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prisons
« Although the demand to defund the police may have had its specific origins in Minneapolis, Kaba understands that the growing curiosity about abolitionist politics is rooted in something much broader. She said, “People are frustrated by the way that the welfare state has completely been defunded. People don’t have what they need to survive. And yet the military and prisons keep getting more and more and more.” Contrary to the beliefs of their critics, abolitionists are not impervious to the realities of crime and violence. But they have a fundamental understanding that crime is a manifestation of social deprivation and the reverberating effects of racial discrimination, which locks poor and working-class communities of color out of schooling, meaningful jobs, and other means to keep up with the ever-escalating costs of life in the United States. These problems are not solved by armed agents of the state or by prisons, which sow the seeds of more poverty and alienation, while absorbing billions of dollars that might otherwise be spent on public welfare. The police and prisons aren’t solving these problems: they are a part of the problem. »
« Our current criminal-justice system is rooted in the assumption that millions of people require policing, surveillance, containment, prison. It is a dark view of humanity. By contrast, Kaba and others in this emergent movement fervently believe in the capacity of people to change in changed conditions. That is the optimism at the heart of the abolitionist project. »
Relire aussi sur le sujet : "Abolish the police? Organizers say it’s less crazy than it sounds" (2016) https://www.chicagoreader.com/chicago/police-abolitionist-movement-alternatives-cops-chicago/content?oid=23289710
Et je note 2 bouquins cités dans l'article du New Yorker
"We Do This 'Til We Free Us : Abolitionist Organizing and Transforming Justice" de Mariame Kaba
https://www.haymarketbooks.org/books/1664-we-do-this-til-we-free-us
"Golden Gulag : Prisons, Surplus, Crisis, and Opposition in Globalizing California" de Ruth Wilson Gilmore
https://www.ucpress.edu/book/9780520242012/golden-gulag
« Our current criminal-justice system is rooted in the assumption that millions of people require policing, surveillance, containment, prison. It is a dark view of humanity. By contrast, Kaba and others in this emergent movement fervently believe in the capacity of people to change in changed conditions. That is the optimism at the heart of the abolitionist project. »
Relire aussi sur le sujet : "Abolish the police? Organizers say it’s less crazy than it sounds" (2016) https://www.chicagoreader.com/chicago/police-abolitionist-movement-alternatives-cops-chicago/content?oid=23289710
Et je note 2 bouquins cités dans l'article du New Yorker
"We Do This 'Til We Free Us : Abolitionist Organizing and Transforming Justice" de Mariame Kaba
https://www.haymarketbooks.org/books/1664-we-do-this-til-we-free-us
"Golden Gulag : Prisons, Surplus, Crisis, and Opposition in Globalizing California" de Ruth Wilson Gilmore
https://www.ucpress.edu/book/9780520242012/golden-gulag
« Je sais pas si vous vous en souvenez, mais il y a un mois je me suis mangé une shitstorm parce que j’avais "osé" rappeler qu’à l’approche de la grève reconductible du 5 décembre, il fallait rappeler que les prisonniers travailleurs n’avaient eux pas le droit de grève
Pour beaucoup, ça a été le point de non retour : comment oser demander des droits à des personnes qui ont transgressé la loi et qui sont en prison. Complètement contradictoire… Parmi la tonne de message et citation que j’ai reçu, y’avait deux arguments principaux qui revenaient:
1. « C’est des meurtriers et des violeurs, les pires monstres, encore heureux qu’ils aient pas le droit de grève. »
2. « Ils sont en prison, nourris et logés, la vie y est belle, faudrait pas en plus qu’ils puissent manifester et faire grève c’est n’importe quoi »
Alors on va prendre tranquillement ces deux arguments et voir pourquoi, en plus d’être faux, ils reflètent en réalité tout ce pourquoi la prison ne sert à rien aujourd’hui.
Le premier argument voudrait donc que l’ensemble de la population carcérale soit composée de meurtriers et violeurs. Alors qu’il suffit « juste » de regarder les chiffres pour se rendre compte que ce n’est absolument pas le cas. Pour reprendre les chiffres de la Direction de l’administration pénitentiaire elle même (qu’on ne me reproche pas de gonfler les chiffres), au 1et juillet 2018 c’était :
22% des prisonniers emprisonnés pour une peine inférieure à 6 mois
18% des prisonniers emprisonnés pour une peine allant de 6 mois à un an
16% des prisonnier emprisonnés pour une peine allant de 1 an à 2 ans
C’est donc 56% des prisonniers qui purgent une peine de moins de 2 ans. Plus de la moitié donc. Si on rajoute les prisonniers qui sont là pour moins de 5 ans, ca nous fait 75% de la population carcérale qui purge une peine de moins de 5 ans.
Toujours pour rester sur les chiffres provenant de la DAP, au 1er juillet 2018 c’était 31% de personnes condamnées pour des atteintes aux biens (vol, dégradations de biens publics…), 18% d’infraction à la législation sur les stupéfiants, 7% concernant les infractions routières (autre qu’homicide et blessure involontaire) et 5% d’atteinte à l’autorité de l’Etat (dont l’outrage et rébellion).
61% de prisonniers qui ne concernent donc ni les violences contre personnes, ni les viols et agressions sexuelles et ni les homicides et atteintes volontaires ayant entraîné la mort. Et de manière générale, c’est important de rappeler que la loi ne descend pas du ciel. Que si un comportement est considéré comme illégal et susceptible d’envoyer son auteur en prison, c’est que des hommes l’ont décidé à un moment, pour des raisons politiques. Et pour être plus précis, et je sais que ca va pas plaire à tout le monde, la législation criminalisante sur les stupéfiants et sur les squattes (entre autre) n’a pas d’autre objectif légitime que d’envoyer des pauvres et des non blancs en prison
Parce qu’il s’agit là de problématiques de santé publique et de pauvreté qu’on a décidé de regler par la voie criminelle et carcérale. Aucun sens.
Le deuxième argument était de dire que de toute façon les prisonniers étaient nourris et logés, qu’il ne fallait donc pas qu’ils en demandent trop au regard de leurs conditions bien agréables
Mais là aussi c’est faux. Personne n’est nourri et logé gratuitement. L’administration ne fourni que deux repas et une collation par jour, ainsi qu’un kit d’hygiène avec le STRICT minimum qui ne permet clairement pas de vivre décemment. Personne pourrait vivre comme ça. Tout le reste les détenus le payent : la nourriture supplémentaire, l’accès à une télé, un frigo, les cabines téléphoniques, la lessive. En moyenne la vie d’un prisonnier coute environ 200 euros par mois. 200 euros par mois pour des personnes qui sont souvent pauvres, isolés socialement, qui ne dispose d’aucune attache extérieure et qui ne peuvent travailler, c'est cher, très chers. La précarité elle existe aussi et surtout en prison.
D'ailleurs, on rappelle que le travail en prison relève de la décision de « classement » du directeur pénitentiaire qui décide de qui a le droit de travailler ou non en fonction de l’ancienneté d’incarcération, de l’exemplarité du prisonniers…
Que c’est un outil de domination puisque tout « écart » du prisonnier qui fait l’objet d’une décision de classement peut être sanctionnée par une décision de déclassement (en dehors de la prison il s’agirait tout simplement d’un licenciement)
Que le droit du travail étant absent en prison, les prisonniers ne disposent ni de congés payés, ni d’arrêt maladie, ne bénéficient pas du smic (en fonction de leur poste, ils touchent entre 20 et 45% du SMIC) et que dans encore bcp de prisons, ils sont payés à la pièce
Qu'ils peuvent donc être "déclassé" (licencié) par une simple décision, coupant par la même occasion leur seule source de revenus.
Il s’agit d’une exploitation organisée des prisonniers qui servent uniquement de mains d’œuvre au rabais pour les entreprises qui cherchent à faire des économies. C’est pour toutes ces raisons que la prison ne sert à rien. Son objectif d’amendement et de réinsertion du prisonnier, en plus d’être voué à l’échec par les conditions de détention, il est tronqué dans sa base même.
Quelle réinsertion du prisonnier dans la société, quand c’est la société elle même qui a fait de lui un marginal qu’il faut enfermer pour ne plus voir ? Quel amendement du prisonnier quand de toute façon il ne sera jamais blanchi aux yeux de ceux qui font la loi ?
C’est pour ca que la lutte pour l’amélioration des conditions de détention et est un terrain glissant qu’il faut éviter de prendre. Non plus que les conditions ne doivent pas être améliorées. Mais il s’agirait de pas en faire une finalité.
C’est l’abolition des prisons qu’on veut, parce qu’elles n’ont pas d’autres buts que d’enfermer le produit de la société raciste et capitaliste, parce que le pouvoir se sert des prisons pour étouffer toutes contestations possibles en enfermant en masse les populations à fort foyer contestataires et en faisant d’eux des exemples pour éviter toute contestation futures. Il n'y a qu'à voir la répression qui s'est abbatue sur les gilets jaunes pour se rendre compte que le but premier était d'éviter un élargissement du soulèvement. Flics, procureurs, magistrats, directeurs pénitentiaires, ce corps marche ensemble pour réprimer tout ce qui sort de l'ordre établi.
Bref, tout ca est décousu, j’ai essayé d’être le plus clair possible. Si vous voulez vraiment en savoir plus, vous pouvez suivre @PourEllesToutes @princedevilles @brevesdeprison @BoutDeLaVilleEd
Vous pouvez également suivre @OIP_sectionfr et le @GenepiFrance qui font un taff de sensibilisation important sur ces questions et lire "l'envolée" qui redonne la parole aux prisonniers et familles de prisonniers https://lenvolee.net/
Enfin, en 2020 ca serait bien qu'on ne parle plus de "détenus" mais de prisonniers. D'ailleurs je vous conseille tous la lecture de ce livre que m'a prêté @princedevilles d'Hafed BENOTMAN qui s'intitule "Ca ne valait pas la peine mais ça valait le coup". Vraiment.
"Notre problème, c'est que l'administration pénitentiaire refusait de donner le journal gratuitement alors que, normalement, pour les prisonniers, il est gratuit. Je fais une différence entre prisonnier et détenu. On détient un objet et on emprisonne une personne. Les politiques détestent qu'on utilise le mot « prisonnier », ça leur rappelle trop franchement le prisonnier de guerre ou le prisonner politique." »
Pour beaucoup, ça a été le point de non retour : comment oser demander des droits à des personnes qui ont transgressé la loi et qui sont en prison. Complètement contradictoire… Parmi la tonne de message et citation que j’ai reçu, y’avait deux arguments principaux qui revenaient:
1. « C’est des meurtriers et des violeurs, les pires monstres, encore heureux qu’ils aient pas le droit de grève. »
2. « Ils sont en prison, nourris et logés, la vie y est belle, faudrait pas en plus qu’ils puissent manifester et faire grève c’est n’importe quoi »
Alors on va prendre tranquillement ces deux arguments et voir pourquoi, en plus d’être faux, ils reflètent en réalité tout ce pourquoi la prison ne sert à rien aujourd’hui.
Le premier argument voudrait donc que l’ensemble de la population carcérale soit composée de meurtriers et violeurs. Alors qu’il suffit « juste » de regarder les chiffres pour se rendre compte que ce n’est absolument pas le cas. Pour reprendre les chiffres de la Direction de l’administration pénitentiaire elle même (qu’on ne me reproche pas de gonfler les chiffres), au 1et juillet 2018 c’était :
22% des prisonniers emprisonnés pour une peine inférieure à 6 mois
18% des prisonniers emprisonnés pour une peine allant de 6 mois à un an
16% des prisonnier emprisonnés pour une peine allant de 1 an à 2 ans
C’est donc 56% des prisonniers qui purgent une peine de moins de 2 ans. Plus de la moitié donc. Si on rajoute les prisonniers qui sont là pour moins de 5 ans, ca nous fait 75% de la population carcérale qui purge une peine de moins de 5 ans.
Toujours pour rester sur les chiffres provenant de la DAP, au 1er juillet 2018 c’était 31% de personnes condamnées pour des atteintes aux biens (vol, dégradations de biens publics…), 18% d’infraction à la législation sur les stupéfiants, 7% concernant les infractions routières (autre qu’homicide et blessure involontaire) et 5% d’atteinte à l’autorité de l’Etat (dont l’outrage et rébellion).
61% de prisonniers qui ne concernent donc ni les violences contre personnes, ni les viols et agressions sexuelles et ni les homicides et atteintes volontaires ayant entraîné la mort. Et de manière générale, c’est important de rappeler que la loi ne descend pas du ciel. Que si un comportement est considéré comme illégal et susceptible d’envoyer son auteur en prison, c’est que des hommes l’ont décidé à un moment, pour des raisons politiques. Et pour être plus précis, et je sais que ca va pas plaire à tout le monde, la législation criminalisante sur les stupéfiants et sur les squattes (entre autre) n’a pas d’autre objectif légitime que d’envoyer des pauvres et des non blancs en prison
Parce qu’il s’agit là de problématiques de santé publique et de pauvreté qu’on a décidé de regler par la voie criminelle et carcérale. Aucun sens.
Le deuxième argument était de dire que de toute façon les prisonniers étaient nourris et logés, qu’il ne fallait donc pas qu’ils en demandent trop au regard de leurs conditions bien agréables
Mais là aussi c’est faux. Personne n’est nourri et logé gratuitement. L’administration ne fourni que deux repas et une collation par jour, ainsi qu’un kit d’hygiène avec le STRICT minimum qui ne permet clairement pas de vivre décemment. Personne pourrait vivre comme ça. Tout le reste les détenus le payent : la nourriture supplémentaire, l’accès à une télé, un frigo, les cabines téléphoniques, la lessive. En moyenne la vie d’un prisonnier coute environ 200 euros par mois. 200 euros par mois pour des personnes qui sont souvent pauvres, isolés socialement, qui ne dispose d’aucune attache extérieure et qui ne peuvent travailler, c'est cher, très chers. La précarité elle existe aussi et surtout en prison.
D'ailleurs, on rappelle que le travail en prison relève de la décision de « classement » du directeur pénitentiaire qui décide de qui a le droit de travailler ou non en fonction de l’ancienneté d’incarcération, de l’exemplarité du prisonniers…
Que c’est un outil de domination puisque tout « écart » du prisonnier qui fait l’objet d’une décision de classement peut être sanctionnée par une décision de déclassement (en dehors de la prison il s’agirait tout simplement d’un licenciement)
Que le droit du travail étant absent en prison, les prisonniers ne disposent ni de congés payés, ni d’arrêt maladie, ne bénéficient pas du smic (en fonction de leur poste, ils touchent entre 20 et 45% du SMIC) et que dans encore bcp de prisons, ils sont payés à la pièce
Qu'ils peuvent donc être "déclassé" (licencié) par une simple décision, coupant par la même occasion leur seule source de revenus.
Il s’agit d’une exploitation organisée des prisonniers qui servent uniquement de mains d’œuvre au rabais pour les entreprises qui cherchent à faire des économies. C’est pour toutes ces raisons que la prison ne sert à rien. Son objectif d’amendement et de réinsertion du prisonnier, en plus d’être voué à l’échec par les conditions de détention, il est tronqué dans sa base même.
Quelle réinsertion du prisonnier dans la société, quand c’est la société elle même qui a fait de lui un marginal qu’il faut enfermer pour ne plus voir ? Quel amendement du prisonnier quand de toute façon il ne sera jamais blanchi aux yeux de ceux qui font la loi ?
C’est pour ca que la lutte pour l’amélioration des conditions de détention et est un terrain glissant qu’il faut éviter de prendre. Non plus que les conditions ne doivent pas être améliorées. Mais il s’agirait de pas en faire une finalité.
C’est l’abolition des prisons qu’on veut, parce qu’elles n’ont pas d’autres buts que d’enfermer le produit de la société raciste et capitaliste, parce que le pouvoir se sert des prisons pour étouffer toutes contestations possibles en enfermant en masse les populations à fort foyer contestataires et en faisant d’eux des exemples pour éviter toute contestation futures. Il n'y a qu'à voir la répression qui s'est abbatue sur les gilets jaunes pour se rendre compte que le but premier était d'éviter un élargissement du soulèvement. Flics, procureurs, magistrats, directeurs pénitentiaires, ce corps marche ensemble pour réprimer tout ce qui sort de l'ordre établi.
Bref, tout ca est décousu, j’ai essayé d’être le plus clair possible. Si vous voulez vraiment en savoir plus, vous pouvez suivre @PourEllesToutes @princedevilles @brevesdeprison @BoutDeLaVilleEd
Vous pouvez également suivre @OIP_sectionfr et le @GenepiFrance qui font un taff de sensibilisation important sur ces questions et lire "l'envolée" qui redonne la parole aux prisonniers et familles de prisonniers https://lenvolee.net/
Enfin, en 2020 ca serait bien qu'on ne parle plus de "détenus" mais de prisonniers. D'ailleurs je vous conseille tous la lecture de ce livre que m'a prêté @princedevilles d'Hafed BENOTMAN qui s'intitule "Ca ne valait pas la peine mais ça valait le coup". Vraiment.
"Notre problème, c'est que l'administration pénitentiaire refusait de donner le journal gratuitement alors que, normalement, pour les prisonniers, il est gratuit. Je fais une différence entre prisonnier et détenu. On détient un objet et on emprisonne une personne. Les politiques détestent qu'on utilise le mot « prisonnier », ça leur rappelle trop franchement le prisonnier de guerre ou le prisonner politique." »
« Alors à tous ceux qui nous ressortent tout le temps que c'est le Club Med, achetez vous une décence »