcal, un peu comme ce qui a été fait avec la convergence du collectif vérité pour Adama et les cheminots?
ça permet d'exister et de faire valoir des revendications sans courir après un mouvement qui en l'état ne peut pas être sur les mêmes bases que notre groupe au sens assez large. Mais je pense pas qu'on puisse faire grand chose de plus face à une majorité qui nous trahira. Elle nous trahira parce qu'on passe notre temps à le faire entre nous de toutes façons. Je pense les autres trucs importants qui ont été fait c'est d'y aller quand même pour celleux qui ont le courage, pour protéger les minorités qui se font agresser pendant le mouvement, je pense c'est super important qu'il yait des gens qui soient là dans ces moments là. Faut y être pour virer l'ED, et aussi pour soigner les blessé-es. Et ptêt convaincre des gens aussi du bien fondé de nos luttes, même si en vrai elles sont dans un sale état et je sais pas vous, mais je trouve c'est ptêt un peu trop tard pour convaincre, ce genre de moments? Donc voilà comment on peut préparer / lancer une révolution qui soit libertaire, antiraciste et antipatriarcale, comment les minorités peuvent remporter la lutte de toutes les classes sans créer de nouvelles élites et de nouvelles bourgeoisies, quand on est pas fichus de le faire exister dans nos groupes et quand de toutes façons les stuctures sociales font qu'on restera toujours minoritaires?? Y avait quelqu'un qui citait Gramsci y a pas longtemps et je trouvais ça super intéressant et frustrant parce que je pense quand il parlait d'hégémonie culturelle des classes dominantes, il remettait pas en cause celle de l'état et celle du pouvoir.
Alors que évidemment pour un anarchiste comme moi le souci, il est là. On est complètement englués dans la course à des tas de formes de pouvoir, sur twitter, au travail, dans les cercles amicaux politiques, qui font que c'est dur de s'organiser sur un pied d'égalité. Et c'est dur de convaincre de renoncer à cela quand on y renonce pas ds nos pratiques.
Après y a la dernière solution, aller se faire sa propre ZAD avec des potes dans un coin de région paumée, en vrai ça peut marcher mais ça fait pas trop avancer la collectivité, à part d'un point de vue expérimental ptêt.
Bon j'ai bavassé n'importe quoi désolé, je suis en boucle là-dessus depuis tout ce temps dtf, j'ai sans doute dit des choses que tout le monde sait déjà mais y a que moi qui bloque parce que je suis bête. Faites attention à vous demain, et prenez soin des gens autour de vous. »
Et je sais pas moi ce qui se passe ça me met plein de doute sur la révolution, l'anarchisme, le communisme, pas que je doute du bien fondé de tout ça mais plutôt j'ai l'impression qu'on est dans une impasse sur comment y arriver.
En fait, c'est malheureusement normal que les gilets jaunes ce soit un mouvement globalement raciste, et patriarcal (soit misogyne et lgbtiphobe), parce que c'est un mouvement de masse et que la population est majoritairement blanche et patriarcale. Donc je sais pas comment d'un point de vue à la fois révolutionnaire, anti-autoritaire, anti-patriarcal et antiraciste, on peut arriver à concilier tout ça.
J'ai l'impression qu'il y a plusieurs points de vue face à ces contradictions dans l'extrême gauche classique, qui elle aussi est rongée par le racisme, l'autoritarisme et le patriarcat, bien qu'elle s'en défende. Qq part entre "notre" camp et le camp d'une majorité moins ou peu politisée y a souvent qu'une différence de degrés, pas de nature dans l'oppression. Et encore, quand je dis de "degré", bon on se comprend, desfois même pas tant que ça... Donc de ce que j'ai compris en regardant un peu la TL y a plusieurs positions face à tout ça. Bon y a la position insurectionnelle bebête type Hazan-Lordon-Lundiam and co. Ces gens là se contrefichent des minorités, et je pense même qu'ils se contrefichent de la révolution dans le sens d'un devenir commun sur des bases plus progressistes parce que c'est plus le changement de pouvoir quel qu'il soit qui les intéresse.
C'est pas les élites académiques et insurrectionnelles qui seront les plus touchés par des dérives autoritaristes quelles que soit le bord vers lequel ça penchera, si ce mouvement aboutit à quelque chose. Bon en plus globalement dans cette mouvance, toute blessure ou mort pouvant servir à attiser le feu insurectionnell est limite une bonne chose, y a vraiment des tendances au sein de l'EG qui s'en battent les steaks des vies perdues ou mutilées et franchement ça en dit beaucoup sur le futur qu'ils et elles souhaitent construire...
Je pense quelque part on est tou-tes tombé-es dans le piège insurrectionnel avec le riot porn et les différents mouvements insurrectionnels qui ont précédé et qui ont certainement servi de déclencheur à celui qu'il y a maintenant et peut-être ceux qui viendront. Parce que quelque part on est plus calé-es sur le déroulé d'une manif, les gestes de survie, la résistance face aux flics, que sur tout le reste qui manque cruellement à ce mouvement, mais aussi dans une moindre mesure à nos mouvements, genre la démocratie interne.
Parce que ok, on a des pratiques globalement plus démocratiques que le reste du spectre politique mais c'est pas du tout satisfaisant en vrai. Combien d'abus, de prise de pouvoir, de dynamiques de groupe, raciste, patriarcale, etc. En vrai on pallie aux urgences et on ferme bien sagement les yeux sur tellement de choses. C'est pas étonnant quelque part aussi que le mouvement des gilets jaunes se soit d'abord constitué à l'encontre de toutes formes d'organisation politique, y compris syndicales, y compris d'extrême gauche, y compris libertaires.
Y a certes un rejet qui vient du peu de formation politique mais je pense pas qu'il y ait que ça. Combien de personnes ont pu côtoyer des organisations politiques, autonomes ou syndicales et être dégoutées des pratiques rencontrées derrière les grandes aspirations, derrière la fausse bienveillance, derrière des pratiques démocratiques qui cachent mal la mise en avant de telle ou telle autre personnalité qui a un capital et une aisance sociale plus développée et qui mène à des pratiques autoritaires, de tel groupe affinitaire dont les connivences entrainent des mises à l'écarts racistes, homophobes, misogyne, des silences sur les viols et sur des maltraitances diverses, etc...
Aussi, y a une telle propension dans nos groupes à se tirer dans les pattes et à se croire les meilleur-es face à la *concurrence*, forcément risible, débile, en-dessus de tt, alors qu'on est même pas capables de regarder en face ttes les fautes qu'on commet, ni de s'en excuser.
Comment on peut ne pas être dégouté-es de tout ça quelque part? Je dis pas ça pour que celles et ceux qui en ont encore la force arrêtent de lutter, mais voilà faut ptêt se rendre à la réalité qu'il y a pas de groupes politiques, même anti-autoritaire, antiraciste, antipatriarcal qui puisse vraiment se targuer d'être au dessus de tout, ou de valoir mieux que les gilets jaunes dans leur ensemble. Fin ça me semble plus compliqué que ça. Plus désespérant aussi, sans doute. Donc comment on fait la révolution avec tout ça sur les bras, tous ces passifs?
Y a les groupes qui veulent guider les gilets jaunes vers de meilleures pratiques, mais finalement je trouve ça un peu présompteux quelque part, fin la position des sachant politiques guidant le peuple ignare, c'est gênant quand même.
Le moindre mal sans doute pour le moment c'est pour les minorités de se réapproprier le mouvement et de constituer des fronts anti-autoritaires, antiracistes, antipatriarcal, un peu comme ce qui a été fait avec la convergence du collectif vérité pour Adama et les cheminots?
ça permet d'exister et de faire valoir des revendications sans courir après un mouvement qui en l'état ne peut pas être sur les mêmes bases que notre groupe au sens assez large. Mais je pense pas qu'on puisse faire grand chose de plus face à une majorité qui nous trahira. Elle nous trahira parce qu'on passe notre temps à le faire entre nous de toutes façons. Je pense les autres trucs importants qui ont été fait c'est d'y aller quand même pour celleux qui ont le courage, pour protéger les minorités qui se font agresser pendant le mouvement, je pense c'est super important qu'il yait des gens qui soient là dans ces moments là. Faut y être pour virer l'ED, et aussi pour soigner les blessé-es. Et ptêt convaincre des gens aussi du bien fondé de nos luttes, même si en vrai elles sont dans un sale état et je sais pas vous, mais je trouve c'est ptêt un peu trop tard pour convaincre, ce genre de moments? Donc voilà comment on peut préparer / lancer une révolution qui soit libertaire, antiraciste et antipatriarcale, comment les minorités peuvent remporter la lutte de toutes les classes sans créer de nouvelles élites et de nouvelles bourgeoisies, quand on est pas fichus de le faire exister dans nos groupes et quand de toutes façons les stuctures sociales font qu'on restera toujours minoritaires?? Y avait quelqu'un qui citait Gramsci y a pas longtemps et je trouvais ça super intéressant et frustrant parce que je pense quand il parlait d'hégémonie culturelle des classes dominantes, il remettait pas en cause celle de l'état et celle du pouvoir.
Alors que évidemment pour un anarchiste comme moi le souci, il est là. On est complètement englués dans la course à des tas de formes de pouvoir, sur twitter, au travail, dans les cercles amicaux politiques, qui font que c'est dur de s'organiser sur un pied d'égalité. Et c'est dur de convaincre de renoncer à cela quand on y renonce pas ds nos pratiques.
Après y a la dernière solution, aller se faire sa propre ZAD avec des potes dans un coin de région paumée, en vrai ça peut marcher mais ça fait pas trop avancer la collectivité, à part d'un point de vue expérimental ptêt.
Bon j'ai bavassé n'importe quoi désolé, je suis en boucle là-dessus depuis tout ce temps dtf, j'ai sans doute dit des choses que tout le monde sait déjà mais y a que moi qui bloque parce que je suis bête. Faites attention à vous demain, et prenez soin des gens autour de vous. »
Un bundle de bouquins de SF sur le même principe que le Humble Bundle (epub, mobi, sans DRM, prix libre). Pas pris, mais je garde de côté pour la liste de bouquins. (via Z)
- The Watch by Dennis Danvers
- Byzantium Endures by Michael Moorcock
- A Country of Ghosts by Margaret Killjoy
- Damnificados by JJ Amaworo Wilson
- Sensation by Nick Mamatas
- The Dream Years by Lisa Goldstein
- Homuncula by John Henri Nolette
- Crypsis by John Henri Nolette
- What Lies Beneath the Clock Tower by Margaret Killjoy
- The Laughter of Cartharge by Michael Moorcock
- Gravity by Michael Kazepis
- The Urban Bizarre by Nick Mamatas
- Dance the Eagle to Sleep by Marge Piercy
- The Watch by Dennis Danvers
- Byzantium Endures by Michael Moorcock
- A Country of Ghosts by Margaret Killjoy
- Damnificados by JJ Amaworo Wilson
- Sensation by Nick Mamatas
- The Dream Years by Lisa Goldstein
- Homuncula by John Henri Nolette
- Crypsis by John Henri Nolette
- What Lies Beneath the Clock Tower by Margaret Killjoy
- The Laughter of Cartharge by Michael Moorcock
- Gravity by Michael Kazepis
- The Urban Bizarre by Nick Mamatas
- Dance the Eagle to Sleep by Marge Piercy
« C'est parti pour le colloque "anarchisme et sciences sociales" ! Petit livetweet ici :) http://ceraps.univ-lille2.fr/fr/actualites/detail-article/archive/2018/march/article/colloque-anarchisme-et-sciences-sociales.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=16&cHash=d70480d3df
Introduction : On est à l'université de Lille Droit et Santé, au laboratoire Ceraps, dont on remercie le soutien et le travail des administratifs. Petit rappel du contexte pour commencer : on est en pleine mobilisation contre les réformes néolibérales de l'université avec un amphi occupé à l'université de Lille 3, au lendemain d'une grande manifestation. L'université, et en particulier les sciences sociales, comme mode de formation critique, sont dans le collimateur du gouvernement. Hasard du calendrier : c'est aussi le procès de Tarnac
L'Etat est en lutte contre les sciences sociales et contre les anarchistes, ce qui fait écho aux 50 ans de mai 68, qui révèle, en France et ailleurs, le danger et la subversion de l'université comme lieu de discussion et de transmission libre des savoirs critiques.
Ce colloque essaie de penser les liens entre anarchisme et sciences sociales, dans un contexte de renouveau d'intérêt intellectuel pour l'anarchisme, avec la naissance des Anarchist Studies etc. (voir notre appel à communications ici : http://calenda.org/418576 )
Session 1. Théorie politique et anarchisme. On commence avec Marion Tillous (géographie, Legs, Paris 8), "Perspectives anarcha-féministes en géographie : l'Etat, la famille, et la chercheuse". Elle travaille sur les controverses autour de la non-mixité dans les transports publics
L'anarcha-féminisme, sur ces questions, interdit de s'en remettre à l'Etat, comme outil de protection ou même enjeu de lutte féministe (les femmes pourraient devenir dominantes dans l'Etat), car l'Etat n'est pas neutre, il est intrinsèquement patriarcal (cf Carole Pateman)
On enchaîne avec Francis Dupuis-Déri (science politique, Iref, Université du Québec à Montréal), "Le Principe désespérance. Propositions pour une philosophie anarchiste de l’Histoire". Il montre que plusieurs philosophies de l'histoire coexistent chez les auteurs anarchistes. La plus pertinente selon lui, celle selon laquelle l'humain est traversé par une antinomie fondamentale entre deux forces antagonistes, la domination et l'autonomie. Cette antinomie (sans résolution dialectique) traverse tous individus et est irréductible à la lutte des classes.
On passe à la discussion, il y a du monde et plein de questions
Après une pause, on reprend. L'occasion de faire un peu de publicité pour La Brique, journal de critique sociale http://labrique.net
Manuel Cervera-Marzal (science politique, Casa de Velazquez, Madrid), "La philosophie politique française refoule-t-elle son héritage anarchiste?" Discussion de Rancière, Abensour, Lefort et Castoriadis, qui ont en commun de s'opposer à l’idée que la politique, c’est l’ordre. Le paradoxe, c'est que ces auteurs, qui ont une conception de la politique comme désordre (démocratie sauvage, insurgente, etc.), prennent leur distance avec l'anarchisme. Abensour, Rancière, par exemple, défendent l'anarchie contre l'anarchisme. Tous ces auteurs pointent l'incapacité des anarchistes à penser la politique, le pouvoir, voire le social. Si l'anarchisme veut l'ordre moins le pouvoir, ces auteurs défendent la démocratie comme le pouvoir (capacité collective) sans l'ordre (commandement et ordonnancement).
On passe à Ali Kébir (philosophie,Caphi, Rennes 1) : "Ce que l'anarchie fait à la philosophie politique". Avec une impossibilité à penser ce que serait une philosophie politique anarchiste, car l'exigence anarchiste est contredite par le geste même de la philosophie politique. En effet, la philosophie politique entend déterminer l’arkhé, le fondement de la vie en communauté., ce que la politique doit être en vérité. C'est ce que dit Rancière : le philosophe ordonnance la polis (c'est la police), la philosophie est intrinsèquement disciplinaire.
Contre ça, il faut penser avec Absensour ("Démocratie sauvage et principe d’anarchie") faire une philosophie politique critique à partir de la déconstruction des fondements de l'arkhé. Mais plutôt que se fonder sur la théorie critique, Kébir propose de s'appuyer sur la généalogie. La généalogie de Foucault ne repose pas sur des fondements normatifs, elle vise à rapporter les arkhai du présent, qui se donnent comme naturels et nécessaires, à leur forme historique d’émergence. Problème : ça peut nous laisser démuni-e-s pour l'action.
Kébir (après Abensour) en appelle alors à l'utopie, qui ne fonctionne pas par prescription, mais par inspiration. L’inspiration utopique ne légifère pas, mais imagine, et montre un monde meilleur, exhibe une virtualité pratique qui avive un désir d’émancipation préexistant.
Dernière intervention de la matinée : Vincent Millou (théorie politique, Cevipof, IEP de Paris), "La question de la non-violence. Des théories de la désobéissance civile aux luttes contemporaines". A partir de Seattle 1999, renouveau d'intérêt pour désobéissance civile. Problème : souvent, les auteurs englobent beaucoup de choses différentes sous le terme désobéissance civile, sans prendre en compte la manière dont les acteurs pensent cette catégorie, et leurs divisions par exemple autour de la distinction violence / non-violence.
La discussion a été vive. On a parlé de non-violence, de Walter Benjamin, du rapport des démocrates radicaux au marxisme, de la pluralité des anarchismes, de l'ana-archie, du pouvoir de / pouvoir sur. Maintenant on va manger. Suspension du livetweet »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977179926184038400
« Reprise du LT commencé dans le tweet cité. Cet après-midi, deux sessions en parallèle, une sur les épistémologies de l’anarchisme, l'autre sur "Anarchisme et approches empiriques du social". Je commence par celle-ci.
On commence par Annalisa Lendaro (sociologie, Certop, Toulouse 2), "Désobéissance et rapports à la légalité dans la vallée de la Roya : réflexions sur/pour une sociologie politique anarchiste", sur l'infra-politique (James Scott) de la désobéissance. Il s'agit d'une enquête sur les gens qui désobéissent pour aider les migrant-e-s dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, qui repose sur un "faire-ensemble" entre enquêtrice et enquêté-e-s - une méthode pour une socio-anthropologie anarchiste
On passe à Costantino Paonessa (histoire, LarHis, Université catholique de Louvain la Neuve), "Classe, race et anarchistes italiens dans l’Egypte du début XX siècle : une analyse intersectionnelle de leur activisme". La question de départ est simple : Pourquoi anarchisme ne s’est pas implantée en Egypte, au tournant du XIXe-XXe, alors que ça a pris ailleurs ? Pour le comprendre, il faut saisir le militantisme des anarchistes en Egypte au prisme de la race. Paonessa décrit les mécanismes racisants des anarchistes vis-à-vis des travailleurs locaux. Ca passe par des représentations négatives infériorisantes des indigènes par les anarchistes, et par des processus de différenciation ou de concurrence concrets à base raciale.
Intervention suivante : Manon Him-Aquilli (sociolinguistique, Cerlis, Paris Descartes), "Que pourrait bien être une sociolinguistique anarchiste ?" Elle s'intéresse à la contradiction entre horizontalité et rapports de pouvoir dans discussions en assemblée générale. Elle fait un retour sur expérience : la difficulté à travailler sur les militant-e-s, du fait de leur stratégie discursive anti-intellectualiste, selon laquelle seul-e-s les militant-e-s peuvent comprendre l'expérience du militantisme et donc en parler. A l'inverse, une sociologue travaillant sur les militant-e-s étaient vue comme une dominante, commettant une faute morale de "faire carrière" sur le dos des militant-e-s. Pourtant, beaucoup de ces militant-e-s autonomes étaient étudiant-e-s ou doctorant-e-s, souvent d'IEP ou ENS. Mais ils travaillaient plutôt sur l'ennemi (patriarcat, prison...) Leur anti-intellectualisme n’était pas lié à l’idée que seuls les acteurs peuvent parler de leur expérience, mais plutôt à des relations de savoir-pouvoir : le milieu militant n'est pas hors pouvoir.
L'engagement ethnographique amène M Him-Aquilli à "virer indigène", passage entier au milieu militant. Elle observe donc en elle des formes de socialisation contradictoires, un processus qu'elle vit d'abord sous l'angle du langage.
La discussion est engagée par Anne Clerval sur les rapports entre ces actions militantes et le mouvement anarchiste ; sur la nécessité ou pas de s'engager pour rendre une recherche légitime ; sur l'intérêt de ces approches pour analyser les pratiques des anarchistes.
Pendant ce temps, l'autre atelier parlait épistémologies de l'anarchisme, avec une intervention d'Erwan Sommerer (science politique, GES/CRHI, Nice), "Dispersion de la vérité, constructivisme et scepticisme moral : la sociologie de la connaissance mène-t-elle à l’anarchisme ?". Il interroge la relation entre anarchisme et sociologie de la connaissance, à partir des travaux de K Mannheim, mais aussi de Schütz, Berger et Luckmann. Leur constructivisme montre comment les crises mettent au jour la malléabilité du monde social. Selon lui, l’anarchisme pourrait trouver dans le constructivisme matière à justifier sa réticence envers les systèmes socio-politiques figés et l’essentialisme identitaire.
Autre intervention, Pierre-André Jarrillot (anthropologie, Paris 8) « L’Éversion, un paradigme pour une science anarchiste ». Il oppose le paradigme de l’évolutionnisme au paradigme éversionniste, qui est une dialectique révolutionniste.
Le 3è, Guillaume de Gracia (anthropologie, Toulouse), n'a pas pu venir parler de "La gonzo anthropologie ou comment tenter de produire une science sociale anarchiste tout en s’extrayant de l’Etat comme objet d’étude pour mieux participer à sa destruction" Mais ça avait l'air bien
Audric Vitiello a ensuite animé la discussion mais je n'ai pas pu y assister, heureusement tout est filmé, vous aurez donc peut-être un jour accès à mieux qu'un live-tweet :) »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977477743016316933
« Reprise du colloque "anarchisme et sciences sociales", mais on a déserté la salle prévue pour rejoindre l'amphi occupé E.3.04 à l'Université de Lille droit et santé, à l'invitation des étudiant-e-s et personnels occupants, que l'on remercie de leur accueil
On commence avec Vivien Garcia (philosophie, Laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages, Grenoble) sur "Le postanarchisme aujourd’hui". La question est de rendre compte d'une importation des idées postmodernes par les anarchistes. La rencontre se fait d'abord aux Etats Unis. L'anarchisme apparaît plus adapté que le marxisme pour rendre compte des mouvements post 68, mais l'anarchisme dit classique ne convient pas car il tombe dans le piège de la modernité, étant seulement une radicalisation du libéralisme. D'un point de vue pratique, multiples développements postanarchistes, qui donnent lieu à des discussions, notamment entre insurrectionnalistes. Depuis 2010, nouveaux développements, autour d'Anarchisr Developments in Cultural Studies notamment. Idée qu'en fait anarchisme et post anarchisme ne sont pas si différents. Colloque the anarchist turn à la New school à New York, pour tournant anarchiste en philo et en sciences sociales. Aujourd'hui le postanarchisme s'intéresse plutôt au réalisme spéculatif. Conclusion : pas sûr que le postanarchisme serve à quelque chose scientifiquement et politiquement.
On passe à Irène Pereira (philosophie, Iresmo, ESPE Créteil), "Sciences sociales et anarchisme : à l’épreuve des pratiques anti-oppression". Lien entre théorie et mouvements sociaux, comment les sciences sociales sont bousculées par des mouvements. Comment les sciences sociales viennent bousculer l'anarchisme ? En particulier l'anti-oppression, courant apparaissant dans années 90 : ensemble de pratiques s'appuyant sur sciences sociales et idées militantes pour rendre le mouvement social plus inclusif. L'arrivée de ces réflexions chez les anarchiste passe d'abord par le féminisme radical, par la mouvance queer radicale, par le mouvement anarchiste people of color et le mouvement décolonial. Articuler anticapitalisme et luttes anti oppression. L'anarchisme pensait souvent qu'il suffisait de rendre l'organisation horizontale pour éliminer les problèmes de pouvoir. Mais des travaux notamment féministes montrent que ça n'est pas vrai, et l'horizontalité est récupérée par le néolibéralisme. D'où intérêt pour antioppression. Ces pratiques sont importées par des militant-e-s qui ont découvert féminisme radical, black feminism, intersectionnalité, notion de privilège social, théorie queer et sociologie du genre, pensée décoloniale (issue de monde latino américain, groupe colonialite et modernité). Malentendus entre ces théories universitaires et les mouvements sociaux, notamment anarchiste. Cf les anti racialistes. Malentendus sur constructivisme social et postmodernisme. Enfin controverses entre anarchistes sur les rapports entre athéisme et islamophobie
Ces pratiques anti oppression remettent en cause les relations de pouvoir interpersonnelles, et viennent objectiver la position sociale des militants (beaucoup d'hommes blancs classe moyenne), difficulté quand on est un mouvement de défense des dominés
Discussion sur la pensée décoloniale, le réalisme spéculatif, les lignes de privilège, le féminisme matérialiste québécois, ce colloque à la New school of social research. On décide de rester pour la 2e session. Les occupant-e-s commencent peut-être à regretter leur invitation 😂
On reprend avec Caroline Fayolle (histoire, Lirdef, Montpellier), "Une lecture anarchiste de la Révolution française. L’apport historiographique de Daniel Guérin". L'urgence politique du présent est au fondement de la lecture de l'histoire de Guérin, figure marxiste-libertaire
Petit point sur la biographie militante de ouf de Guérin. Révolution française au centre de sa réflexion. Publie beaucoup sur le sujet, notamment son chef d'oeuvre Bourgeois et bras nus, récemment réédité par @LibertaliaLivre avec présentation de Claude Guillon @LignesDeForce
Pour Guérin, la Révolution n'est pas un bloc, et il y a un germe socialiste libertaire dans la Révolution. Il propose une lecture de l'histoire s'inscrivant dans la théorie anar (Proudhon, Kropotkine) plutôt que l'école dominante de l'époque, l'école jacobine (Lefebvre, Soboul). Il essaie de dédoubler la Révolution, il y montre une conflictualité structurelle, de classe, avec la bourgeoisie qui s'empare de l'appareil d'Etat, et le proto-prolétariat dans le sans-culottisme (idée très critiquée par Soboul, comme sa vision de Robespierre). Cette opposition de classe est aussi une opposition entre deux conceptions de la démocratie: gouvernement représentatif contre démocratie directe (portée notamment par Commune de Paris). Pour lui, affrontement de 2 avant-gardes (Terreur contre embryon de dictature du prolétariat).
Projet de "déjacobinisation de la Révolution", passe par lecture de Proudhon (Idée générale de la Révolution), pour qui la Révolution aurait dû amener à une République du travail, mais a failli du fait du "préjugé gouvernemental" et méfiance du prolétariat des révolutionnaires
Il lit aussi Kropotkine (La Grande Révolution), qui reprend critique du "préjugé gouvernemental", cette fois-ci des historiens, qui dénaturent la Révolution en mettant au centre parlementaires. Pour lui deux courants dans la Révolution, celui des jacobins et celui des anarchistes
Spécificité de Guérin: se nourrit de penseurs ayant un rapport politique et non savant au passé. Et lui aussi pense avec le présent, veut réactiver un passé vivant (cf travaux sur référence au passé, contre l'usage au passé : le passé toujours inachevé cf Benjamin ou Castoriadis)
On passe à Philippe Corcuff (science politique, Cerlis, IEP de Lyon), "Mettre en tension Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu : ressources sociologiques pour une actualisation de la pensée libertaire". Il va faire un papier sur dialogue entre théorie sociologique et philosophie.
Mise en tension de deux auteurs, Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu, dans la perspective des antinomies proudhoniennes. Bourdieu ne fait pas référence à Tarde, et les deux ne sont pas anarchistes, même si Bourdieu, dans ses engagements, à pu avoir des éléments libertaires
Dans anarchisme, mise en tension individualités / cadres sociaux. On peut trouver des ressources chez Tarde, rôle de l'imitation, lecture interactionniste des relations sociales. Chez Bourdieu, les habitus et les champs s'inscrivent dans relations, mais structurales.
Comment penser l'émancipation autonome quand on critique le règne de l'opinion (comme Bourdieu le fait, comme Platon, ce qui amène Rancière à les renvoyer deux à deux) ? Il y a des ressources chez Tarde, concept de conversation : la presse anime le programme des conversations.
On passe à la discussion. sur la conception marxiste de l'histoire, les hérésies médiévales, la transduction d'Henri Lefebvre, les Enragés, de la dialectique, de la neutralité axiologique, de Proudhon, des jeux de langage, du programme de Gotha. Allez, pause déj, à plus
On reprend en ateliers séparés, pendant que l'AG se prépare en amphi E.3.04. Une session "Des sciences sociales anarchistes" animée par Isabelle Bruno (Ceraps, Lille), l'autre sur "L’anarchisme, une pensée du social, animée par Edouard Leport (Cresppa-CSU, Paris 8).
On commence la 1ère session avec un intervention de Jean-Charles Buttier @jcbuttier (science de l’éducation, Édhice, Genève), "Pour une histoire politique de l’éducation : l’apport de la pédagogie libertaire à la mise en place de l’école républicaine (1878-1914)"
James Guillaume a enseigné, il s'engage dans la fédération jurasienne, il doit quitter la Suisse, appelé en France par Ferdinand Buisson pour participer au Le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire. C'est un anti-autoritaire chez les républicains, important pour sa participation au dictionnaire, bible des instituteurs, et à la Revue pédagogique. Son importance dans l'histoire pédagogique vient de ses Idées sur l'organisation sociale, où il repense le rôle de l'instituteur. Quelle importance pour la didactique ? Intérêt d'historiciser les supports, replacer la didactique dans le contexte des débats politiques et pédagogiques. Guillaume ayant eu un rôle de passeur, par delà frontière pédagogie/politique, il est intéressant pour cette historicisation
On passe à Charles MacDonald (ethnologie, ADES, Aix-Marseille), "Ethnologie et Anarchisme. Les systèmes anarchogrégaires". Il est venu à l'anachisme par l'anthropologie. Quel rapport entre anthropologie et anarchisme ?
Paradoxe : les ethnologues ont observé pendant un siècle et demi des populations anarchiques mais n'ont généralement pas utilisé les idées anarchistes. Pourquoi ? Ethnocentrisme, hégémonie du marxisme, difficulté à penser une société sans chefs (+ dur que sans propriété privée)
Il y a des exceptions : Clastres, Diamond, Morris. Mais généralement pas de réflexion sur les sociétés anarcho-grégaires, ou collectifs d'agrégation faible, définis par 3 traits : pas de chef, identités collectives non linéaires, force de cohésion.
Comment marchent ces collectifs ? Par la coopération volontaire entre individus autonomes, ce qui requiert le mutualisme, une synthèse plus importante que la réciprocité de Lévi-Stauss. Dans ces sociétés, règne des liens faibles, définis non par l'intensité des liens émotionnels, mais par sa faible durée et sa non validation par une autorité tierce. Ces liens étant temporaires, il faut les renforcer et les réparer (fission / fusion des bandes)
Quelles conditions de félicité de la vie collective de ces sociétés ? Dispositifs de signes et symboles mettant en scène la non hostilité. et surtout partage / réciprocité. Cf Mauss sur le don, obligation de donner, recevoir, rendre, moteur de l'organisation sociale.
Très important modèle, mais a rendu invisible celui du partage, ethos fondamental des collectifs anarcho-grégaires. C'est encore le noyau de notre moralité. Bim.
On finit l'atelier avec Philippe Pelletier (géographie, EVS, Lyon 2), "Géographie anarchiste, non — Géographes anarchistes, oui — Du danger du scientisme en politique". Pelletier fait partie du réseau des géographes libertaires. Mais pas d'accord avec l'idée d'une géographie anar. La géographie, à la fois science sociale et science naturelle. Importance historique de l'apparition du darwinisme social, qui nous renseigne sur les risques du scientisme en géographie (cf F Raztel, fondateur de géographie humaine, théoricien du Lebensraum, espace vital). Mais on sait moins qu'un autre aspect de géo a été instrumentalisé par développement urbain : le modèle du nazi Christaller des places centrales. Aux Etats Unis, on trouve des choses fortes chez E C Semple, vision déterministe de la géographie.
Ellworth Huntington fait le lien entre race et climat, théorie racialiste, président de la Société écologique américaine, de societe de géographes, d'eugenistes. N'oublions pas que premier modèles eugénistes sont aux Etats Unis (cf André Pichot sur l'eugénisme)
Les géographes anarchisteq fonctionnent en réseau, avec militants. cf Elisée Reclus, trois règles à la géographie sociale : lutte des classes, recherche de l'équilibre, décision souveraine de l'individu. Mésologie, science des milieux, l'homme est un milieu pour l'homme.
XiXe siècle, batailles académiques après Darwin pour recombinaison des disciplines. Parmi propositions, mésologie (Bertillon) et écologie (Haeckel), interactions des organismes entre eux et avec l'extérieur, angle très biologique (éco systèmes). Cette dernière a du succès.
Haeckel est un anti-socialiste, anti-égalitaire, darwinisme social radical, pas de libre arbitre, membre de Société pour l'Hygiene de la Race, de la Société de Thulé. Vacher le traduit et dans préface demande d'adopter comme devise "Déterminisme, inégalité, sélection"
Victoire de l'écologie, cf déclaration Barrows, la géographie est l'écologie humaine, géographie au service de l'aménagement du territoire. Cf sociologues de l'École de Chicago, spatialisation et modélisation de la ville. Occultation de tout ça dans les histoires de l'écologie
Après 1945, écologie académique gagne son rang d'idée dominante avec le catastrophisme de Vogt et Osborn. En France B de Jouvenel, ancien du PPF de Doriot puis fondateur de la néolibérale société du Mont-Pèlerin, fonde écologie politique, prologue de capitalisme vert planifié
Tournant du Rapport Meadows, à lire, prédictions fausses. Choc. Début du scientisme écologiste. Dangereux de mettre adjectif anarchiste à un science, même écologie ou géographie.
Pendant ce temps, session "L’anarchisme, une pensée du social", animée par Edouard Leport (sociologie, Cresppa-CSU, Paris 8). Avec Paula Cossart (sociologie, Ceries, Lille), "Se référer à l’histoire pour faire du municipalisme libertaire une ‘utopie réelle’ "
Clémence Nasr (théorie politique, Centre de théorie politique, Université libre de Bruxelles), "Du lieu à la pensée du corps social. Réinvestissement sociologique de la commune anarchiste"
Jean Bérard (histoire, ISP, ENS Saclay), « Peut-on briser le bâton de la justice ? L’anarchisme à l’épreuve de la justice pénale ». Je peux pas LT, j'ai hâte de regarder les vidéos et de lire les papiers. Bon bah du coup dernière discussion avant fin du colloque et AG de lutte
Fin du colloque "anarchisme et sciences sociales" et suspension de l'occupation de l'amphi (aucun lien hein). Merci à tou-te-s les participant-e-s, au personnel administratif, au public et aux éditions libertalia, aux Âmes d'Atala, au CCL pour la table de presse / infokiosk !
Introduction : On est à l'université de Lille Droit et Santé, au laboratoire Ceraps, dont on remercie le soutien et le travail des administratifs. Petit rappel du contexte pour commencer : on est en pleine mobilisation contre les réformes néolibérales de l'université avec un amphi occupé à l'université de Lille 3, au lendemain d'une grande manifestation. L'université, et en particulier les sciences sociales, comme mode de formation critique, sont dans le collimateur du gouvernement. Hasard du calendrier : c'est aussi le procès de Tarnac
L'Etat est en lutte contre les sciences sociales et contre les anarchistes, ce qui fait écho aux 50 ans de mai 68, qui révèle, en France et ailleurs, le danger et la subversion de l'université comme lieu de discussion et de transmission libre des savoirs critiques.
Ce colloque essaie de penser les liens entre anarchisme et sciences sociales, dans un contexte de renouveau d'intérêt intellectuel pour l'anarchisme, avec la naissance des Anarchist Studies etc. (voir notre appel à communications ici : http://calenda.org/418576 )
Session 1. Théorie politique et anarchisme. On commence avec Marion Tillous (géographie, Legs, Paris 8), "Perspectives anarcha-féministes en géographie : l'Etat, la famille, et la chercheuse". Elle travaille sur les controverses autour de la non-mixité dans les transports publics
L'anarcha-féminisme, sur ces questions, interdit de s'en remettre à l'Etat, comme outil de protection ou même enjeu de lutte féministe (les femmes pourraient devenir dominantes dans l'Etat), car l'Etat n'est pas neutre, il est intrinsèquement patriarcal (cf Carole Pateman)
On enchaîne avec Francis Dupuis-Déri (science politique, Iref, Université du Québec à Montréal), "Le Principe désespérance. Propositions pour une philosophie anarchiste de l’Histoire". Il montre que plusieurs philosophies de l'histoire coexistent chez les auteurs anarchistes. La plus pertinente selon lui, celle selon laquelle l'humain est traversé par une antinomie fondamentale entre deux forces antagonistes, la domination et l'autonomie. Cette antinomie (sans résolution dialectique) traverse tous individus et est irréductible à la lutte des classes.
On passe à la discussion, il y a du monde et plein de questions
Après une pause, on reprend. L'occasion de faire un peu de publicité pour La Brique, journal de critique sociale http://labrique.net
Manuel Cervera-Marzal (science politique, Casa de Velazquez, Madrid), "La philosophie politique française refoule-t-elle son héritage anarchiste?" Discussion de Rancière, Abensour, Lefort et Castoriadis, qui ont en commun de s'opposer à l’idée que la politique, c’est l’ordre. Le paradoxe, c'est que ces auteurs, qui ont une conception de la politique comme désordre (démocratie sauvage, insurgente, etc.), prennent leur distance avec l'anarchisme. Abensour, Rancière, par exemple, défendent l'anarchie contre l'anarchisme. Tous ces auteurs pointent l'incapacité des anarchistes à penser la politique, le pouvoir, voire le social. Si l'anarchisme veut l'ordre moins le pouvoir, ces auteurs défendent la démocratie comme le pouvoir (capacité collective) sans l'ordre (commandement et ordonnancement).
On passe à Ali Kébir (philosophie,Caphi, Rennes 1) : "Ce que l'anarchie fait à la philosophie politique". Avec une impossibilité à penser ce que serait une philosophie politique anarchiste, car l'exigence anarchiste est contredite par le geste même de la philosophie politique. En effet, la philosophie politique entend déterminer l’arkhé, le fondement de la vie en communauté., ce que la politique doit être en vérité. C'est ce que dit Rancière : le philosophe ordonnance la polis (c'est la police), la philosophie est intrinsèquement disciplinaire.
Contre ça, il faut penser avec Absensour ("Démocratie sauvage et principe d’anarchie") faire une philosophie politique critique à partir de la déconstruction des fondements de l'arkhé. Mais plutôt que se fonder sur la théorie critique, Kébir propose de s'appuyer sur la généalogie. La généalogie de Foucault ne repose pas sur des fondements normatifs, elle vise à rapporter les arkhai du présent, qui se donnent comme naturels et nécessaires, à leur forme historique d’émergence. Problème : ça peut nous laisser démuni-e-s pour l'action.
Kébir (après Abensour) en appelle alors à l'utopie, qui ne fonctionne pas par prescription, mais par inspiration. L’inspiration utopique ne légifère pas, mais imagine, et montre un monde meilleur, exhibe une virtualité pratique qui avive un désir d’émancipation préexistant.
Dernière intervention de la matinée : Vincent Millou (théorie politique, Cevipof, IEP de Paris), "La question de la non-violence. Des théories de la désobéissance civile aux luttes contemporaines". A partir de Seattle 1999, renouveau d'intérêt pour désobéissance civile. Problème : souvent, les auteurs englobent beaucoup de choses différentes sous le terme désobéissance civile, sans prendre en compte la manière dont les acteurs pensent cette catégorie, et leurs divisions par exemple autour de la distinction violence / non-violence.
La discussion a été vive. On a parlé de non-violence, de Walter Benjamin, du rapport des démocrates radicaux au marxisme, de la pluralité des anarchismes, de l'ana-archie, du pouvoir de / pouvoir sur. Maintenant on va manger. Suspension du livetweet »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977179926184038400
« Reprise du LT commencé dans le tweet cité. Cet après-midi, deux sessions en parallèle, une sur les épistémologies de l’anarchisme, l'autre sur "Anarchisme et approches empiriques du social". Je commence par celle-ci.
On commence par Annalisa Lendaro (sociologie, Certop, Toulouse 2), "Désobéissance et rapports à la légalité dans la vallée de la Roya : réflexions sur/pour une sociologie politique anarchiste", sur l'infra-politique (James Scott) de la désobéissance. Il s'agit d'une enquête sur les gens qui désobéissent pour aider les migrant-e-s dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, qui repose sur un "faire-ensemble" entre enquêtrice et enquêté-e-s - une méthode pour une socio-anthropologie anarchiste
On passe à Costantino Paonessa (histoire, LarHis, Université catholique de Louvain la Neuve), "Classe, race et anarchistes italiens dans l’Egypte du début XX siècle : une analyse intersectionnelle de leur activisme". La question de départ est simple : Pourquoi anarchisme ne s’est pas implantée en Egypte, au tournant du XIXe-XXe, alors que ça a pris ailleurs ? Pour le comprendre, il faut saisir le militantisme des anarchistes en Egypte au prisme de la race. Paonessa décrit les mécanismes racisants des anarchistes vis-à-vis des travailleurs locaux. Ca passe par des représentations négatives infériorisantes des indigènes par les anarchistes, et par des processus de différenciation ou de concurrence concrets à base raciale.
Intervention suivante : Manon Him-Aquilli (sociolinguistique, Cerlis, Paris Descartes), "Que pourrait bien être une sociolinguistique anarchiste ?" Elle s'intéresse à la contradiction entre horizontalité et rapports de pouvoir dans discussions en assemblée générale. Elle fait un retour sur expérience : la difficulté à travailler sur les militant-e-s, du fait de leur stratégie discursive anti-intellectualiste, selon laquelle seul-e-s les militant-e-s peuvent comprendre l'expérience du militantisme et donc en parler. A l'inverse, une sociologue travaillant sur les militant-e-s étaient vue comme une dominante, commettant une faute morale de "faire carrière" sur le dos des militant-e-s. Pourtant, beaucoup de ces militant-e-s autonomes étaient étudiant-e-s ou doctorant-e-s, souvent d'IEP ou ENS. Mais ils travaillaient plutôt sur l'ennemi (patriarcat, prison...) Leur anti-intellectualisme n’était pas lié à l’idée que seuls les acteurs peuvent parler de leur expérience, mais plutôt à des relations de savoir-pouvoir : le milieu militant n'est pas hors pouvoir.
L'engagement ethnographique amène M Him-Aquilli à "virer indigène", passage entier au milieu militant. Elle observe donc en elle des formes de socialisation contradictoires, un processus qu'elle vit d'abord sous l'angle du langage.
La discussion est engagée par Anne Clerval sur les rapports entre ces actions militantes et le mouvement anarchiste ; sur la nécessité ou pas de s'engager pour rendre une recherche légitime ; sur l'intérêt de ces approches pour analyser les pratiques des anarchistes.
Pendant ce temps, l'autre atelier parlait épistémologies de l'anarchisme, avec une intervention d'Erwan Sommerer (science politique, GES/CRHI, Nice), "Dispersion de la vérité, constructivisme et scepticisme moral : la sociologie de la connaissance mène-t-elle à l’anarchisme ?". Il interroge la relation entre anarchisme et sociologie de la connaissance, à partir des travaux de K Mannheim, mais aussi de Schütz, Berger et Luckmann. Leur constructivisme montre comment les crises mettent au jour la malléabilité du monde social. Selon lui, l’anarchisme pourrait trouver dans le constructivisme matière à justifier sa réticence envers les systèmes socio-politiques figés et l’essentialisme identitaire.
Autre intervention, Pierre-André Jarrillot (anthropologie, Paris 8) « L’Éversion, un paradigme pour une science anarchiste ». Il oppose le paradigme de l’évolutionnisme au paradigme éversionniste, qui est une dialectique révolutionniste.
Le 3è, Guillaume de Gracia (anthropologie, Toulouse), n'a pas pu venir parler de "La gonzo anthropologie ou comment tenter de produire une science sociale anarchiste tout en s’extrayant de l’Etat comme objet d’étude pour mieux participer à sa destruction" Mais ça avait l'air bien
Audric Vitiello a ensuite animé la discussion mais je n'ai pas pu y assister, heureusement tout est filmé, vous aurez donc peut-être un jour accès à mieux qu'un live-tweet :) »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977477743016316933
« Reprise du colloque "anarchisme et sciences sociales", mais on a déserté la salle prévue pour rejoindre l'amphi occupé E.3.04 à l'Université de Lille droit et santé, à l'invitation des étudiant-e-s et personnels occupants, que l'on remercie de leur accueil
On commence avec Vivien Garcia (philosophie, Laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages, Grenoble) sur "Le postanarchisme aujourd’hui". La question est de rendre compte d'une importation des idées postmodernes par les anarchistes. La rencontre se fait d'abord aux Etats Unis. L'anarchisme apparaît plus adapté que le marxisme pour rendre compte des mouvements post 68, mais l'anarchisme dit classique ne convient pas car il tombe dans le piège de la modernité, étant seulement une radicalisation du libéralisme. D'un point de vue pratique, multiples développements postanarchistes, qui donnent lieu à des discussions, notamment entre insurrectionnalistes. Depuis 2010, nouveaux développements, autour d'Anarchisr Developments in Cultural Studies notamment. Idée qu'en fait anarchisme et post anarchisme ne sont pas si différents. Colloque the anarchist turn à la New school à New York, pour tournant anarchiste en philo et en sciences sociales. Aujourd'hui le postanarchisme s'intéresse plutôt au réalisme spéculatif. Conclusion : pas sûr que le postanarchisme serve à quelque chose scientifiquement et politiquement.
On passe à Irène Pereira (philosophie, Iresmo, ESPE Créteil), "Sciences sociales et anarchisme : à l’épreuve des pratiques anti-oppression". Lien entre théorie et mouvements sociaux, comment les sciences sociales sont bousculées par des mouvements. Comment les sciences sociales viennent bousculer l'anarchisme ? En particulier l'anti-oppression, courant apparaissant dans années 90 : ensemble de pratiques s'appuyant sur sciences sociales et idées militantes pour rendre le mouvement social plus inclusif. L'arrivée de ces réflexions chez les anarchiste passe d'abord par le féminisme radical, par la mouvance queer radicale, par le mouvement anarchiste people of color et le mouvement décolonial. Articuler anticapitalisme et luttes anti oppression. L'anarchisme pensait souvent qu'il suffisait de rendre l'organisation horizontale pour éliminer les problèmes de pouvoir. Mais des travaux notamment féministes montrent que ça n'est pas vrai, et l'horizontalité est récupérée par le néolibéralisme. D'où intérêt pour antioppression. Ces pratiques sont importées par des militant-e-s qui ont découvert féminisme radical, black feminism, intersectionnalité, notion de privilège social, théorie queer et sociologie du genre, pensée décoloniale (issue de monde latino américain, groupe colonialite et modernité). Malentendus entre ces théories universitaires et les mouvements sociaux, notamment anarchiste. Cf les anti racialistes. Malentendus sur constructivisme social et postmodernisme. Enfin controverses entre anarchistes sur les rapports entre athéisme et islamophobie
Ces pratiques anti oppression remettent en cause les relations de pouvoir interpersonnelles, et viennent objectiver la position sociale des militants (beaucoup d'hommes blancs classe moyenne), difficulté quand on est un mouvement de défense des dominés
Discussion sur la pensée décoloniale, le réalisme spéculatif, les lignes de privilège, le féminisme matérialiste québécois, ce colloque à la New school of social research. On décide de rester pour la 2e session. Les occupant-e-s commencent peut-être à regretter leur invitation 😂
On reprend avec Caroline Fayolle (histoire, Lirdef, Montpellier), "Une lecture anarchiste de la Révolution française. L’apport historiographique de Daniel Guérin". L'urgence politique du présent est au fondement de la lecture de l'histoire de Guérin, figure marxiste-libertaire
Petit point sur la biographie militante de ouf de Guérin. Révolution française au centre de sa réflexion. Publie beaucoup sur le sujet, notamment son chef d'oeuvre Bourgeois et bras nus, récemment réédité par @LibertaliaLivre avec présentation de Claude Guillon @LignesDeForce
Pour Guérin, la Révolution n'est pas un bloc, et il y a un germe socialiste libertaire dans la Révolution. Il propose une lecture de l'histoire s'inscrivant dans la théorie anar (Proudhon, Kropotkine) plutôt que l'école dominante de l'époque, l'école jacobine (Lefebvre, Soboul). Il essaie de dédoubler la Révolution, il y montre une conflictualité structurelle, de classe, avec la bourgeoisie qui s'empare de l'appareil d'Etat, et le proto-prolétariat dans le sans-culottisme (idée très critiquée par Soboul, comme sa vision de Robespierre). Cette opposition de classe est aussi une opposition entre deux conceptions de la démocratie: gouvernement représentatif contre démocratie directe (portée notamment par Commune de Paris). Pour lui, affrontement de 2 avant-gardes (Terreur contre embryon de dictature du prolétariat).
Projet de "déjacobinisation de la Révolution", passe par lecture de Proudhon (Idée générale de la Révolution), pour qui la Révolution aurait dû amener à une République du travail, mais a failli du fait du "préjugé gouvernemental" et méfiance du prolétariat des révolutionnaires
Il lit aussi Kropotkine (La Grande Révolution), qui reprend critique du "préjugé gouvernemental", cette fois-ci des historiens, qui dénaturent la Révolution en mettant au centre parlementaires. Pour lui deux courants dans la Révolution, celui des jacobins et celui des anarchistes
Spécificité de Guérin: se nourrit de penseurs ayant un rapport politique et non savant au passé. Et lui aussi pense avec le présent, veut réactiver un passé vivant (cf travaux sur référence au passé, contre l'usage au passé : le passé toujours inachevé cf Benjamin ou Castoriadis)
On passe à Philippe Corcuff (science politique, Cerlis, IEP de Lyon), "Mettre en tension Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu : ressources sociologiques pour une actualisation de la pensée libertaire". Il va faire un papier sur dialogue entre théorie sociologique et philosophie.
Mise en tension de deux auteurs, Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu, dans la perspective des antinomies proudhoniennes. Bourdieu ne fait pas référence à Tarde, et les deux ne sont pas anarchistes, même si Bourdieu, dans ses engagements, à pu avoir des éléments libertaires
Dans anarchisme, mise en tension individualités / cadres sociaux. On peut trouver des ressources chez Tarde, rôle de l'imitation, lecture interactionniste des relations sociales. Chez Bourdieu, les habitus et les champs s'inscrivent dans relations, mais structurales.
Comment penser l'émancipation autonome quand on critique le règne de l'opinion (comme Bourdieu le fait, comme Platon, ce qui amène Rancière à les renvoyer deux à deux) ? Il y a des ressources chez Tarde, concept de conversation : la presse anime le programme des conversations.
On passe à la discussion. sur la conception marxiste de l'histoire, les hérésies médiévales, la transduction d'Henri Lefebvre, les Enragés, de la dialectique, de la neutralité axiologique, de Proudhon, des jeux de langage, du programme de Gotha. Allez, pause déj, à plus
On reprend en ateliers séparés, pendant que l'AG se prépare en amphi E.3.04. Une session "Des sciences sociales anarchistes" animée par Isabelle Bruno (Ceraps, Lille), l'autre sur "L’anarchisme, une pensée du social, animée par Edouard Leport (Cresppa-CSU, Paris 8).
On commence la 1ère session avec un intervention de Jean-Charles Buttier @jcbuttier (science de l’éducation, Édhice, Genève), "Pour une histoire politique de l’éducation : l’apport de la pédagogie libertaire à la mise en place de l’école républicaine (1878-1914)"
James Guillaume a enseigné, il s'engage dans la fédération jurasienne, il doit quitter la Suisse, appelé en France par Ferdinand Buisson pour participer au Le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire. C'est un anti-autoritaire chez les républicains, important pour sa participation au dictionnaire, bible des instituteurs, et à la Revue pédagogique. Son importance dans l'histoire pédagogique vient de ses Idées sur l'organisation sociale, où il repense le rôle de l'instituteur. Quelle importance pour la didactique ? Intérêt d'historiciser les supports, replacer la didactique dans le contexte des débats politiques et pédagogiques. Guillaume ayant eu un rôle de passeur, par delà frontière pédagogie/politique, il est intéressant pour cette historicisation
On passe à Charles MacDonald (ethnologie, ADES, Aix-Marseille), "Ethnologie et Anarchisme. Les systèmes anarchogrégaires". Il est venu à l'anachisme par l'anthropologie. Quel rapport entre anthropologie et anarchisme ?
Paradoxe : les ethnologues ont observé pendant un siècle et demi des populations anarchiques mais n'ont généralement pas utilisé les idées anarchistes. Pourquoi ? Ethnocentrisme, hégémonie du marxisme, difficulté à penser une société sans chefs (+ dur que sans propriété privée)
Il y a des exceptions : Clastres, Diamond, Morris. Mais généralement pas de réflexion sur les sociétés anarcho-grégaires, ou collectifs d'agrégation faible, définis par 3 traits : pas de chef, identités collectives non linéaires, force de cohésion.
Comment marchent ces collectifs ? Par la coopération volontaire entre individus autonomes, ce qui requiert le mutualisme, une synthèse plus importante que la réciprocité de Lévi-Stauss. Dans ces sociétés, règne des liens faibles, définis non par l'intensité des liens émotionnels, mais par sa faible durée et sa non validation par une autorité tierce. Ces liens étant temporaires, il faut les renforcer et les réparer (fission / fusion des bandes)
Quelles conditions de félicité de la vie collective de ces sociétés ? Dispositifs de signes et symboles mettant en scène la non hostilité. et surtout partage / réciprocité. Cf Mauss sur le don, obligation de donner, recevoir, rendre, moteur de l'organisation sociale.
Très important modèle, mais a rendu invisible celui du partage, ethos fondamental des collectifs anarcho-grégaires. C'est encore le noyau de notre moralité. Bim.
On finit l'atelier avec Philippe Pelletier (géographie, EVS, Lyon 2), "Géographie anarchiste, non — Géographes anarchistes, oui — Du danger du scientisme en politique". Pelletier fait partie du réseau des géographes libertaires. Mais pas d'accord avec l'idée d'une géographie anar. La géographie, à la fois science sociale et science naturelle. Importance historique de l'apparition du darwinisme social, qui nous renseigne sur les risques du scientisme en géographie (cf F Raztel, fondateur de géographie humaine, théoricien du Lebensraum, espace vital). Mais on sait moins qu'un autre aspect de géo a été instrumentalisé par développement urbain : le modèle du nazi Christaller des places centrales. Aux Etats Unis, on trouve des choses fortes chez E C Semple, vision déterministe de la géographie.
Ellworth Huntington fait le lien entre race et climat, théorie racialiste, président de la Société écologique américaine, de societe de géographes, d'eugenistes. N'oublions pas que premier modèles eugénistes sont aux Etats Unis (cf André Pichot sur l'eugénisme)
Les géographes anarchisteq fonctionnent en réseau, avec militants. cf Elisée Reclus, trois règles à la géographie sociale : lutte des classes, recherche de l'équilibre, décision souveraine de l'individu. Mésologie, science des milieux, l'homme est un milieu pour l'homme.
XiXe siècle, batailles académiques après Darwin pour recombinaison des disciplines. Parmi propositions, mésologie (Bertillon) et écologie (Haeckel), interactions des organismes entre eux et avec l'extérieur, angle très biologique (éco systèmes). Cette dernière a du succès.
Haeckel est un anti-socialiste, anti-égalitaire, darwinisme social radical, pas de libre arbitre, membre de Société pour l'Hygiene de la Race, de la Société de Thulé. Vacher le traduit et dans préface demande d'adopter comme devise "Déterminisme, inégalité, sélection"
Victoire de l'écologie, cf déclaration Barrows, la géographie est l'écologie humaine, géographie au service de l'aménagement du territoire. Cf sociologues de l'École de Chicago, spatialisation et modélisation de la ville. Occultation de tout ça dans les histoires de l'écologie
Après 1945, écologie académique gagne son rang d'idée dominante avec le catastrophisme de Vogt et Osborn. En France B de Jouvenel, ancien du PPF de Doriot puis fondateur de la néolibérale société du Mont-Pèlerin, fonde écologie politique, prologue de capitalisme vert planifié
Tournant du Rapport Meadows, à lire, prédictions fausses. Choc. Début du scientisme écologiste. Dangereux de mettre adjectif anarchiste à un science, même écologie ou géographie.
Pendant ce temps, session "L’anarchisme, une pensée du social", animée par Edouard Leport (sociologie, Cresppa-CSU, Paris 8). Avec Paula Cossart (sociologie, Ceries, Lille), "Se référer à l’histoire pour faire du municipalisme libertaire une ‘utopie réelle’ "
Clémence Nasr (théorie politique, Centre de théorie politique, Université libre de Bruxelles), "Du lieu à la pensée du corps social. Réinvestissement sociologique de la commune anarchiste"
Jean Bérard (histoire, ISP, ENS Saclay), « Peut-on briser le bâton de la justice ? L’anarchisme à l’épreuve de la justice pénale ». Je peux pas LT, j'ai hâte de regarder les vidéos et de lire les papiers. Bon bah du coup dernière discussion avant fin du colloque et AG de lutte
Fin du colloque "anarchisme et sciences sociales" et suspension de l'occupation de l'amphi (aucun lien hein). Merci à tou-te-s les participant-e-s, au personnel administratif, au public et aux éditions libertalia, aux Âmes d'Atala, au CCL pour la table de presse / infokiosk !
« Je pense que mon bref passage chez les Panthers fut très important en ce qu’il m’a appris les limites — jusqu’à la faillite même — du leadership dans un mouvement révolutionnaire. Ce n’était pas un problème de personnalité de la part de tel ou tel dirigeant, mais plutôt la prise de conscience du fait que, bien souvent, les dirigeants ont un programme et les militants un autre. »
« Video outlining the violent war the state of Brazil is waging on Anarchists »
« Voyage chez les anarchistes, les burakumin, les uilta, les coréens-du-Japon et les autres »
« 1917 : les anarchistes, leur rôle, leurs choix. Un thread garanti 0% Kronstadt et 0% Makhno.
Précisons tout d'abord que je ne suis pas historienne. Mais je lis un petit journal qui monte malgré le silence des médias, Alternative Libertaire. Ce journal, outil de propagande de l'organisation du même nom, a publié cet été un dossier sur les anarchistes pendant la révolution russe de 1917 : http://www.alternativelibertaire.org/?Russie-1917
Ce thread sera basé sur ce dossier.
En 1917, il y a eu en Russie deux révolutions : la première, en février, est dite révolution politique, la deuxième, en octobre, est dite révolution sociale. En gros, la première vire le tsar, la deuxième met les bolcheviks au pouvoir.
Il faut savoir qu'à l'orée de l'année 1917, l'anarchisme est très faible en Russie, car il a été sévèrement réprimé suite à la révolution ratée de 1905.
Mais, pendant la semaine qui va mener à la chute du tsar, on voit dans la manifs des drapeaux noirs qui portent le slogan "A bas l'autorité et le capitalisme". Nos anars sont bien là, ils étaient tapis dans un coin mais ils reparaissent...
On estime qu'ils sont à peu près 200 à Petrograd en février.
Assez vite, nos anars se constituent en organisation, la Fédération anarchiste communiste (FAC), et réquisitionnent la datcha Dournovo pour établir leur QG. Et tout de suite, ils commencent à troller le pouvoir 😊
« Nous devons montrer au peuple l’inutilité et l’absurdité de la tactique “pousser la bourgeoisie vers la gauche”. Notre tâche historique est de pousser le prolétariat à gauche pour qu’il pousse la bourgeoisie dans le précipice. [...]
Malgré ses apparences révolutionnaires, le Soviet des députés ouvriers et soldats ne libérera pas les travailleurs si, dans les faits, il ne réalise pas un programme effectivement maximaliste, anticapitaliste. »
Ce texte, issu d'un texte de la FAC, dénonce le fait que le soviet semble bien content que ce soit le gouvernement bourgeois qui détient le pouvoir réel. Pendant les premières semaines qui suivent la débandade du tsar, les anarchistes sont seuls à tenir cette position.
Mais bientôt arrive... Lénine, qui fout le boxon chez les bolcheviks en prônant un programme proche de celui des anars. Et en particulier, il ne veut pas de l'état bourgeois. Il réclame, tout de suite, maintenant, de passer à l'étape socialiste de la révolution.
Il y a même un cadre du Parti bolchevik, Goldenberg, qui dira que Lénine dérive vers "l'anarchisme primitif révolu" 😂 s'il savait.
Les cadres bolchos sont vénères, mais la base suit Lénine ! Les ouvriers accourent chez les bolcheviks. Les anarchistes auraient pu plus profiter de cette période, mais ils sont peu nombreux et peu structurés. Ils s'essayent donc à une autre stratégie : entraîner la base bolchevik vers l'insurrection.
Il faut bien comprendre qu'à ce moment, les patrons font toujours les patrons, et les ouvriers sont toujours exploités dans les usines.
Mais le rapport de force monte, des comités d'usine existent partout, qui a le contrôle sur pas mal de trucs. Et à partir du printemps 17, on voit apparaître un autre type d'anarchistes que ceux de la FAC, les anarcho-syndicalistes. Tiens, tiens...
Après février, les exilés sont rentrés petit à petit au pays. Quelques uns vont créer l'Union de propagande anarcho-syndicaliste (UPAS). Ce sont des militants qui reviennent d'Occident, où ils ont milité dans des organisations syndicalistes révolutionnaires. Ils ont en particulier deux références : les IWW états-uniens et... la CGT française !
A l'époque, la CGT n'était pas une courroie de transmission du PCF, comme elle le fut pendant des décennies au XXe. Elle était majoritairement anarcho-syndicaliste. (Un jour on parlera de leur Congrès de 1906 et de la Charte d'Amiens, mais c'est pas le sujet là)
Bref, nos anars de l'UPAS sont un peu agacés par l'insurrectionnalisme de la FAC.
Le mouvement anarchiste est assez faible, mais ils se retroussent les manches et s'intéressent de près, non pas aux soviets ni aux syndicats, mais aux comités d'usine. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'ils y retrouvent les points les plus importants de l'anarcho-syndicalisme : ancrage au lieu de production, autogestion, action directe.
Les syndicats sont en fait de toutes jeunes structures construites par les bolcheviks et les mencheviks avec une grande hiérarchie. Point d'autogestion ici.
Arrive tout doucement l'été sur Petrograd.
La FAC, tout à son spontanéisme, tente un coup d'éclat. Elle s'empare de l'imprimerie d'un journal réactionnaire. Echec, soutenus par trop peu de monde, les 80 anarchistes doivent lever le camp. Mais le gouvernement veut donner des gages aux bourgeois ! Il somme la FAC d'évacuer la datcha Dournovo.
La réaction populaire ne se fait pas attendre, et ce sont immédiatement 28 usines du coin qui se mettent en grève pour protester, signe que les anarchistes avaient su créer des liens avec le voisinage. La FAC garde son QG, mais l'ambiance est électrique.
Les anarchistes veulent provoquer une manifestation armée, et croient avoir les bolcheviks avec eux. Mais ceux-ci changent d'avis à la dernière minute. Encore raté.
Quand ça veut pas, ça veut pas. La FAC tente encore un mois plus tard, en juillet, d'entrainer les bolcheviks dans l'insurrection. Pas assez organisée, l'insurrection foire totalement.
Pendant ce temps-là, l'UPAS fait ses trucs de syndicalistes.
Il y a un fort problème d'approvisionnement à Petrograd. Les usines se font concurrence entre elles. Comment limiter cela ?
Les bolcheviks estiment que c'est la tâche de l'état prolétarien... quand l'UPAS donnerait ce rôle aux fédérations de comités d'usine (par branche d'industrie). Les anarcho-syndicalistes sont en minorité, mais ils s'accrochent, notamment grâce à leur journal qui tire quand même à 25 000 exemplaires !
Mais fin août, la nouvelle d'un coup d'état du général Kornilov se répand, il marcherait sur Petrograd... Ni une ni deux, Petrograd se prépare à l'accueillir comme il se doit... Mais il n'arrive jamais. Les cheminots sont en grève, et les trains n'acheminent donc pas les troupes 😂
La colère contre les bourgeois est à son comble dans la population, mûre pour achever la révolution sociale. Ce sont les bolcheviks qui vont s'en charger, mais l'UPAS les aura prévenus dans sa presse : il faudra que le "parti politique aspirant au pouvoir et à la domination s'élime après la victoire"
Touchante naïveté 😘
Putsch des bolcheviks il y a donc, je ne vais pas m'apesantir dessus. Simplement préciser qu'au lieu de donner le pouvoir aux soviets, comme prévus, les bolcheviks créent le Soviet des commissaires du peuple, en fait un gouvernement.
Les anarchistes sont vénères, comme d'hab. Mais ils font partie du camp des vainqueurs. Et ils vont vouloir faire la 3e révolution. Ils portent la contradiction sur 4 sujets clefs.
1 : ils prônent un pouvoir populaire plutôt que le pouvoir d'état.
2 : ils veulent que les usines soient socialisées (= aux mains des travailleurs), plutôt que nationalisées.
3 : ils souhaitent organiser des milices populaires plutôt qu'avoir recours à une armée hiérarchisée.
Le quatrième point est le plus délicat et concerne les réquisitions et les expropriations.
Des groupes de pillards se réclament de l'anarchisme pour agir en bande organisée et tout détrousser sur leur passage.
Les anarchistes ne sont sans doute pas assez prompts à se désolidariser. C'est le prétexte que va prendre le pouvoir bolchevik, à partir d'avril 18, pour détruire le mouvement anarchiste.
On voit bien à travers cette séquence, à quel point la question du pouvoir est au centre de la réflexion des anarchistes. Mais ils n'en étaient pas moins de fervents anticapitalistes.
Je trouve personnellement l'opposition FAC insurrectionnaliste et spontanéiste / UPAS anarcho-syndicaliste très intéressante.
J'en ai fini avec ce thread, je vous souhaite une bonne lecture et remercie chaleureusement les deux camarades qui ont mis ces informations à ma connaissance ! »
Précisons tout d'abord que je ne suis pas historienne. Mais je lis un petit journal qui monte malgré le silence des médias, Alternative Libertaire. Ce journal, outil de propagande de l'organisation du même nom, a publié cet été un dossier sur les anarchistes pendant la révolution russe de 1917 : http://www.alternativelibertaire.org/?Russie-1917
Ce thread sera basé sur ce dossier.
En 1917, il y a eu en Russie deux révolutions : la première, en février, est dite révolution politique, la deuxième, en octobre, est dite révolution sociale. En gros, la première vire le tsar, la deuxième met les bolcheviks au pouvoir.
Il faut savoir qu'à l'orée de l'année 1917, l'anarchisme est très faible en Russie, car il a été sévèrement réprimé suite à la révolution ratée de 1905.
Mais, pendant la semaine qui va mener à la chute du tsar, on voit dans la manifs des drapeaux noirs qui portent le slogan "A bas l'autorité et le capitalisme". Nos anars sont bien là, ils étaient tapis dans un coin mais ils reparaissent...
On estime qu'ils sont à peu près 200 à Petrograd en février.
Assez vite, nos anars se constituent en organisation, la Fédération anarchiste communiste (FAC), et réquisitionnent la datcha Dournovo pour établir leur QG. Et tout de suite, ils commencent à troller le pouvoir 😊
« Nous devons montrer au peuple l’inutilité et l’absurdité de la tactique “pousser la bourgeoisie vers la gauche”. Notre tâche historique est de pousser le prolétariat à gauche pour qu’il pousse la bourgeoisie dans le précipice. [...]
Malgré ses apparences révolutionnaires, le Soviet des députés ouvriers et soldats ne libérera pas les travailleurs si, dans les faits, il ne réalise pas un programme effectivement maximaliste, anticapitaliste. »
Ce texte, issu d'un texte de la FAC, dénonce le fait que le soviet semble bien content que ce soit le gouvernement bourgeois qui détient le pouvoir réel. Pendant les premières semaines qui suivent la débandade du tsar, les anarchistes sont seuls à tenir cette position.
Mais bientôt arrive... Lénine, qui fout le boxon chez les bolcheviks en prônant un programme proche de celui des anars. Et en particulier, il ne veut pas de l'état bourgeois. Il réclame, tout de suite, maintenant, de passer à l'étape socialiste de la révolution.
Il y a même un cadre du Parti bolchevik, Goldenberg, qui dira que Lénine dérive vers "l'anarchisme primitif révolu" 😂 s'il savait.
Les cadres bolchos sont vénères, mais la base suit Lénine ! Les ouvriers accourent chez les bolcheviks. Les anarchistes auraient pu plus profiter de cette période, mais ils sont peu nombreux et peu structurés. Ils s'essayent donc à une autre stratégie : entraîner la base bolchevik vers l'insurrection.
Il faut bien comprendre qu'à ce moment, les patrons font toujours les patrons, et les ouvriers sont toujours exploités dans les usines.
Mais le rapport de force monte, des comités d'usine existent partout, qui a le contrôle sur pas mal de trucs. Et à partir du printemps 17, on voit apparaître un autre type d'anarchistes que ceux de la FAC, les anarcho-syndicalistes. Tiens, tiens...
Après février, les exilés sont rentrés petit à petit au pays. Quelques uns vont créer l'Union de propagande anarcho-syndicaliste (UPAS). Ce sont des militants qui reviennent d'Occident, où ils ont milité dans des organisations syndicalistes révolutionnaires. Ils ont en particulier deux références : les IWW états-uniens et... la CGT française !
A l'époque, la CGT n'était pas une courroie de transmission du PCF, comme elle le fut pendant des décennies au XXe. Elle était majoritairement anarcho-syndicaliste. (Un jour on parlera de leur Congrès de 1906 et de la Charte d'Amiens, mais c'est pas le sujet là)
Bref, nos anars de l'UPAS sont un peu agacés par l'insurrectionnalisme de la FAC.
Le mouvement anarchiste est assez faible, mais ils se retroussent les manches et s'intéressent de près, non pas aux soviets ni aux syndicats, mais aux comités d'usine. Pourquoi ? Eh bien, parce qu'ils y retrouvent les points les plus importants de l'anarcho-syndicalisme : ancrage au lieu de production, autogestion, action directe.
Les syndicats sont en fait de toutes jeunes structures construites par les bolcheviks et les mencheviks avec une grande hiérarchie. Point d'autogestion ici.
Arrive tout doucement l'été sur Petrograd.
La FAC, tout à son spontanéisme, tente un coup d'éclat. Elle s'empare de l'imprimerie d'un journal réactionnaire. Echec, soutenus par trop peu de monde, les 80 anarchistes doivent lever le camp. Mais le gouvernement veut donner des gages aux bourgeois ! Il somme la FAC d'évacuer la datcha Dournovo.
La réaction populaire ne se fait pas attendre, et ce sont immédiatement 28 usines du coin qui se mettent en grève pour protester, signe que les anarchistes avaient su créer des liens avec le voisinage. La FAC garde son QG, mais l'ambiance est électrique.
Les anarchistes veulent provoquer une manifestation armée, et croient avoir les bolcheviks avec eux. Mais ceux-ci changent d'avis à la dernière minute. Encore raté.
Quand ça veut pas, ça veut pas. La FAC tente encore un mois plus tard, en juillet, d'entrainer les bolcheviks dans l'insurrection. Pas assez organisée, l'insurrection foire totalement.
Pendant ce temps-là, l'UPAS fait ses trucs de syndicalistes.
Il y a un fort problème d'approvisionnement à Petrograd. Les usines se font concurrence entre elles. Comment limiter cela ?
Les bolcheviks estiment que c'est la tâche de l'état prolétarien... quand l'UPAS donnerait ce rôle aux fédérations de comités d'usine (par branche d'industrie). Les anarcho-syndicalistes sont en minorité, mais ils s'accrochent, notamment grâce à leur journal qui tire quand même à 25 000 exemplaires !
Mais fin août, la nouvelle d'un coup d'état du général Kornilov se répand, il marcherait sur Petrograd... Ni une ni deux, Petrograd se prépare à l'accueillir comme il se doit... Mais il n'arrive jamais. Les cheminots sont en grève, et les trains n'acheminent donc pas les troupes 😂
La colère contre les bourgeois est à son comble dans la population, mûre pour achever la révolution sociale. Ce sont les bolcheviks qui vont s'en charger, mais l'UPAS les aura prévenus dans sa presse : il faudra que le "parti politique aspirant au pouvoir et à la domination s'élime après la victoire"
Touchante naïveté 😘
Putsch des bolcheviks il y a donc, je ne vais pas m'apesantir dessus. Simplement préciser qu'au lieu de donner le pouvoir aux soviets, comme prévus, les bolcheviks créent le Soviet des commissaires du peuple, en fait un gouvernement.
Les anarchistes sont vénères, comme d'hab. Mais ils font partie du camp des vainqueurs. Et ils vont vouloir faire la 3e révolution. Ils portent la contradiction sur 4 sujets clefs.
1 : ils prônent un pouvoir populaire plutôt que le pouvoir d'état.
2 : ils veulent que les usines soient socialisées (= aux mains des travailleurs), plutôt que nationalisées.
3 : ils souhaitent organiser des milices populaires plutôt qu'avoir recours à une armée hiérarchisée.
Le quatrième point est le plus délicat et concerne les réquisitions et les expropriations.
Des groupes de pillards se réclament de l'anarchisme pour agir en bande organisée et tout détrousser sur leur passage.
Les anarchistes ne sont sans doute pas assez prompts à se désolidariser. C'est le prétexte que va prendre le pouvoir bolchevik, à partir d'avril 18, pour détruire le mouvement anarchiste.
On voit bien à travers cette séquence, à quel point la question du pouvoir est au centre de la réflexion des anarchistes. Mais ils n'en étaient pas moins de fervents anticapitalistes.
Je trouve personnellement l'opposition FAC insurrectionnaliste et spontanéiste / UPAS anarcho-syndicaliste très intéressante.
J'en ai fini avec ce thread, je vous souhaite une bonne lecture et remercie chaleureusement les deux camarades qui ont mis ces informations à ma connaissance ! »
Certains commentaires... 😮😑💩
(via http://tviblindi.legtux.org/shaarli/?Vzq4PA)
(via http://tviblindi.legtux.org/shaarli/?Vzq4PA)
2/4 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-anarchies-24-ce-nest-pas-rien-de-tuer-un-homme-ou-le
3/4 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-anarchies-34-les-anarchistes-espagnols
4/4 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-anarchies-44-y-t-il-eu-une-internationale-anarchiste
Pas encore pris le temps d'écouter.
(via https://www.seven-ash-street.fr/links/?skeSSw)
3/4 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-anarchies-34-les-anarchistes-espagnols
4/4 : https://www.franceculture.fr/emissions/la-fabrique-de-lhistoire/histoire-des-anarchies-44-y-t-il-eu-une-internationale-anarchiste
Pas encore pris le temps d'écouter.
(via https://www.seven-ash-street.fr/links/?skeSSw)
Pas encore lu. Une version fr est dispo par là : https://paris-luttes.info/comment-la-non-violence-protege-l-5610