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À propos du livre "Pourquoi sommes-nous capitalistes (malgré nous) ?" de Denis Colombi
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/pourquoi-sommes-nous-capitalistes-malgr%C3%A9-nous-9782228929714
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/pourquoi-sommes-nous-capitalistes-malgr%C3%A9-nous-9782228929714
Foucault, Chomsky et Fanon veulent faire la révolution dans les Terres du Milieu (avec Marx en guest-star)
De côté, pas encore écouté
« Comment situer les catégories populaires, moyennes et aisées en fonction de leurs revenus et du type de ménage ? À quel niveau est-on riche, pauvre ou moyen ? Les explications de l’Observatoire des inégalités. »
« Fruit d’un travail de recherche collectif, ce livre analyse la place de ces pratiques vidéoludiques au quotidien. Comment joue-t-on aux jeux vidéo aujourd’hui ? Qui joue, où, et avec qui ? Quelles sont les diverses pratiques, de sociabilité, d’échanges mais aussi de mobilités et de marquage de l’espace, qui se développent autour de ce loisir électronique ? Quelles sont les émotions, les expériences, les affects, que les jeux vidéo rendent possible ?
Cette exploration inédite du domaine des jeux vidéo étudie la diversité de leurs publics, les pratiques que ces derniers développent, et les expériences qui s’y éprouvent. »
Cette exploration inédite du domaine des jeux vidéo étudie la diversité de leurs publics, les pratiques que ces derniers développent, et les expériences qui s’y éprouvent. »
Shorter : Les sceptiques adorent pointer les biais des autres sans voir leurs propres biais à eux (dont l'effet Dunning-Kruger), ou pire en les niant.
« Il y a 50 ans, Bourdieu travaillait (avec JC Chamboredon) sur la sociologie de l'éducation, juste après mai-68. C'est une période où se multiplient les sondages sur le système d'enseignement, alors en pleine réforme. Or donc, que constate Bourdieu ? Que les questions posées présupposent 3 choses : que tout le monde a une opinion, que toutes les opinions se valent, et qu'il y a un consensus sur les problèmes.
Ce sont ces trois postulats que discute Bourdieu, et pas – il le mentionne rapidement – les critiques techniques sur la taille des échantillons ou leur constitution.
Un sondage, c'est un ensemble de questions posées à des gens qui se ne les sont peut-être jamais posées, qui ne sont pas disposés à y répondre comme le sondage le souhaiterait, et qui ne se reconnaissent peut-être même pas la compétence pour le faire.
Pourquoi fait-on cela ? Parce qu'il y a une demande : avoir l'opinion publique de son côté, pour un gouvernement, c'est être plus légitime. Et c'est en transformant la sommation d'opinions individuelles exprimées dans un sondage, en une « opinion publique » unie et explicite, que l'on peut faire exister un problème politique (pensez aux gens à qui l'on a demandé « êtes-vous favorable à la chloroquine » : c'est un moyen de faire entrer ce sujet dans le champ politique).
Reprenons les 3 points mentionnés par Bourdieu. 1. Tout le monde a une opinion. Vraiment ? Un étudiant encarté dans un parti de gauche saura distinguer des tas de nuances entre partis qu'un cadre moyen non militant ne distinguera pas. Et + généralement, la « compétence politique », dit Bourdieu, varie en fonction du niveau scolaire. Est-ce à dire que les + diplômés sont les + perspicaces, ou intelligents ? Non, ici la compétence est la capacité à exprimer des opinions elles-mêmes conformes à ce qu'on attend dans le champ politique. Ça fonctionne de la même manière qu'en esthétique, dit Bourdieu : avant de dire si l'on trouve une œuvre d'art belle, il faut savoir la reconnaître et la traiter comme œuvre d'art, c'est-à-dire exprimer un jugement formel (qui est la marque du goût distingué, celui des classes dominantes). Si vous savez non seulement reconnaître un Picasso, mais dire de quelle période du maître il s'agit, et commenter l'agencement des couleurs, vous faites preuve d'une compétence esthétique telle que la réclame le champ artistique. Idem en politique : les classes sup ont davantage l'habitude d'exprimer en des termes conformes au fonctionnement du champ politique, des jugements sur la politique.
Bien sûr des membres des classes pop sont très dotés en compétence politique : ceux qui militent dans un parti par exemple. Mais on voit que se prononcer sur une question politique (dans un sondage) en fonction de sa compétence politique, c'est très inégalement réparti. Que se passe-t-il lorsque l'on ne mobilise pas cette compétence ? On en vient au 2e point : toutes les opinions ne se valent pas. Ou plutôt : toutes les opinions ne sont pas produites de la même manière.
On répond à un sondage en fonction de dispositions étroitement liées à sa position de classe. Ainsi les personnes les + diplômées considèrent-elles les punitions à l'école comme une question politique, alors que les classes populaires y voient une question de morale, et répondent à un sondage sur ce point en fonction de leur morale de classe. Les principes qui guident l'expression des opinions sont donc hétérogènes les uns aux autres, ici.
Cela permet au passage de corriger une conclusion de la sociologie politique déjà ancienne à l'époque : les classes populaires seraient conservatrices par nature. En matière de morale privée et domestique, sans doute, dit Bourdieu.
Donc, lorsque l'on pose des questions qui sont, pour les classes pop, des questions de morale, on aura des réponses sur ce plan (hostilité aux nouvelles formes de pédagogie par exemple). En revanche, en ce qui concerne « la conservation ou la transformation de l'ordre social », alors les réponses des classes pop seront plus favorables à la novation que celles des classes sup, qui ont moins intérêt que les premières au changement. Confondre les principes proprement politiques et les principes éthiques de jugement sous l'étiquette « conservatisme » ou « progressisme » ne permet pas de comprendre cela.
3e point : il y a un consensus sur les problèmes, les questions des sondages ne sortent pas de nulle part. Bourdieu répond que la problématique dominante est celle que se posent les dominants : ceux « qui détiennent le pouvoir et entendent être informés sur les moyens d'organiser leur action politique, [qui] est très inégalement maîtrisée par les différentes classes sociales. Et, chose importante, celles-ci sont + ou – aptes à produire une contre-problématique. »
L'enquête par sondage s'imagine des répondant.e.s qui se prononceraient comme s'ils étaient dans un isoloir, seuls, en secret. Or dans la réalité, on *prend* des positions qui pré-existent, ou parfois, on ne les connaît même pas.
Il y a donc des « effets d'imposition de problématique » dans les sondages. Ça rappelle ce vieux pardoxe de psychologie sociale (je le mentionne, ce n'est pas dans Bourdieu) : si je vous enjoins de ne pas penser à un éléphant, maintenant, tout de suite, à quoi pensez-vous ?
(Bah oui, à un éléphant).
Concluons : « On a d'autant plus d'opinions sur un problème que l'on est + intéressé par ce problème, c'est-à-dire que l'on a plus intérêt à ce problème. » (je vous ai déjà dit que Bourdieu a le sens de la formule?)
Donc, l'opinion qui s'affirme « spontanément », c'est « l'opinion des gens dont l'opinion a du poids, comme on dit. » Et un sondage enregistre les prises de position connexes à celle-ci, en fonction de principes de production des opinions qui peuvent n'avoir rien à voir.
L'agrégation de toutes ces réponses produit dont un *artefact*, qui peut conduire à dire que « 60% des Français sont favorables à X ou Y », mais qui ne constitue en rien une « opinion publique ». Celle-ci, au sens strict, n'existe pas.
Le texte de l'exposé de Bourdieu se trouve dans le recueil Questions de sociologie, que tou.te.s les étudiant.e.s en sciences sociales devraient au moins feuilleter un jour. Et sinon, il est en ligne : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html
Erratum sur le tweet #2 : il s'agit de Jean-Claude Passeron et non Jean-Claude Chamboredon (eh oui à l'époque il y avait beaucoup de Jeà-Claude). My bad. »
(via Riff)
Ce sont ces trois postulats que discute Bourdieu, et pas – il le mentionne rapidement – les critiques techniques sur la taille des échantillons ou leur constitution.
Un sondage, c'est un ensemble de questions posées à des gens qui se ne les sont peut-être jamais posées, qui ne sont pas disposés à y répondre comme le sondage le souhaiterait, et qui ne se reconnaissent peut-être même pas la compétence pour le faire.
Pourquoi fait-on cela ? Parce qu'il y a une demande : avoir l'opinion publique de son côté, pour un gouvernement, c'est être plus légitime. Et c'est en transformant la sommation d'opinions individuelles exprimées dans un sondage, en une « opinion publique » unie et explicite, que l'on peut faire exister un problème politique (pensez aux gens à qui l'on a demandé « êtes-vous favorable à la chloroquine » : c'est un moyen de faire entrer ce sujet dans le champ politique).
Reprenons les 3 points mentionnés par Bourdieu. 1. Tout le monde a une opinion. Vraiment ? Un étudiant encarté dans un parti de gauche saura distinguer des tas de nuances entre partis qu'un cadre moyen non militant ne distinguera pas. Et + généralement, la « compétence politique », dit Bourdieu, varie en fonction du niveau scolaire. Est-ce à dire que les + diplômés sont les + perspicaces, ou intelligents ? Non, ici la compétence est la capacité à exprimer des opinions elles-mêmes conformes à ce qu'on attend dans le champ politique. Ça fonctionne de la même manière qu'en esthétique, dit Bourdieu : avant de dire si l'on trouve une œuvre d'art belle, il faut savoir la reconnaître et la traiter comme œuvre d'art, c'est-à-dire exprimer un jugement formel (qui est la marque du goût distingué, celui des classes dominantes). Si vous savez non seulement reconnaître un Picasso, mais dire de quelle période du maître il s'agit, et commenter l'agencement des couleurs, vous faites preuve d'une compétence esthétique telle que la réclame le champ artistique. Idem en politique : les classes sup ont davantage l'habitude d'exprimer en des termes conformes au fonctionnement du champ politique, des jugements sur la politique.
Bien sûr des membres des classes pop sont très dotés en compétence politique : ceux qui militent dans un parti par exemple. Mais on voit que se prononcer sur une question politique (dans un sondage) en fonction de sa compétence politique, c'est très inégalement réparti. Que se passe-t-il lorsque l'on ne mobilise pas cette compétence ? On en vient au 2e point : toutes les opinions ne se valent pas. Ou plutôt : toutes les opinions ne sont pas produites de la même manière.
On répond à un sondage en fonction de dispositions étroitement liées à sa position de classe. Ainsi les personnes les + diplômées considèrent-elles les punitions à l'école comme une question politique, alors que les classes populaires y voient une question de morale, et répondent à un sondage sur ce point en fonction de leur morale de classe. Les principes qui guident l'expression des opinions sont donc hétérogènes les uns aux autres, ici.
Cela permet au passage de corriger une conclusion de la sociologie politique déjà ancienne à l'époque : les classes populaires seraient conservatrices par nature. En matière de morale privée et domestique, sans doute, dit Bourdieu.
Donc, lorsque l'on pose des questions qui sont, pour les classes pop, des questions de morale, on aura des réponses sur ce plan (hostilité aux nouvelles formes de pédagogie par exemple). En revanche, en ce qui concerne « la conservation ou la transformation de l'ordre social », alors les réponses des classes pop seront plus favorables à la novation que celles des classes sup, qui ont moins intérêt que les premières au changement. Confondre les principes proprement politiques et les principes éthiques de jugement sous l'étiquette « conservatisme » ou « progressisme » ne permet pas de comprendre cela.
3e point : il y a un consensus sur les problèmes, les questions des sondages ne sortent pas de nulle part. Bourdieu répond que la problématique dominante est celle que se posent les dominants : ceux « qui détiennent le pouvoir et entendent être informés sur les moyens d'organiser leur action politique, [qui] est très inégalement maîtrisée par les différentes classes sociales. Et, chose importante, celles-ci sont + ou – aptes à produire une contre-problématique. »
L'enquête par sondage s'imagine des répondant.e.s qui se prononceraient comme s'ils étaient dans un isoloir, seuls, en secret. Or dans la réalité, on *prend* des positions qui pré-existent, ou parfois, on ne les connaît même pas.
Il y a donc des « effets d'imposition de problématique » dans les sondages. Ça rappelle ce vieux pardoxe de psychologie sociale (je le mentionne, ce n'est pas dans Bourdieu) : si je vous enjoins de ne pas penser à un éléphant, maintenant, tout de suite, à quoi pensez-vous ?
(Bah oui, à un éléphant).
Concluons : « On a d'autant plus d'opinions sur un problème que l'on est + intéressé par ce problème, c'est-à-dire que l'on a plus intérêt à ce problème. » (je vous ai déjà dit que Bourdieu a le sens de la formule?)
Donc, l'opinion qui s'affirme « spontanément », c'est « l'opinion des gens dont l'opinion a du poids, comme on dit. » Et un sondage enregistre les prises de position connexes à celle-ci, en fonction de principes de production des opinions qui peuvent n'avoir rien à voir.
L'agrégation de toutes ces réponses produit dont un *artefact*, qui peut conduire à dire que « 60% des Français sont favorables à X ou Y », mais qui ne constitue en rien une « opinion publique ». Celle-ci, au sens strict, n'existe pas.
Le texte de l'exposé de Bourdieu se trouve dans le recueil Questions de sociologie, que tou.te.s les étudiant.e.s en sciences sociales devraient au moins feuilleter un jour. Et sinon, il est en ligne : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html
Erratum sur le tweet #2 : il s'agit de Jean-Claude Passeron et non Jean-Claude Chamboredon (eh oui à l'époque il y avait beaucoup de Jeà-Claude). My bad. »
(via Riff)
Denis Colombi à propos de son bouquin
« C'est précisément lorsque je me vis (illusoirement) comme doté d'un libre arbitre, et que j'entrevois une marge de manoeuvre possible dans une situation compliquée, marge de manoeuvre qui dépendrait de moi, de mon "libre arbitre" que je suis le moins porté à souffrir.
Le déterminisme n'a rien de rassurant, et il n'est en rien confortable mentalement, car il est souvent associé à une éventuelle conscience des structures à l'oeuvre dans la production des déterminations qui engendrent telle situation. Difficile de ne pas se sentir écrasé.e par ces déterminations en question. Il y a bien plus de confort et de possibilité de se rassurer dans le fait de se convaincre que des situations dépendent de nous, et que si tel malheur dépend de nous, alors telle plausible solution dépend aussi de nous.
Or, à l'échelle politique, on peut bien tenter de se blinder au maximum, émotionnellement, économiquement, il n'empêche que les déterminations extrêmement puissantes qui échappent à notre maîtrise individuelle (mais pas collective) continueront de peser. Voilà pourquoi je pense que cet argument d'éditorialiste de plateau n'est pas convaincant. Il n'y a aucune satisfaction possible au fait de prendre acte des déterminations sociales. Pas slmt du strict point de vue de la méthode sociologique par ex. mais également à un niveau "métaphysique" (débat sur le libre arbitre). »
Le déterminisme n'a rien de rassurant, et il n'est en rien confortable mentalement, car il est souvent associé à une éventuelle conscience des structures à l'oeuvre dans la production des déterminations qui engendrent telle situation. Difficile de ne pas se sentir écrasé.e par ces déterminations en question. Il y a bien plus de confort et de possibilité de se rassurer dans le fait de se convaincre que des situations dépendent de nous, et que si tel malheur dépend de nous, alors telle plausible solution dépend aussi de nous.
Or, à l'échelle politique, on peut bien tenter de se blinder au maximum, émotionnellement, économiquement, il n'empêche que les déterminations extrêmement puissantes qui échappent à notre maîtrise individuelle (mais pas collective) continueront de peser. Voilà pourquoi je pense que cet argument d'éditorialiste de plateau n'est pas convaincant. Il n'y a aucune satisfaction possible au fait de prendre acte des déterminations sociales. Pas slmt du strict point de vue de la méthode sociologique par ex. mais également à un niveau "métaphysique" (débat sur le libre arbitre). »
Pas de DRM, mais un watermark et ça se dégage bien les watermark. Du coup, je me le prendrai.
Le bouquin d'Une heure de peine qui sort le 15 janvier. À voir la politique DRM des epubs de Payot
« Depuis longtemps, des chercheuses spécialisées dans les études de genre ont mis en avant le rôle de la socialisation à certaines émotions dans certains métiers et travaux, où les gens ne font pas qu'exécuter des tâches mais sont également rémunérés à démontrer des affects.
L'exemple qu'on donne généralement est celui des personnes en charge des métiers du soin, par exemple les assistantes maternelles, dont le métier n'implique pas que de nourrir, éduquer, habiller des enfants, mais aussi de témoigner de certaines émotions.
C'est le sens du mot "Travail émotionnel" (qui a été adéquatement étendu à la sphère de l'intime, mais vient à ma connaissance au départ d'une analyse des rapports de production et de travail).
L'erreur serait de croire que ce concept ne s'applique que à ces secteurs considérés comme "féminins". Emmanuelle Zolesio a retracé des processus similaires dans une profession très peu féminisée, la chirurgie, par exemple. https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2009-2-page-147.htm
Armés de ce concept, il est aisé de déduire que ce n'est pas un simple effet du hasard si une grosse partie du monde du stream est composée de... ça.
C'est un monde qui a terriblement besoin d'enquêtes sociologiques, donc il n'y a ici qu'une intuition, il faudrait la tester par des travaux empiriques (qui j'en suis sûr ont cours ou ont déjà eu cours).
Bref ce streameur en particulier, entre ses références pétées à Nietzsche, sont égotisme malsain, et ses "pétages de câbles" réguliers, n'a pas grand intérêt.
Ce qu'il dit sur les rapports sociaux et les relations de travail en ligne, par contre...
C'est aussi intéressant parce que nous entretenons des relations parasociales avec ces acteurs, soit dit en passant. Nous, leur public, les socialisons, mais eux, nos "idoles" nous socialisent aussi.
Ca n'a rien de nouveau hein en 1934 Marcel Mauss relatait déjà la façon dont le cinéma américain servait d'agent de socialisation pour les infirmières françaises.
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/Techniques_corps.html
Vous pouvez être wholesome autant que vous voulez tant que vous continuez de vivre dans un monde qui rémunère la toxicité par du capital social et le capital social par du capital économique vous aurez ce genre de figures.
Doooooonc j'imagine que la conclusion de ce thread est que si vous voulez aider ce pauvre garçon, vous devez abattre le capitalisme ?
Ca me va.
Allez hop hop on s'y met maintenant ça fait trop longtemps que ça dure cette affaire. »
L'exemple qu'on donne généralement est celui des personnes en charge des métiers du soin, par exemple les assistantes maternelles, dont le métier n'implique pas que de nourrir, éduquer, habiller des enfants, mais aussi de témoigner de certaines émotions.
C'est le sens du mot "Travail émotionnel" (qui a été adéquatement étendu à la sphère de l'intime, mais vient à ma connaissance au départ d'une analyse des rapports de production et de travail).
L'erreur serait de croire que ce concept ne s'applique que à ces secteurs considérés comme "féminins". Emmanuelle Zolesio a retracé des processus similaires dans une profession très peu féminisée, la chirurgie, par exemple. https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2009-2-page-147.htm
Armés de ce concept, il est aisé de déduire que ce n'est pas un simple effet du hasard si une grosse partie du monde du stream est composée de... ça.
C'est un monde qui a terriblement besoin d'enquêtes sociologiques, donc il n'y a ici qu'une intuition, il faudrait la tester par des travaux empiriques (qui j'en suis sûr ont cours ou ont déjà eu cours).
Bref ce streameur en particulier, entre ses références pétées à Nietzsche, sont égotisme malsain, et ses "pétages de câbles" réguliers, n'a pas grand intérêt.
Ce qu'il dit sur les rapports sociaux et les relations de travail en ligne, par contre...
C'est aussi intéressant parce que nous entretenons des relations parasociales avec ces acteurs, soit dit en passant. Nous, leur public, les socialisons, mais eux, nos "idoles" nous socialisent aussi.
Ca n'a rien de nouveau hein en 1934 Marcel Mauss relatait déjà la façon dont le cinéma américain servait d'agent de socialisation pour les infirmières françaises.
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/Techniques_corps.html
Vous pouvez être wholesome autant que vous voulez tant que vous continuez de vivre dans un monde qui rémunère la toxicité par du capital social et le capital social par du capital économique vous aurez ce genre de figures.
Doooooonc j'imagine que la conclusion de ce thread est que si vous voulez aider ce pauvre garçon, vous devez abattre le capitalisme ?
Ca me va.
Allez hop hop on s'y met maintenant ça fait trop longtemps que ça dure cette affaire. »
Les liens de téléchargement des pdf si vous voulez tout prendre avec wget :
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/barnabe/20003
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/peyron/19943
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/grandjean/19953
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/baychelier/19963
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/wit/19973
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/hocine/19983
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/giner/19993
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/genvo/20013
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/arsenault/20023
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/barnabe/20003
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/peyron/19943
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/grandjean/19953
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/baychelier/19963
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/wit/19973
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/hocine/19983
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/giner/19993
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/genvo/20013
https://ojs.uclouvain.be/index.php/emulations/article/download/arsenault/20023
« Il est tiré de Sociologie de la bourgeoisie de M. Pinçon et M. Pinçon-Charlot. Mais ce n'est pas un questionnaire qui permet de classer les individus, et il n'a pas été utilisé dans le cadre d'une recherche. Il en est plutôt le sous-produit.
C'est un test qui a été proposé dans le cadre d'une émission télévisée et qui constitue donc plutôt un support pédagogique. Mais comme tous les supports pédagogiques, il est dénué de sens si l'on n'explique pas l'intention et les travaux qu'il y a derrière.
Les Pinçon-Charlot, comme on les appelle couramment, parlent de la bourgeoisie dans un sens particulier : ils désignent un milieu social constitué par une fraction particulière des élites. Ce sont les grandes familles dynastiques, héritières de l'aristocratie.
"Bourgeoisie" n'est pas à prendre au sens courant : ce ne sont pas les "catégories aisées" ou "favorisées". Pas non plus au sens marxiste, ou alors dans un sens très traditionnel : les propriétaires des moyens de production. C'est plutôt le "gotha", ce sont les gens qui figurent dans le Who's Who, les "grandes fortunes", etc. Comment dire ? Aux Etats-Unis, ce seraient les parents de Lorelei Gilmore, vous voyez ?
L'un des résultats des travaux des Pinçon-Charlot, c'est que ce groupe particulier, que l'on pourrait penser déclinant et concurrencé notamment par la catégorie des managers, est en fait plus puissant que jamais.
C'est dans ce cadre qu'intervient ce test : il n'est pas fait pour que l'on calcule son "score de bourgeoisie" (même si ça peut être amusant), il n'est pas fait non plus pour mesurer la proximité avec cette classe. Il est fait pour faire prendre conscience des spécificités de ce milieu. Dans celui-ci, non seulement l'ensemble des réponses est "oui", mais en outre, il va de soi que c'est "oui" et que ça ne pourrait pas être autre chose que "oui".
Dans ce milieu, vous ne connaissez pas les prénoms de vos arrière-grands parents parce que votre oncle s'est passionné pour la généalogie et vous a soûlé avec au repas de Noël. Vous connaissez ces prénoms parce qu'il serait impensable de ne pas les connaitre. Vous ne parlez pas deux langues étrangères parce que vous avez eu la chance d'être envoyé un semestre à l'étranger et d'avoir un parent bilingue, mais parce que c'est la chose la plus naturelle du monde, surtout quand vous avez envoyé dans des internats privés en Suisse. On peut continuer comme ça : non seulement être bourgeois, au sens des Pinçon-Charlot, c'est remplir tous les critères et non pas seulement quelques uns, mais c'est en plus avoir ces critères comme milieu de vie.
Quand on tient compte de cela, on se rend compte que la bourgeoisie constitue vraiment un milieu à part. Ce n'est pas juste qu'ils ont "plus". C'est que ce "plus" finit par transformer des différences de degré en des différences "de nature".
Pour la plupart des gens, il s'agit tout simplement d'un autre monde. Relisez la liste et imaginez ce que serait votre vie si non seulement tous ces critères étaient remplis mais en plus si c'était le cas pour toutes les personnes autour de vous (sauf les domestiques).
Voilà. Là, j'ai du boulot, mais une prochaine fois, il faudra que je discute de l'appellation de "dominants". See you, space cow boy. »
C'est un test qui a été proposé dans le cadre d'une émission télévisée et qui constitue donc plutôt un support pédagogique. Mais comme tous les supports pédagogiques, il est dénué de sens si l'on n'explique pas l'intention et les travaux qu'il y a derrière.
Les Pinçon-Charlot, comme on les appelle couramment, parlent de la bourgeoisie dans un sens particulier : ils désignent un milieu social constitué par une fraction particulière des élites. Ce sont les grandes familles dynastiques, héritières de l'aristocratie.
"Bourgeoisie" n'est pas à prendre au sens courant : ce ne sont pas les "catégories aisées" ou "favorisées". Pas non plus au sens marxiste, ou alors dans un sens très traditionnel : les propriétaires des moyens de production. C'est plutôt le "gotha", ce sont les gens qui figurent dans le Who's Who, les "grandes fortunes", etc. Comment dire ? Aux Etats-Unis, ce seraient les parents de Lorelei Gilmore, vous voyez ?
L'un des résultats des travaux des Pinçon-Charlot, c'est que ce groupe particulier, que l'on pourrait penser déclinant et concurrencé notamment par la catégorie des managers, est en fait plus puissant que jamais.
C'est dans ce cadre qu'intervient ce test : il n'est pas fait pour que l'on calcule son "score de bourgeoisie" (même si ça peut être amusant), il n'est pas fait non plus pour mesurer la proximité avec cette classe. Il est fait pour faire prendre conscience des spécificités de ce milieu. Dans celui-ci, non seulement l'ensemble des réponses est "oui", mais en outre, il va de soi que c'est "oui" et que ça ne pourrait pas être autre chose que "oui".
Dans ce milieu, vous ne connaissez pas les prénoms de vos arrière-grands parents parce que votre oncle s'est passionné pour la généalogie et vous a soûlé avec au repas de Noël. Vous connaissez ces prénoms parce qu'il serait impensable de ne pas les connaitre. Vous ne parlez pas deux langues étrangères parce que vous avez eu la chance d'être envoyé un semestre à l'étranger et d'avoir un parent bilingue, mais parce que c'est la chose la plus naturelle du monde, surtout quand vous avez envoyé dans des internats privés en Suisse. On peut continuer comme ça : non seulement être bourgeois, au sens des Pinçon-Charlot, c'est remplir tous les critères et non pas seulement quelques uns, mais c'est en plus avoir ces critères comme milieu de vie.
Quand on tient compte de cela, on se rend compte que la bourgeoisie constitue vraiment un milieu à part. Ce n'est pas juste qu'ils ont "plus". C'est que ce "plus" finit par transformer des différences de degré en des différences "de nature".
Pour la plupart des gens, il s'agit tout simplement d'un autre monde. Relisez la liste et imaginez ce que serait votre vie si non seulement tous ces critères étaient remplis mais en plus si c'était le cas pour toutes les personnes autour de vous (sauf les domestiques).
Voilà. Là, j'ai du boulot, mais une prochaine fois, il faudra que je discute de l'appellation de "dominants". See you, space cow boy. »
« Certains prennent conscience de leurs lacunes pendant les études supérieures, entourés par des camarades au capital social et culturel plus élevé. »
« Le terme, inventé après une observation des loups, par un scientifique (Mech) a ensuite été complètement démenti, et Mech a passé sa vie à crier sur tous les toits qu'il s'était trompé et que les mâles alpha n'existaient pas chez le loup. https://www.youtube.com/watch?v=tNtFgdwTsbU
Certains prétendent que les mâles dominants existent chez les grands singes, or les grands singes les plus proches de nous, les bonobos, ont des sociétés matriarcales (où l'homosexualité et la bisexualité existent). Mais pas de alpha female non plus.
http://www.academia.edu/download/31485383/HOMOSEXUALITY_AND_BISEXUALITY_IN_FEMALE_BONOBOS.doc
Chez les chimpanzés, les mâles ayant le plus de partenaires (que les chercheureuses se sont mis.e.s à appeler Alpha) sont ceux qui prennent le plus soin des autres (toilettage, compagnie, jeu) bien plus souvent que le plus agressifs.
https://evolutionaryanthropology.duke.edu/sites/evolutionaryanthropology.duke.edu/files/Foster%20et%20al%202009%20Alhpa%20male%20chimapanzee%20styles.pdf
Par ailleurs les sociétés humaines ne basent plus la mesure de valeur sur la force physique depuis quelques temps. A vue de nez, quelques dizaines de milliers d'années. Les pharaons n'étaient pas physiquement les plus forts, ni n'avaient forcément le plus de compagnes d'égypte. Je dis d'ailleurs "depuis quelques temps" mais au vu de ce qu'on observe chez nos cousins les grands singes, il est presque aussi probable que la hierarchie n'ait jamais été naturellement prévalente et ait juste été un effet dépendant des cultures.
Les hommes les plus puissants du monde d'aujourd'hui sont presque aussi souvent des nerds, ou des gens qui se donnent un genre d'alpha, sans en être du tout... Qui douterait une seconde que Donald Trump se dégonflera devant le premier danger ? Personne.
Et l'idée du mâle qui domine par la force n'est même pas si ancienne que ça, à la cour de Louis XIV, qui aurait admiré une grosse brute ? A la renaissance, ou même parmi les philosophes de la Grèce antique, l'idée de "plus fort = plus de valeur pour la société" était ridicule.
Le mâle alpha est une construction moderne, le terme est apparu récemment, et il nous ramène à des formes de contrôle et de prédation antiques et absolument inutiles. Alors pourquoi certains l'utilisent ? Probablement parce que c'est tout ce qu'ils ont. Faute de pouvoir réel, on s'attache souvent des pouvoirs ou des fiertés symboliques. Je suis pauvre, je n'ai aucun poids politique, mais si je vais assez à la salle de sport je deviendrai un dominant !
Or quand on cherche les facteurs affectant le nombre de relations hétérosexuelles, la force physique n'en fait pas partie.
De très nombreuses études ont cherché les traits prédominants mais elles sont souvent inconclusives (amusez vous sur google scholar "romantic predictors"). Par contre, on a des recherches assez convainquantes sur le rôle de l'hypermasculinité (les gens qui sur-performent leur genre masculin, genre ceux qui parlent d'alpha/bêta) dans tout un tas de prédicteurs sociaux forts (prison, dépression, violence etc.) https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/s15427617rhd0104_2
Voilà, à envoyer à tous les neuneus qui vous parlent de mâles alpha : ce concept est une invention et vous faites du mal à la cohésion humaine en entretenant ce mythe.
Bisou »
Certains prétendent que les mâles dominants existent chez les grands singes, or les grands singes les plus proches de nous, les bonobos, ont des sociétés matriarcales (où l'homosexualité et la bisexualité existent). Mais pas de alpha female non plus.
http://www.academia.edu/download/31485383/HOMOSEXUALITY_AND_BISEXUALITY_IN_FEMALE_BONOBOS.doc
Chez les chimpanzés, les mâles ayant le plus de partenaires (que les chercheureuses se sont mis.e.s à appeler Alpha) sont ceux qui prennent le plus soin des autres (toilettage, compagnie, jeu) bien plus souvent que le plus agressifs.
https://evolutionaryanthropology.duke.edu/sites/evolutionaryanthropology.duke.edu/files/Foster%20et%20al%202009%20Alhpa%20male%20chimapanzee%20styles.pdf
Par ailleurs les sociétés humaines ne basent plus la mesure de valeur sur la force physique depuis quelques temps. A vue de nez, quelques dizaines de milliers d'années. Les pharaons n'étaient pas physiquement les plus forts, ni n'avaient forcément le plus de compagnes d'égypte. Je dis d'ailleurs "depuis quelques temps" mais au vu de ce qu'on observe chez nos cousins les grands singes, il est presque aussi probable que la hierarchie n'ait jamais été naturellement prévalente et ait juste été un effet dépendant des cultures.
Les hommes les plus puissants du monde d'aujourd'hui sont presque aussi souvent des nerds, ou des gens qui se donnent un genre d'alpha, sans en être du tout... Qui douterait une seconde que Donald Trump se dégonflera devant le premier danger ? Personne.
Et l'idée du mâle qui domine par la force n'est même pas si ancienne que ça, à la cour de Louis XIV, qui aurait admiré une grosse brute ? A la renaissance, ou même parmi les philosophes de la Grèce antique, l'idée de "plus fort = plus de valeur pour la société" était ridicule.
Le mâle alpha est une construction moderne, le terme est apparu récemment, et il nous ramène à des formes de contrôle et de prédation antiques et absolument inutiles. Alors pourquoi certains l'utilisent ? Probablement parce que c'est tout ce qu'ils ont. Faute de pouvoir réel, on s'attache souvent des pouvoirs ou des fiertés symboliques. Je suis pauvre, je n'ai aucun poids politique, mais si je vais assez à la salle de sport je deviendrai un dominant !
Or quand on cherche les facteurs affectant le nombre de relations hétérosexuelles, la force physique n'en fait pas partie.
De très nombreuses études ont cherché les traits prédominants mais elles sont souvent inconclusives (amusez vous sur google scholar "romantic predictors"). Par contre, on a des recherches assez convainquantes sur le rôle de l'hypermasculinité (les gens qui sur-performent leur genre masculin, genre ceux qui parlent d'alpha/bêta) dans tout un tas de prédicteurs sociaux forts (prison, dépression, violence etc.) https://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1207/s15427617rhd0104_2
Voilà, à envoyer à tous les neuneus qui vous parlent de mâles alpha : ce concept est une invention et vous faites du mal à la cohésion humaine en entretenant ce mythe.
Bisou »
Dommage que l'ebook ait des drm
De côté, pas encore lu
« C'est parti pour le colloque "anarchisme et sciences sociales" ! Petit livetweet ici :) http://ceraps.univ-lille2.fr/fr/actualites/detail-article/archive/2018/march/article/colloque-anarchisme-et-sciences-sociales.html?tx_ttnews%5BbackPid%5D=16&cHash=d70480d3df
Introduction : On est à l'université de Lille Droit et Santé, au laboratoire Ceraps, dont on remercie le soutien et le travail des administratifs. Petit rappel du contexte pour commencer : on est en pleine mobilisation contre les réformes néolibérales de l'université avec un amphi occupé à l'université de Lille 3, au lendemain d'une grande manifestation. L'université, et en particulier les sciences sociales, comme mode de formation critique, sont dans le collimateur du gouvernement. Hasard du calendrier : c'est aussi le procès de Tarnac
L'Etat est en lutte contre les sciences sociales et contre les anarchistes, ce qui fait écho aux 50 ans de mai 68, qui révèle, en France et ailleurs, le danger et la subversion de l'université comme lieu de discussion et de transmission libre des savoirs critiques.
Ce colloque essaie de penser les liens entre anarchisme et sciences sociales, dans un contexte de renouveau d'intérêt intellectuel pour l'anarchisme, avec la naissance des Anarchist Studies etc. (voir notre appel à communications ici : http://calenda.org/418576 )
Session 1. Théorie politique et anarchisme. On commence avec Marion Tillous (géographie, Legs, Paris 8), "Perspectives anarcha-féministes en géographie : l'Etat, la famille, et la chercheuse". Elle travaille sur les controverses autour de la non-mixité dans les transports publics
L'anarcha-féminisme, sur ces questions, interdit de s'en remettre à l'Etat, comme outil de protection ou même enjeu de lutte féministe (les femmes pourraient devenir dominantes dans l'Etat), car l'Etat n'est pas neutre, il est intrinsèquement patriarcal (cf Carole Pateman)
On enchaîne avec Francis Dupuis-Déri (science politique, Iref, Université du Québec à Montréal), "Le Principe désespérance. Propositions pour une philosophie anarchiste de l’Histoire". Il montre que plusieurs philosophies de l'histoire coexistent chez les auteurs anarchistes. La plus pertinente selon lui, celle selon laquelle l'humain est traversé par une antinomie fondamentale entre deux forces antagonistes, la domination et l'autonomie. Cette antinomie (sans résolution dialectique) traverse tous individus et est irréductible à la lutte des classes.
On passe à la discussion, il y a du monde et plein de questions
Après une pause, on reprend. L'occasion de faire un peu de publicité pour La Brique, journal de critique sociale http://labrique.net
Manuel Cervera-Marzal (science politique, Casa de Velazquez, Madrid), "La philosophie politique française refoule-t-elle son héritage anarchiste?" Discussion de Rancière, Abensour, Lefort et Castoriadis, qui ont en commun de s'opposer à l’idée que la politique, c’est l’ordre. Le paradoxe, c'est que ces auteurs, qui ont une conception de la politique comme désordre (démocratie sauvage, insurgente, etc.), prennent leur distance avec l'anarchisme. Abensour, Rancière, par exemple, défendent l'anarchie contre l'anarchisme. Tous ces auteurs pointent l'incapacité des anarchistes à penser la politique, le pouvoir, voire le social. Si l'anarchisme veut l'ordre moins le pouvoir, ces auteurs défendent la démocratie comme le pouvoir (capacité collective) sans l'ordre (commandement et ordonnancement).
On passe à Ali Kébir (philosophie,Caphi, Rennes 1) : "Ce que l'anarchie fait à la philosophie politique". Avec une impossibilité à penser ce que serait une philosophie politique anarchiste, car l'exigence anarchiste est contredite par le geste même de la philosophie politique. En effet, la philosophie politique entend déterminer l’arkhé, le fondement de la vie en communauté., ce que la politique doit être en vérité. C'est ce que dit Rancière : le philosophe ordonnance la polis (c'est la police), la philosophie est intrinsèquement disciplinaire.
Contre ça, il faut penser avec Absensour ("Démocratie sauvage et principe d’anarchie") faire une philosophie politique critique à partir de la déconstruction des fondements de l'arkhé. Mais plutôt que se fonder sur la théorie critique, Kébir propose de s'appuyer sur la généalogie. La généalogie de Foucault ne repose pas sur des fondements normatifs, elle vise à rapporter les arkhai du présent, qui se donnent comme naturels et nécessaires, à leur forme historique d’émergence. Problème : ça peut nous laisser démuni-e-s pour l'action.
Kébir (après Abensour) en appelle alors à l'utopie, qui ne fonctionne pas par prescription, mais par inspiration. L’inspiration utopique ne légifère pas, mais imagine, et montre un monde meilleur, exhibe une virtualité pratique qui avive un désir d’émancipation préexistant.
Dernière intervention de la matinée : Vincent Millou (théorie politique, Cevipof, IEP de Paris), "La question de la non-violence. Des théories de la désobéissance civile aux luttes contemporaines". A partir de Seattle 1999, renouveau d'intérêt pour désobéissance civile. Problème : souvent, les auteurs englobent beaucoup de choses différentes sous le terme désobéissance civile, sans prendre en compte la manière dont les acteurs pensent cette catégorie, et leurs divisions par exemple autour de la distinction violence / non-violence.
La discussion a été vive. On a parlé de non-violence, de Walter Benjamin, du rapport des démocrates radicaux au marxisme, de la pluralité des anarchismes, de l'ana-archie, du pouvoir de / pouvoir sur. Maintenant on va manger. Suspension du livetweet »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977179926184038400
« Reprise du LT commencé dans le tweet cité. Cet après-midi, deux sessions en parallèle, une sur les épistémologies de l’anarchisme, l'autre sur "Anarchisme et approches empiriques du social". Je commence par celle-ci.
On commence par Annalisa Lendaro (sociologie, Certop, Toulouse 2), "Désobéissance et rapports à la légalité dans la vallée de la Roya : réflexions sur/pour une sociologie politique anarchiste", sur l'infra-politique (James Scott) de la désobéissance. Il s'agit d'une enquête sur les gens qui désobéissent pour aider les migrant-e-s dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, qui repose sur un "faire-ensemble" entre enquêtrice et enquêté-e-s - une méthode pour une socio-anthropologie anarchiste
On passe à Costantino Paonessa (histoire, LarHis, Université catholique de Louvain la Neuve), "Classe, race et anarchistes italiens dans l’Egypte du début XX siècle : une analyse intersectionnelle de leur activisme". La question de départ est simple : Pourquoi anarchisme ne s’est pas implantée en Egypte, au tournant du XIXe-XXe, alors que ça a pris ailleurs ? Pour le comprendre, il faut saisir le militantisme des anarchistes en Egypte au prisme de la race. Paonessa décrit les mécanismes racisants des anarchistes vis-à-vis des travailleurs locaux. Ca passe par des représentations négatives infériorisantes des indigènes par les anarchistes, et par des processus de différenciation ou de concurrence concrets à base raciale.
Intervention suivante : Manon Him-Aquilli (sociolinguistique, Cerlis, Paris Descartes), "Que pourrait bien être une sociolinguistique anarchiste ?" Elle s'intéresse à la contradiction entre horizontalité et rapports de pouvoir dans discussions en assemblée générale. Elle fait un retour sur expérience : la difficulté à travailler sur les militant-e-s, du fait de leur stratégie discursive anti-intellectualiste, selon laquelle seul-e-s les militant-e-s peuvent comprendre l'expérience du militantisme et donc en parler. A l'inverse, une sociologue travaillant sur les militant-e-s étaient vue comme une dominante, commettant une faute morale de "faire carrière" sur le dos des militant-e-s. Pourtant, beaucoup de ces militant-e-s autonomes étaient étudiant-e-s ou doctorant-e-s, souvent d'IEP ou ENS. Mais ils travaillaient plutôt sur l'ennemi (patriarcat, prison...) Leur anti-intellectualisme n’était pas lié à l’idée que seuls les acteurs peuvent parler de leur expérience, mais plutôt à des relations de savoir-pouvoir : le milieu militant n'est pas hors pouvoir.
L'engagement ethnographique amène M Him-Aquilli à "virer indigène", passage entier au milieu militant. Elle observe donc en elle des formes de socialisation contradictoires, un processus qu'elle vit d'abord sous l'angle du langage.
La discussion est engagée par Anne Clerval sur les rapports entre ces actions militantes et le mouvement anarchiste ; sur la nécessité ou pas de s'engager pour rendre une recherche légitime ; sur l'intérêt de ces approches pour analyser les pratiques des anarchistes.
Pendant ce temps, l'autre atelier parlait épistémologies de l'anarchisme, avec une intervention d'Erwan Sommerer (science politique, GES/CRHI, Nice), "Dispersion de la vérité, constructivisme et scepticisme moral : la sociologie de la connaissance mène-t-elle à l’anarchisme ?". Il interroge la relation entre anarchisme et sociologie de la connaissance, à partir des travaux de K Mannheim, mais aussi de Schütz, Berger et Luckmann. Leur constructivisme montre comment les crises mettent au jour la malléabilité du monde social. Selon lui, l’anarchisme pourrait trouver dans le constructivisme matière à justifier sa réticence envers les systèmes socio-politiques figés et l’essentialisme identitaire.
Autre intervention, Pierre-André Jarrillot (anthropologie, Paris 8) « L’Éversion, un paradigme pour une science anarchiste ». Il oppose le paradigme de l’évolutionnisme au paradigme éversionniste, qui est une dialectique révolutionniste.
Le 3è, Guillaume de Gracia (anthropologie, Toulouse), n'a pas pu venir parler de "La gonzo anthropologie ou comment tenter de produire une science sociale anarchiste tout en s’extrayant de l’Etat comme objet d’étude pour mieux participer à sa destruction" Mais ça avait l'air bien
Audric Vitiello a ensuite animé la discussion mais je n'ai pas pu y assister, heureusement tout est filmé, vous aurez donc peut-être un jour accès à mieux qu'un live-tweet :) »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977477743016316933
« Reprise du colloque "anarchisme et sciences sociales", mais on a déserté la salle prévue pour rejoindre l'amphi occupé E.3.04 à l'Université de Lille droit et santé, à l'invitation des étudiant-e-s et personnels occupants, que l'on remercie de leur accueil
On commence avec Vivien Garcia (philosophie, Laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages, Grenoble) sur "Le postanarchisme aujourd’hui". La question est de rendre compte d'une importation des idées postmodernes par les anarchistes. La rencontre se fait d'abord aux Etats Unis. L'anarchisme apparaît plus adapté que le marxisme pour rendre compte des mouvements post 68, mais l'anarchisme dit classique ne convient pas car il tombe dans le piège de la modernité, étant seulement une radicalisation du libéralisme. D'un point de vue pratique, multiples développements postanarchistes, qui donnent lieu à des discussions, notamment entre insurrectionnalistes. Depuis 2010, nouveaux développements, autour d'Anarchisr Developments in Cultural Studies notamment. Idée qu'en fait anarchisme et post anarchisme ne sont pas si différents. Colloque the anarchist turn à la New school à New York, pour tournant anarchiste en philo et en sciences sociales. Aujourd'hui le postanarchisme s'intéresse plutôt au réalisme spéculatif. Conclusion : pas sûr que le postanarchisme serve à quelque chose scientifiquement et politiquement.
On passe à Irène Pereira (philosophie, Iresmo, ESPE Créteil), "Sciences sociales et anarchisme : à l’épreuve des pratiques anti-oppression". Lien entre théorie et mouvements sociaux, comment les sciences sociales sont bousculées par des mouvements. Comment les sciences sociales viennent bousculer l'anarchisme ? En particulier l'anti-oppression, courant apparaissant dans années 90 : ensemble de pratiques s'appuyant sur sciences sociales et idées militantes pour rendre le mouvement social plus inclusif. L'arrivée de ces réflexions chez les anarchiste passe d'abord par le féminisme radical, par la mouvance queer radicale, par le mouvement anarchiste people of color et le mouvement décolonial. Articuler anticapitalisme et luttes anti oppression. L'anarchisme pensait souvent qu'il suffisait de rendre l'organisation horizontale pour éliminer les problèmes de pouvoir. Mais des travaux notamment féministes montrent que ça n'est pas vrai, et l'horizontalité est récupérée par le néolibéralisme. D'où intérêt pour antioppression. Ces pratiques sont importées par des militant-e-s qui ont découvert féminisme radical, black feminism, intersectionnalité, notion de privilège social, théorie queer et sociologie du genre, pensée décoloniale (issue de monde latino américain, groupe colonialite et modernité). Malentendus entre ces théories universitaires et les mouvements sociaux, notamment anarchiste. Cf les anti racialistes. Malentendus sur constructivisme social et postmodernisme. Enfin controverses entre anarchistes sur les rapports entre athéisme et islamophobie
Ces pratiques anti oppression remettent en cause les relations de pouvoir interpersonnelles, et viennent objectiver la position sociale des militants (beaucoup d'hommes blancs classe moyenne), difficulté quand on est un mouvement de défense des dominés
Discussion sur la pensée décoloniale, le réalisme spéculatif, les lignes de privilège, le féminisme matérialiste québécois, ce colloque à la New school of social research. On décide de rester pour la 2e session. Les occupant-e-s commencent peut-être à regretter leur invitation 😂
On reprend avec Caroline Fayolle (histoire, Lirdef, Montpellier), "Une lecture anarchiste de la Révolution française. L’apport historiographique de Daniel Guérin". L'urgence politique du présent est au fondement de la lecture de l'histoire de Guérin, figure marxiste-libertaire
Petit point sur la biographie militante de ouf de Guérin. Révolution française au centre de sa réflexion. Publie beaucoup sur le sujet, notamment son chef d'oeuvre Bourgeois et bras nus, récemment réédité par @LibertaliaLivre avec présentation de Claude Guillon @LignesDeForce
Pour Guérin, la Révolution n'est pas un bloc, et il y a un germe socialiste libertaire dans la Révolution. Il propose une lecture de l'histoire s'inscrivant dans la théorie anar (Proudhon, Kropotkine) plutôt que l'école dominante de l'époque, l'école jacobine (Lefebvre, Soboul). Il essaie de dédoubler la Révolution, il y montre une conflictualité structurelle, de classe, avec la bourgeoisie qui s'empare de l'appareil d'Etat, et le proto-prolétariat dans le sans-culottisme (idée très critiquée par Soboul, comme sa vision de Robespierre). Cette opposition de classe est aussi une opposition entre deux conceptions de la démocratie: gouvernement représentatif contre démocratie directe (portée notamment par Commune de Paris). Pour lui, affrontement de 2 avant-gardes (Terreur contre embryon de dictature du prolétariat).
Projet de "déjacobinisation de la Révolution", passe par lecture de Proudhon (Idée générale de la Révolution), pour qui la Révolution aurait dû amener à une République du travail, mais a failli du fait du "préjugé gouvernemental" et méfiance du prolétariat des révolutionnaires
Il lit aussi Kropotkine (La Grande Révolution), qui reprend critique du "préjugé gouvernemental", cette fois-ci des historiens, qui dénaturent la Révolution en mettant au centre parlementaires. Pour lui deux courants dans la Révolution, celui des jacobins et celui des anarchistes
Spécificité de Guérin: se nourrit de penseurs ayant un rapport politique et non savant au passé. Et lui aussi pense avec le présent, veut réactiver un passé vivant (cf travaux sur référence au passé, contre l'usage au passé : le passé toujours inachevé cf Benjamin ou Castoriadis)
On passe à Philippe Corcuff (science politique, Cerlis, IEP de Lyon), "Mettre en tension Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu : ressources sociologiques pour une actualisation de la pensée libertaire". Il va faire un papier sur dialogue entre théorie sociologique et philosophie.
Mise en tension de deux auteurs, Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu, dans la perspective des antinomies proudhoniennes. Bourdieu ne fait pas référence à Tarde, et les deux ne sont pas anarchistes, même si Bourdieu, dans ses engagements, à pu avoir des éléments libertaires
Dans anarchisme, mise en tension individualités / cadres sociaux. On peut trouver des ressources chez Tarde, rôle de l'imitation, lecture interactionniste des relations sociales. Chez Bourdieu, les habitus et les champs s'inscrivent dans relations, mais structurales.
Comment penser l'émancipation autonome quand on critique le règne de l'opinion (comme Bourdieu le fait, comme Platon, ce qui amène Rancière à les renvoyer deux à deux) ? Il y a des ressources chez Tarde, concept de conversation : la presse anime le programme des conversations.
On passe à la discussion. sur la conception marxiste de l'histoire, les hérésies médiévales, la transduction d'Henri Lefebvre, les Enragés, de la dialectique, de la neutralité axiologique, de Proudhon, des jeux de langage, du programme de Gotha. Allez, pause déj, à plus
On reprend en ateliers séparés, pendant que l'AG se prépare en amphi E.3.04. Une session "Des sciences sociales anarchistes" animée par Isabelle Bruno (Ceraps, Lille), l'autre sur "L’anarchisme, une pensée du social, animée par Edouard Leport (Cresppa-CSU, Paris 8).
On commence la 1ère session avec un intervention de Jean-Charles Buttier @jcbuttier (science de l’éducation, Édhice, Genève), "Pour une histoire politique de l’éducation : l’apport de la pédagogie libertaire à la mise en place de l’école républicaine (1878-1914)"
James Guillaume a enseigné, il s'engage dans la fédération jurasienne, il doit quitter la Suisse, appelé en France par Ferdinand Buisson pour participer au Le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire. C'est un anti-autoritaire chez les républicains, important pour sa participation au dictionnaire, bible des instituteurs, et à la Revue pédagogique. Son importance dans l'histoire pédagogique vient de ses Idées sur l'organisation sociale, où il repense le rôle de l'instituteur. Quelle importance pour la didactique ? Intérêt d'historiciser les supports, replacer la didactique dans le contexte des débats politiques et pédagogiques. Guillaume ayant eu un rôle de passeur, par delà frontière pédagogie/politique, il est intéressant pour cette historicisation
On passe à Charles MacDonald (ethnologie, ADES, Aix-Marseille), "Ethnologie et Anarchisme. Les systèmes anarchogrégaires". Il est venu à l'anachisme par l'anthropologie. Quel rapport entre anthropologie et anarchisme ?
Paradoxe : les ethnologues ont observé pendant un siècle et demi des populations anarchiques mais n'ont généralement pas utilisé les idées anarchistes. Pourquoi ? Ethnocentrisme, hégémonie du marxisme, difficulté à penser une société sans chefs (+ dur que sans propriété privée)
Il y a des exceptions : Clastres, Diamond, Morris. Mais généralement pas de réflexion sur les sociétés anarcho-grégaires, ou collectifs d'agrégation faible, définis par 3 traits : pas de chef, identités collectives non linéaires, force de cohésion.
Comment marchent ces collectifs ? Par la coopération volontaire entre individus autonomes, ce qui requiert le mutualisme, une synthèse plus importante que la réciprocité de Lévi-Stauss. Dans ces sociétés, règne des liens faibles, définis non par l'intensité des liens émotionnels, mais par sa faible durée et sa non validation par une autorité tierce. Ces liens étant temporaires, il faut les renforcer et les réparer (fission / fusion des bandes)
Quelles conditions de félicité de la vie collective de ces sociétés ? Dispositifs de signes et symboles mettant en scène la non hostilité. et surtout partage / réciprocité. Cf Mauss sur le don, obligation de donner, recevoir, rendre, moteur de l'organisation sociale.
Très important modèle, mais a rendu invisible celui du partage, ethos fondamental des collectifs anarcho-grégaires. C'est encore le noyau de notre moralité. Bim.
On finit l'atelier avec Philippe Pelletier (géographie, EVS, Lyon 2), "Géographie anarchiste, non — Géographes anarchistes, oui — Du danger du scientisme en politique". Pelletier fait partie du réseau des géographes libertaires. Mais pas d'accord avec l'idée d'une géographie anar. La géographie, à la fois science sociale et science naturelle. Importance historique de l'apparition du darwinisme social, qui nous renseigne sur les risques du scientisme en géographie (cf F Raztel, fondateur de géographie humaine, théoricien du Lebensraum, espace vital). Mais on sait moins qu'un autre aspect de géo a été instrumentalisé par développement urbain : le modèle du nazi Christaller des places centrales. Aux Etats Unis, on trouve des choses fortes chez E C Semple, vision déterministe de la géographie.
Ellworth Huntington fait le lien entre race et climat, théorie racialiste, président de la Société écologique américaine, de societe de géographes, d'eugenistes. N'oublions pas que premier modèles eugénistes sont aux Etats Unis (cf André Pichot sur l'eugénisme)
Les géographes anarchisteq fonctionnent en réseau, avec militants. cf Elisée Reclus, trois règles à la géographie sociale : lutte des classes, recherche de l'équilibre, décision souveraine de l'individu. Mésologie, science des milieux, l'homme est un milieu pour l'homme.
XiXe siècle, batailles académiques après Darwin pour recombinaison des disciplines. Parmi propositions, mésologie (Bertillon) et écologie (Haeckel), interactions des organismes entre eux et avec l'extérieur, angle très biologique (éco systèmes). Cette dernière a du succès.
Haeckel est un anti-socialiste, anti-égalitaire, darwinisme social radical, pas de libre arbitre, membre de Société pour l'Hygiene de la Race, de la Société de Thulé. Vacher le traduit et dans préface demande d'adopter comme devise "Déterminisme, inégalité, sélection"
Victoire de l'écologie, cf déclaration Barrows, la géographie est l'écologie humaine, géographie au service de l'aménagement du territoire. Cf sociologues de l'École de Chicago, spatialisation et modélisation de la ville. Occultation de tout ça dans les histoires de l'écologie
Après 1945, écologie académique gagne son rang d'idée dominante avec le catastrophisme de Vogt et Osborn. En France B de Jouvenel, ancien du PPF de Doriot puis fondateur de la néolibérale société du Mont-Pèlerin, fonde écologie politique, prologue de capitalisme vert planifié
Tournant du Rapport Meadows, à lire, prédictions fausses. Choc. Début du scientisme écologiste. Dangereux de mettre adjectif anarchiste à un science, même écologie ou géographie.
Pendant ce temps, session "L’anarchisme, une pensée du social", animée par Edouard Leport (sociologie, Cresppa-CSU, Paris 8). Avec Paula Cossart (sociologie, Ceries, Lille), "Se référer à l’histoire pour faire du municipalisme libertaire une ‘utopie réelle’ "
Clémence Nasr (théorie politique, Centre de théorie politique, Université libre de Bruxelles), "Du lieu à la pensée du corps social. Réinvestissement sociologique de la commune anarchiste"
Jean Bérard (histoire, ISP, ENS Saclay), « Peut-on briser le bâton de la justice ? L’anarchisme à l’épreuve de la justice pénale ». Je peux pas LT, j'ai hâte de regarder les vidéos et de lire les papiers. Bon bah du coup dernière discussion avant fin du colloque et AG de lutte
Fin du colloque "anarchisme et sciences sociales" et suspension de l'occupation de l'amphi (aucun lien hein). Merci à tou-te-s les participant-e-s, au personnel administratif, au public et aux éditions libertalia, aux Âmes d'Atala, au CCL pour la table de presse / infokiosk !
Introduction : On est à l'université de Lille Droit et Santé, au laboratoire Ceraps, dont on remercie le soutien et le travail des administratifs. Petit rappel du contexte pour commencer : on est en pleine mobilisation contre les réformes néolibérales de l'université avec un amphi occupé à l'université de Lille 3, au lendemain d'une grande manifestation. L'université, et en particulier les sciences sociales, comme mode de formation critique, sont dans le collimateur du gouvernement. Hasard du calendrier : c'est aussi le procès de Tarnac
L'Etat est en lutte contre les sciences sociales et contre les anarchistes, ce qui fait écho aux 50 ans de mai 68, qui révèle, en France et ailleurs, le danger et la subversion de l'université comme lieu de discussion et de transmission libre des savoirs critiques.
Ce colloque essaie de penser les liens entre anarchisme et sciences sociales, dans un contexte de renouveau d'intérêt intellectuel pour l'anarchisme, avec la naissance des Anarchist Studies etc. (voir notre appel à communications ici : http://calenda.org/418576 )
Session 1. Théorie politique et anarchisme. On commence avec Marion Tillous (géographie, Legs, Paris 8), "Perspectives anarcha-féministes en géographie : l'Etat, la famille, et la chercheuse". Elle travaille sur les controverses autour de la non-mixité dans les transports publics
L'anarcha-féminisme, sur ces questions, interdit de s'en remettre à l'Etat, comme outil de protection ou même enjeu de lutte féministe (les femmes pourraient devenir dominantes dans l'Etat), car l'Etat n'est pas neutre, il est intrinsèquement patriarcal (cf Carole Pateman)
On enchaîne avec Francis Dupuis-Déri (science politique, Iref, Université du Québec à Montréal), "Le Principe désespérance. Propositions pour une philosophie anarchiste de l’Histoire". Il montre que plusieurs philosophies de l'histoire coexistent chez les auteurs anarchistes. La plus pertinente selon lui, celle selon laquelle l'humain est traversé par une antinomie fondamentale entre deux forces antagonistes, la domination et l'autonomie. Cette antinomie (sans résolution dialectique) traverse tous individus et est irréductible à la lutte des classes.
On passe à la discussion, il y a du monde et plein de questions
Après une pause, on reprend. L'occasion de faire un peu de publicité pour La Brique, journal de critique sociale http://labrique.net
Manuel Cervera-Marzal (science politique, Casa de Velazquez, Madrid), "La philosophie politique française refoule-t-elle son héritage anarchiste?" Discussion de Rancière, Abensour, Lefort et Castoriadis, qui ont en commun de s'opposer à l’idée que la politique, c’est l’ordre. Le paradoxe, c'est que ces auteurs, qui ont une conception de la politique comme désordre (démocratie sauvage, insurgente, etc.), prennent leur distance avec l'anarchisme. Abensour, Rancière, par exemple, défendent l'anarchie contre l'anarchisme. Tous ces auteurs pointent l'incapacité des anarchistes à penser la politique, le pouvoir, voire le social. Si l'anarchisme veut l'ordre moins le pouvoir, ces auteurs défendent la démocratie comme le pouvoir (capacité collective) sans l'ordre (commandement et ordonnancement).
On passe à Ali Kébir (philosophie,Caphi, Rennes 1) : "Ce que l'anarchie fait à la philosophie politique". Avec une impossibilité à penser ce que serait une philosophie politique anarchiste, car l'exigence anarchiste est contredite par le geste même de la philosophie politique. En effet, la philosophie politique entend déterminer l’arkhé, le fondement de la vie en communauté., ce que la politique doit être en vérité. C'est ce que dit Rancière : le philosophe ordonnance la polis (c'est la police), la philosophie est intrinsèquement disciplinaire.
Contre ça, il faut penser avec Absensour ("Démocratie sauvage et principe d’anarchie") faire une philosophie politique critique à partir de la déconstruction des fondements de l'arkhé. Mais plutôt que se fonder sur la théorie critique, Kébir propose de s'appuyer sur la généalogie. La généalogie de Foucault ne repose pas sur des fondements normatifs, elle vise à rapporter les arkhai du présent, qui se donnent comme naturels et nécessaires, à leur forme historique d’émergence. Problème : ça peut nous laisser démuni-e-s pour l'action.
Kébir (après Abensour) en appelle alors à l'utopie, qui ne fonctionne pas par prescription, mais par inspiration. L’inspiration utopique ne légifère pas, mais imagine, et montre un monde meilleur, exhibe une virtualité pratique qui avive un désir d’émancipation préexistant.
Dernière intervention de la matinée : Vincent Millou (théorie politique, Cevipof, IEP de Paris), "La question de la non-violence. Des théories de la désobéissance civile aux luttes contemporaines". A partir de Seattle 1999, renouveau d'intérêt pour désobéissance civile. Problème : souvent, les auteurs englobent beaucoup de choses différentes sous le terme désobéissance civile, sans prendre en compte la manière dont les acteurs pensent cette catégorie, et leurs divisions par exemple autour de la distinction violence / non-violence.
La discussion a été vive. On a parlé de non-violence, de Walter Benjamin, du rapport des démocrates radicaux au marxisme, de la pluralité des anarchismes, de l'ana-archie, du pouvoir de / pouvoir sur. Maintenant on va manger. Suspension du livetweet »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977179926184038400
« Reprise du LT commencé dans le tweet cité. Cet après-midi, deux sessions en parallèle, une sur les épistémologies de l’anarchisme, l'autre sur "Anarchisme et approches empiriques du social". Je commence par celle-ci.
On commence par Annalisa Lendaro (sociologie, Certop, Toulouse 2), "Désobéissance et rapports à la légalité dans la vallée de la Roya : réflexions sur/pour une sociologie politique anarchiste", sur l'infra-politique (James Scott) de la désobéissance. Il s'agit d'une enquête sur les gens qui désobéissent pour aider les migrant-e-s dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, qui repose sur un "faire-ensemble" entre enquêtrice et enquêté-e-s - une méthode pour une socio-anthropologie anarchiste
On passe à Costantino Paonessa (histoire, LarHis, Université catholique de Louvain la Neuve), "Classe, race et anarchistes italiens dans l’Egypte du début XX siècle : une analyse intersectionnelle de leur activisme". La question de départ est simple : Pourquoi anarchisme ne s’est pas implantée en Egypte, au tournant du XIXe-XXe, alors que ça a pris ailleurs ? Pour le comprendre, il faut saisir le militantisme des anarchistes en Egypte au prisme de la race. Paonessa décrit les mécanismes racisants des anarchistes vis-à-vis des travailleurs locaux. Ca passe par des représentations négatives infériorisantes des indigènes par les anarchistes, et par des processus de différenciation ou de concurrence concrets à base raciale.
Intervention suivante : Manon Him-Aquilli (sociolinguistique, Cerlis, Paris Descartes), "Que pourrait bien être une sociolinguistique anarchiste ?" Elle s'intéresse à la contradiction entre horizontalité et rapports de pouvoir dans discussions en assemblée générale. Elle fait un retour sur expérience : la difficulté à travailler sur les militant-e-s, du fait de leur stratégie discursive anti-intellectualiste, selon laquelle seul-e-s les militant-e-s peuvent comprendre l'expérience du militantisme et donc en parler. A l'inverse, une sociologue travaillant sur les militant-e-s étaient vue comme une dominante, commettant une faute morale de "faire carrière" sur le dos des militant-e-s. Pourtant, beaucoup de ces militant-e-s autonomes étaient étudiant-e-s ou doctorant-e-s, souvent d'IEP ou ENS. Mais ils travaillaient plutôt sur l'ennemi (patriarcat, prison...) Leur anti-intellectualisme n’était pas lié à l’idée que seuls les acteurs peuvent parler de leur expérience, mais plutôt à des relations de savoir-pouvoir : le milieu militant n'est pas hors pouvoir.
L'engagement ethnographique amène M Him-Aquilli à "virer indigène", passage entier au milieu militant. Elle observe donc en elle des formes de socialisation contradictoires, un processus qu'elle vit d'abord sous l'angle du langage.
La discussion est engagée par Anne Clerval sur les rapports entre ces actions militantes et le mouvement anarchiste ; sur la nécessité ou pas de s'engager pour rendre une recherche légitime ; sur l'intérêt de ces approches pour analyser les pratiques des anarchistes.
Pendant ce temps, l'autre atelier parlait épistémologies de l'anarchisme, avec une intervention d'Erwan Sommerer (science politique, GES/CRHI, Nice), "Dispersion de la vérité, constructivisme et scepticisme moral : la sociologie de la connaissance mène-t-elle à l’anarchisme ?". Il interroge la relation entre anarchisme et sociologie de la connaissance, à partir des travaux de K Mannheim, mais aussi de Schütz, Berger et Luckmann. Leur constructivisme montre comment les crises mettent au jour la malléabilité du monde social. Selon lui, l’anarchisme pourrait trouver dans le constructivisme matière à justifier sa réticence envers les systèmes socio-politiques figés et l’essentialisme identitaire.
Autre intervention, Pierre-André Jarrillot (anthropologie, Paris 8) « L’Éversion, un paradigme pour une science anarchiste ». Il oppose le paradigme de l’évolutionnisme au paradigme éversionniste, qui est une dialectique révolutionniste.
Le 3è, Guillaume de Gracia (anthropologie, Toulouse), n'a pas pu venir parler de "La gonzo anthropologie ou comment tenter de produire une science sociale anarchiste tout en s’extrayant de l’Etat comme objet d’étude pour mieux participer à sa destruction" Mais ça avait l'air bien
Audric Vitiello a ensuite animé la discussion mais je n'ai pas pu y assister, heureusement tout est filmé, vous aurez donc peut-être un jour accès à mieux qu'un live-tweet :) »
https://twitter.com/SamuelHayat/status/977477743016316933
« Reprise du colloque "anarchisme et sciences sociales", mais on a déserté la salle prévue pour rejoindre l'amphi occupé E.3.04 à l'Université de Lille droit et santé, à l'invitation des étudiant-e-s et personnels occupants, que l'on remercie de leur accueil
On commence avec Vivien Garcia (philosophie, Laboratoire Philosophie, Pratiques & Langages, Grenoble) sur "Le postanarchisme aujourd’hui". La question est de rendre compte d'une importation des idées postmodernes par les anarchistes. La rencontre se fait d'abord aux Etats Unis. L'anarchisme apparaît plus adapté que le marxisme pour rendre compte des mouvements post 68, mais l'anarchisme dit classique ne convient pas car il tombe dans le piège de la modernité, étant seulement une radicalisation du libéralisme. D'un point de vue pratique, multiples développements postanarchistes, qui donnent lieu à des discussions, notamment entre insurrectionnalistes. Depuis 2010, nouveaux développements, autour d'Anarchisr Developments in Cultural Studies notamment. Idée qu'en fait anarchisme et post anarchisme ne sont pas si différents. Colloque the anarchist turn à la New school à New York, pour tournant anarchiste en philo et en sciences sociales. Aujourd'hui le postanarchisme s'intéresse plutôt au réalisme spéculatif. Conclusion : pas sûr que le postanarchisme serve à quelque chose scientifiquement et politiquement.
On passe à Irène Pereira (philosophie, Iresmo, ESPE Créteil), "Sciences sociales et anarchisme : à l’épreuve des pratiques anti-oppression". Lien entre théorie et mouvements sociaux, comment les sciences sociales sont bousculées par des mouvements. Comment les sciences sociales viennent bousculer l'anarchisme ? En particulier l'anti-oppression, courant apparaissant dans années 90 : ensemble de pratiques s'appuyant sur sciences sociales et idées militantes pour rendre le mouvement social plus inclusif. L'arrivée de ces réflexions chez les anarchiste passe d'abord par le féminisme radical, par la mouvance queer radicale, par le mouvement anarchiste people of color et le mouvement décolonial. Articuler anticapitalisme et luttes anti oppression. L'anarchisme pensait souvent qu'il suffisait de rendre l'organisation horizontale pour éliminer les problèmes de pouvoir. Mais des travaux notamment féministes montrent que ça n'est pas vrai, et l'horizontalité est récupérée par le néolibéralisme. D'où intérêt pour antioppression. Ces pratiques sont importées par des militant-e-s qui ont découvert féminisme radical, black feminism, intersectionnalité, notion de privilège social, théorie queer et sociologie du genre, pensée décoloniale (issue de monde latino américain, groupe colonialite et modernité). Malentendus entre ces théories universitaires et les mouvements sociaux, notamment anarchiste. Cf les anti racialistes. Malentendus sur constructivisme social et postmodernisme. Enfin controverses entre anarchistes sur les rapports entre athéisme et islamophobie
Ces pratiques anti oppression remettent en cause les relations de pouvoir interpersonnelles, et viennent objectiver la position sociale des militants (beaucoup d'hommes blancs classe moyenne), difficulté quand on est un mouvement de défense des dominés
Discussion sur la pensée décoloniale, le réalisme spéculatif, les lignes de privilège, le féminisme matérialiste québécois, ce colloque à la New school of social research. On décide de rester pour la 2e session. Les occupant-e-s commencent peut-être à regretter leur invitation 😂
On reprend avec Caroline Fayolle (histoire, Lirdef, Montpellier), "Une lecture anarchiste de la Révolution française. L’apport historiographique de Daniel Guérin". L'urgence politique du présent est au fondement de la lecture de l'histoire de Guérin, figure marxiste-libertaire
Petit point sur la biographie militante de ouf de Guérin. Révolution française au centre de sa réflexion. Publie beaucoup sur le sujet, notamment son chef d'oeuvre Bourgeois et bras nus, récemment réédité par @LibertaliaLivre avec présentation de Claude Guillon @LignesDeForce
Pour Guérin, la Révolution n'est pas un bloc, et il y a un germe socialiste libertaire dans la Révolution. Il propose une lecture de l'histoire s'inscrivant dans la théorie anar (Proudhon, Kropotkine) plutôt que l'école dominante de l'époque, l'école jacobine (Lefebvre, Soboul). Il essaie de dédoubler la Révolution, il y montre une conflictualité structurelle, de classe, avec la bourgeoisie qui s'empare de l'appareil d'Etat, et le proto-prolétariat dans le sans-culottisme (idée très critiquée par Soboul, comme sa vision de Robespierre). Cette opposition de classe est aussi une opposition entre deux conceptions de la démocratie: gouvernement représentatif contre démocratie directe (portée notamment par Commune de Paris). Pour lui, affrontement de 2 avant-gardes (Terreur contre embryon de dictature du prolétariat).
Projet de "déjacobinisation de la Révolution", passe par lecture de Proudhon (Idée générale de la Révolution), pour qui la Révolution aurait dû amener à une République du travail, mais a failli du fait du "préjugé gouvernemental" et méfiance du prolétariat des révolutionnaires
Il lit aussi Kropotkine (La Grande Révolution), qui reprend critique du "préjugé gouvernemental", cette fois-ci des historiens, qui dénaturent la Révolution en mettant au centre parlementaires. Pour lui deux courants dans la Révolution, celui des jacobins et celui des anarchistes
Spécificité de Guérin: se nourrit de penseurs ayant un rapport politique et non savant au passé. Et lui aussi pense avec le présent, veut réactiver un passé vivant (cf travaux sur référence au passé, contre l'usage au passé : le passé toujours inachevé cf Benjamin ou Castoriadis)
On passe à Philippe Corcuff (science politique, Cerlis, IEP de Lyon), "Mettre en tension Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu : ressources sociologiques pour une actualisation de la pensée libertaire". Il va faire un papier sur dialogue entre théorie sociologique et philosophie.
Mise en tension de deux auteurs, Gabriel Tarde et Pierre Bourdieu, dans la perspective des antinomies proudhoniennes. Bourdieu ne fait pas référence à Tarde, et les deux ne sont pas anarchistes, même si Bourdieu, dans ses engagements, à pu avoir des éléments libertaires
Dans anarchisme, mise en tension individualités / cadres sociaux. On peut trouver des ressources chez Tarde, rôle de l'imitation, lecture interactionniste des relations sociales. Chez Bourdieu, les habitus et les champs s'inscrivent dans relations, mais structurales.
Comment penser l'émancipation autonome quand on critique le règne de l'opinion (comme Bourdieu le fait, comme Platon, ce qui amène Rancière à les renvoyer deux à deux) ? Il y a des ressources chez Tarde, concept de conversation : la presse anime le programme des conversations.
On passe à la discussion. sur la conception marxiste de l'histoire, les hérésies médiévales, la transduction d'Henri Lefebvre, les Enragés, de la dialectique, de la neutralité axiologique, de Proudhon, des jeux de langage, du programme de Gotha. Allez, pause déj, à plus
On reprend en ateliers séparés, pendant que l'AG se prépare en amphi E.3.04. Une session "Des sciences sociales anarchistes" animée par Isabelle Bruno (Ceraps, Lille), l'autre sur "L’anarchisme, une pensée du social, animée par Edouard Leport (Cresppa-CSU, Paris 8).
On commence la 1ère session avec un intervention de Jean-Charles Buttier @jcbuttier (science de l’éducation, Édhice, Genève), "Pour une histoire politique de l’éducation : l’apport de la pédagogie libertaire à la mise en place de l’école républicaine (1878-1914)"
James Guillaume a enseigné, il s'engage dans la fédération jurasienne, il doit quitter la Suisse, appelé en France par Ferdinand Buisson pour participer au Le Dictionnaire de pédagogie et d'instruction primaire. C'est un anti-autoritaire chez les républicains, important pour sa participation au dictionnaire, bible des instituteurs, et à la Revue pédagogique. Son importance dans l'histoire pédagogique vient de ses Idées sur l'organisation sociale, où il repense le rôle de l'instituteur. Quelle importance pour la didactique ? Intérêt d'historiciser les supports, replacer la didactique dans le contexte des débats politiques et pédagogiques. Guillaume ayant eu un rôle de passeur, par delà frontière pédagogie/politique, il est intéressant pour cette historicisation
On passe à Charles MacDonald (ethnologie, ADES, Aix-Marseille), "Ethnologie et Anarchisme. Les systèmes anarchogrégaires". Il est venu à l'anachisme par l'anthropologie. Quel rapport entre anthropologie et anarchisme ?
Paradoxe : les ethnologues ont observé pendant un siècle et demi des populations anarchiques mais n'ont généralement pas utilisé les idées anarchistes. Pourquoi ? Ethnocentrisme, hégémonie du marxisme, difficulté à penser une société sans chefs (+ dur que sans propriété privée)
Il y a des exceptions : Clastres, Diamond, Morris. Mais généralement pas de réflexion sur les sociétés anarcho-grégaires, ou collectifs d'agrégation faible, définis par 3 traits : pas de chef, identités collectives non linéaires, force de cohésion.
Comment marchent ces collectifs ? Par la coopération volontaire entre individus autonomes, ce qui requiert le mutualisme, une synthèse plus importante que la réciprocité de Lévi-Stauss. Dans ces sociétés, règne des liens faibles, définis non par l'intensité des liens émotionnels, mais par sa faible durée et sa non validation par une autorité tierce. Ces liens étant temporaires, il faut les renforcer et les réparer (fission / fusion des bandes)
Quelles conditions de félicité de la vie collective de ces sociétés ? Dispositifs de signes et symboles mettant en scène la non hostilité. et surtout partage / réciprocité. Cf Mauss sur le don, obligation de donner, recevoir, rendre, moteur de l'organisation sociale.
Très important modèle, mais a rendu invisible celui du partage, ethos fondamental des collectifs anarcho-grégaires. C'est encore le noyau de notre moralité. Bim.
On finit l'atelier avec Philippe Pelletier (géographie, EVS, Lyon 2), "Géographie anarchiste, non — Géographes anarchistes, oui — Du danger du scientisme en politique". Pelletier fait partie du réseau des géographes libertaires. Mais pas d'accord avec l'idée d'une géographie anar. La géographie, à la fois science sociale et science naturelle. Importance historique de l'apparition du darwinisme social, qui nous renseigne sur les risques du scientisme en géographie (cf F Raztel, fondateur de géographie humaine, théoricien du Lebensraum, espace vital). Mais on sait moins qu'un autre aspect de géo a été instrumentalisé par développement urbain : le modèle du nazi Christaller des places centrales. Aux Etats Unis, on trouve des choses fortes chez E C Semple, vision déterministe de la géographie.
Ellworth Huntington fait le lien entre race et climat, théorie racialiste, président de la Société écologique américaine, de societe de géographes, d'eugenistes. N'oublions pas que premier modèles eugénistes sont aux Etats Unis (cf André Pichot sur l'eugénisme)
Les géographes anarchisteq fonctionnent en réseau, avec militants. cf Elisée Reclus, trois règles à la géographie sociale : lutte des classes, recherche de l'équilibre, décision souveraine de l'individu. Mésologie, science des milieux, l'homme est un milieu pour l'homme.
XiXe siècle, batailles académiques après Darwin pour recombinaison des disciplines. Parmi propositions, mésologie (Bertillon) et écologie (Haeckel), interactions des organismes entre eux et avec l'extérieur, angle très biologique (éco systèmes). Cette dernière a du succès.
Haeckel est un anti-socialiste, anti-égalitaire, darwinisme social radical, pas de libre arbitre, membre de Société pour l'Hygiene de la Race, de la Société de Thulé. Vacher le traduit et dans préface demande d'adopter comme devise "Déterminisme, inégalité, sélection"
Victoire de l'écologie, cf déclaration Barrows, la géographie est l'écologie humaine, géographie au service de l'aménagement du territoire. Cf sociologues de l'École de Chicago, spatialisation et modélisation de la ville. Occultation de tout ça dans les histoires de l'écologie
Après 1945, écologie académique gagne son rang d'idée dominante avec le catastrophisme de Vogt et Osborn. En France B de Jouvenel, ancien du PPF de Doriot puis fondateur de la néolibérale société du Mont-Pèlerin, fonde écologie politique, prologue de capitalisme vert planifié
Tournant du Rapport Meadows, à lire, prédictions fausses. Choc. Début du scientisme écologiste. Dangereux de mettre adjectif anarchiste à un science, même écologie ou géographie.
Pendant ce temps, session "L’anarchisme, une pensée du social", animée par Edouard Leport (sociologie, Cresppa-CSU, Paris 8). Avec Paula Cossart (sociologie, Ceries, Lille), "Se référer à l’histoire pour faire du municipalisme libertaire une ‘utopie réelle’ "
Clémence Nasr (théorie politique, Centre de théorie politique, Université libre de Bruxelles), "Du lieu à la pensée du corps social. Réinvestissement sociologique de la commune anarchiste"
Jean Bérard (histoire, ISP, ENS Saclay), « Peut-on briser le bâton de la justice ? L’anarchisme à l’épreuve de la justice pénale ». Je peux pas LT, j'ai hâte de regarder les vidéos et de lire les papiers. Bon bah du coup dernière discussion avant fin du colloque et AG de lutte
Fin du colloque "anarchisme et sciences sociales" et suspension de l'occupation de l'amphi (aucun lien hein). Merci à tou-te-s les participant-e-s, au personnel administratif, au public et aux éditions libertalia, aux Âmes d'Atala, au CCL pour la table de presse / infokiosk !
« Notre monde n’a jamais été aussi peu violent, disent les chiffres et certains essayistes. S’en remettre à des éléments statistiques quantitatifs est insuffisant, rétorque François Cusset. »
« Etre blanc⋅he est donc moins une question d’épiderme que de position sociale et économique dans un contexte socio-historique donné. De la même manière, «racisé» ne désigne pas une identité communautaire, mais une marque associée à une position sociale, économique, politique et symbolique subalterne. »
(via https://www.seven-ash-street.fr/links/?YE3HUg)
(via https://www.seven-ash-street.fr/links/?YE3HUg)
« Féministe, tu as sans doute déjà rencontré, lors d'un débat, cette personne qui te parlait des animaux pour justifier les rôles genrés ?
Qui t'expliquait que "oui mais après tout, c'est bien les babouines et les lionnes qui s'occupent des enfants" ? Colette Guillaumin aussi
Elle a écrit un article sur "l'éthologie", et la mode soudaine des docus animaliers apparue vers les années 60
Elle y inclut toute la vulgarisation scientifique autour des études animalières, revues, articles de presse, etc.
Elle remarque que souvent, ces études parlent en fait moins des animaux que des hommes, et de la sociabilité humaine
"Ancienne tradition assurément que l'appel aux animaux pour figurer les hommes", dit-elle en citant les fables de La Fontaine en exemple
Le présupposé de beaucoup de ces docus, remarque-t-elle, c'est de réduire la socialité humaine à une socialité "animale" homogène
"Ceci au profit d'une homogénéité supposée de la socialité du vivant". Sauf qu'en fait, si souvent on tente d'expliquer l'homme en observant les lions ou les loups, on défend par contre les différences entre les espèces entre elles : on dit "l'H est un loup pour l'H", mais on ne se préoccupe pas d'expliquer le loup par le chimpanzé. Le référent est tjs l'H, pas le comportement socio-animal en tant que tel
Conclusion : "l'animal est le masque qui dissimule le projet de justifier l'homme", et un ordre social
Du coup, quels animaux sont choisis, se demande Guillaumin ? En fait, ça dépend de ce qu'on cherche à prouver au départ
"L'ensemble des sociétés animales [...] vient offrir des miroirs à chacun des aspects de la socialité de l'homme"
"Car en effet, ce ne sont pas ts les aspects d'une société animale donnée qui vont venir, dans leur totalité, expliquer la socialité humaine Ce sont les aspects de la société animale, atomisés, qui sont le plus propres à confirmer l'idée qu'on s'est déjà faite sur les caractères dominants de la socialité humaine".
Du coup, si le but est de garder les femmes à la cuisine, "on ne manquera pas de trouver les babouins ou les vaches qui viendront de leur exclusivisme femello-parental appuyer les vues les plus solides sur la spécialisation naturelle des F" à s'occuper des enfants, les nourrir, etc. "Les espèces animales où [...] le sens paternel assure seul la conservation de l'espèce seront noyées d'une épaisse obscurité".
Conclusion : "Les sociétés animales offrent une si vaste étendue de faits, interprétables dans des directions fondamentalement différentes, qu'on ne pourrait sérieusement défendre l'idée d'un ordre naturel, universel, immuable, propre à la socialité de toutes les formes animales".
J'ajoute un dernier truc qu'elle développe car ce thread comment à être beaucoup trop long lol : elle remarque que les historiens sont svt prudents sur la possibilité de comparer des sociétés humaines, idem les anthropologues ; pourquoi alors on accepte si facilemt de commenter la conduite d'un groupe humaine à la lumière d'un autre groupe animal ? Ce faisant, dit-elle, on refuse de tenir compte de 3 éléments constitutifs de la socialité humaine : la technique, la conscience, et l'histoire.
Voilà j'arrête ici, le titre de l'article :
"Les harengs et les tigres. Remarques sur l'éthologie", publié en 1978 pour la 1ère fois et republié là dedans : https://editions-ixe.fr/content/sexe-race-pratique-du-pouvoir »
Qui t'expliquait que "oui mais après tout, c'est bien les babouines et les lionnes qui s'occupent des enfants" ? Colette Guillaumin aussi
Elle a écrit un article sur "l'éthologie", et la mode soudaine des docus animaliers apparue vers les années 60
Elle y inclut toute la vulgarisation scientifique autour des études animalières, revues, articles de presse, etc.
Elle remarque que souvent, ces études parlent en fait moins des animaux que des hommes, et de la sociabilité humaine
"Ancienne tradition assurément que l'appel aux animaux pour figurer les hommes", dit-elle en citant les fables de La Fontaine en exemple
Le présupposé de beaucoup de ces docus, remarque-t-elle, c'est de réduire la socialité humaine à une socialité "animale" homogène
"Ceci au profit d'une homogénéité supposée de la socialité du vivant". Sauf qu'en fait, si souvent on tente d'expliquer l'homme en observant les lions ou les loups, on défend par contre les différences entre les espèces entre elles : on dit "l'H est un loup pour l'H", mais on ne se préoccupe pas d'expliquer le loup par le chimpanzé. Le référent est tjs l'H, pas le comportement socio-animal en tant que tel
Conclusion : "l'animal est le masque qui dissimule le projet de justifier l'homme", et un ordre social
Du coup, quels animaux sont choisis, se demande Guillaumin ? En fait, ça dépend de ce qu'on cherche à prouver au départ
"L'ensemble des sociétés animales [...] vient offrir des miroirs à chacun des aspects de la socialité de l'homme"
"Car en effet, ce ne sont pas ts les aspects d'une société animale donnée qui vont venir, dans leur totalité, expliquer la socialité humaine Ce sont les aspects de la société animale, atomisés, qui sont le plus propres à confirmer l'idée qu'on s'est déjà faite sur les caractères dominants de la socialité humaine".
Du coup, si le but est de garder les femmes à la cuisine, "on ne manquera pas de trouver les babouins ou les vaches qui viendront de leur exclusivisme femello-parental appuyer les vues les plus solides sur la spécialisation naturelle des F" à s'occuper des enfants, les nourrir, etc. "Les espèces animales où [...] le sens paternel assure seul la conservation de l'espèce seront noyées d'une épaisse obscurité".
Conclusion : "Les sociétés animales offrent une si vaste étendue de faits, interprétables dans des directions fondamentalement différentes, qu'on ne pourrait sérieusement défendre l'idée d'un ordre naturel, universel, immuable, propre à la socialité de toutes les formes animales".
J'ajoute un dernier truc qu'elle développe car ce thread comment à être beaucoup trop long lol : elle remarque que les historiens sont svt prudents sur la possibilité de comparer des sociétés humaines, idem les anthropologues ; pourquoi alors on accepte si facilemt de commenter la conduite d'un groupe humaine à la lumière d'un autre groupe animal ? Ce faisant, dit-elle, on refuse de tenir compte de 3 éléments constitutifs de la socialité humaine : la technique, la conscience, et l'histoire.
Voilà j'arrête ici, le titre de l'article :
"Les harengs et les tigres. Remarques sur l'éthologie", publié en 1978 pour la 1ère fois et republié là dedans : https://editions-ixe.fr/content/sexe-race-pratique-du-pouvoir »
Pas encore pris le temps d'écouter.
43min #Usul
« J'ai envie de vous faire une tweet story sur une pandémie dans un jeu vidéo, qui a abouti à une publication dans le Lancet Infection Disease
Vous connaissez surement déjà cette anecdote, mais au cas où.
Voici l'histoire de l'incident du Sang Vicié.
L'histoire prend lieu dans le monde de World of Warcraft en sept 2005. A cette époque on dénombre plus de 4 millions de joueurs
Pour bien comprendre cette histoire, je vous résume rapidement certains principes du monde de World of Warcraft.
Il s'agit d'un monde, vaste, avec plusieurs capitales, un système de transport par téléportation, ou avec des montures.
Pour les joueurs de haut level, il existe ce que l'on appelle des instances, des raids. Des gros défis.
Ce sont des missions qui se jouent à plusieurs, et qui se terminent par un boss final particulièrement difficile à battre.
En sept 2005, arriva l'instance de Zul'Gurub, défi pour les joueurs haut level, en équipe de 20 personnes.
A la fin de cette instance, un boss, assez coriace prénommé Hakkar l'Écorcheur d'Âmes qui avait un sort particulier.
Je vous présente Hakkar. Charmant, n'est-ce pas ?
http://files.nekoblog.org/uploads/imgs/tweet-rifampicine-hakkar.jpg
Son sort agissait comme un poison, un malus qui retirait une centaine de point de vie par seconde à la personne atteinte.
Ce sort avait pour particularité de se transmettre aux joueurs proches de la personne atteinte, ainsi qu'aux "pets".
Les pets, sont des animaux de compagnie, avec des capacités spéciales, pouvant être invoqués par certaines classes.
Ils peuvent être invoqués ou renvoyés selon les cas de figure et les besoins de l'invocateur. Je simplifie c'est pas le sujet.
Lors d'un combat, l'un des animaux fut contaminé, en étant à proximité de son invocateur lui même atteint par le malus du boss.
L'invocateur, réalisa, ou pas, que son animal était infecté. Le fait est qu'il le renvoya, avant qu'il ne soit guéri ou mort.
Je dis "guéri ou mort", car les deux seuls moyens de se débarrasser de ce malus étaient d'être soigné ou d'en mourir.
L'autre possibilité était tout simplement de sortir du raid. Malheureusement, cela n'avait pas été pensé pour les animaux.
Oui, du coup il y avait 3 moyens. Ok j'avoue, j'ai mal compté. Pardon.
Toujours est il que cet oubli fut le point de départ de ce que l'on appelle ajd, l'Incident du Sang Vicié, du nom du sort.
L'invocateur, une fois l'instance terminée, retourna en ville, et réinvoqua son animal, malade.
Les villes de World of Warcraft sont très très peuplées, avec des voyageurs venus des quatre coins du monde
Sur place pour plus ou moins longtemps, de tout niveau, joueurs confirmés, joueurs novices, haut et bas level.
Tout comme une ville réelle, avec des gens à la santé fragile, d'autres plus résistants, des locaux, des voyageurs etc.
L'animal commença à contaminer, par proximité, 1 personne puis 2, puis d'autres qui contaminèrent à leur tour d'autres joueurs.
Pour les joueurs de haut niveau, la perte de vie, insignifiante, retardait la réalisation de la maladie et donc son soin.
Tout comme une personne en bonne santé développera les symptomes d'autant plus tardivement, favorisant ainsi la transmission.
Les joueurs se téléportèrent d'une ville à l'autre, sans réaliser leur malus, et la maladie se répandit partout dans le monde.
Armée des douze singes spotted.
Cela fut terrible pour les joueurs novices, avec peu de points de vie, qui mourraient en boucle, réinfectés après résurrection.
Ils furent les victimes les plus nombreuses, comme toute personnes avec un terrain fragile (agées, nourissons...).
Autre point qui joua sur le déroulement des événements. Les PNJ, personnages non joueurs, furent aussi infectés.
Les PNJ sont indispensables au bon déroulement du jeu en intervenant dans l'épopée de chaque joueur.
Pour éviter tout problème lié à la disparition d'un PNJ, leurs points de vie sont très élevés et ils ne peuvent pas mourir.
Etant des personnages non joueurs, ils ne se soignaient pas, et restaient porteurs/transmetteurs sains de la maladie.
Je résume le tout avec un schéma issu d'une publication sur le sujet dont le lien arrive bientôt.
http://files.nekoblog.org/uploads/imgs/tweet-rifampicine-schema.jpg
Devant cette pandémie, les employés de Blizzard (concepteur du jeu), demandèrent aux personnes infectées de rester entre elles.
Pour créer des zones de quarantaine, le temps que le phénomène puisse être éradiqué. Ahah les utopistes...
Bien sur il suffira de quelques joueurs, ne souhaitant pas respecter ces directives pour anéantir totalement cette stratégie.
Finalement, Blizzard, provoqua un reset et appliqua une MàJ où ce malus n'existait pas, pour venir à bout de la pandémie.
Devant cet épisode, des chercheurs décidèrent a posteriori d'étudier le comportement des joueurs et de la maladie dans le jeu.
En utilisant les données récoltées par les serveurs du jeu au moment de l'incident.
Ils voulaient utiliser ces données pour faire des projections en cas de pandémie dans le monde réel, cette fois.
Cela fut d'autant plus utile que les réactions des joueurs furent aussi diverses qu'elles pourraient l'être dans le monde réel.
Entre ceux qui se hâtaient à travers le monde de soigner tout joueur atteint, ceux qui s'amusaient à répandre la maladie,
Ceux, infectés, qui évitaient d'eux mêmes tout contact pour éviter de transmettre la maladie. #shootmeimalreadydead
Ceux, non infectés, qui, poussés par la curiosité allaient voir ce qui se passait et revenaient ensuite dans leur capitale.
Ceux qui fuirent les villes pour rester le plus loin possible des zones atteintes, entre non infectés.
Bref, autant de réaction qui permirent à des chercheurs d'aboutir à des modèles de projection, dont une publication.
Qui ouvrit la porte de l'utilisation des MMORPG pour étudier les réactions d'une communauté face à un problème.
Publication que vous pourrez trouver dans le lien ci dessous.
http://rifters.com/real/articles/Lofgren_Fefferman_Lancet.pdf
( sauvegarde : http://files.nekoblog.org/uploads/pdf/Lofgren_Fefferman_Lancet.pdf )
Merci d'avoir lu jusque là :) »
Vous connaissez surement déjà cette anecdote, mais au cas où.
Voici l'histoire de l'incident du Sang Vicié.
L'histoire prend lieu dans le monde de World of Warcraft en sept 2005. A cette époque on dénombre plus de 4 millions de joueurs
Pour bien comprendre cette histoire, je vous résume rapidement certains principes du monde de World of Warcraft.
Il s'agit d'un monde, vaste, avec plusieurs capitales, un système de transport par téléportation, ou avec des montures.
Pour les joueurs de haut level, il existe ce que l'on appelle des instances, des raids. Des gros défis.
Ce sont des missions qui se jouent à plusieurs, et qui se terminent par un boss final particulièrement difficile à battre.
En sept 2005, arriva l'instance de Zul'Gurub, défi pour les joueurs haut level, en équipe de 20 personnes.
A la fin de cette instance, un boss, assez coriace prénommé Hakkar l'Écorcheur d'Âmes qui avait un sort particulier.
Je vous présente Hakkar. Charmant, n'est-ce pas ?
http://files.nekoblog.org/uploads/imgs/tweet-rifampicine-hakkar.jpg
Son sort agissait comme un poison, un malus qui retirait une centaine de point de vie par seconde à la personne atteinte.
Ce sort avait pour particularité de se transmettre aux joueurs proches de la personne atteinte, ainsi qu'aux "pets".
Les pets, sont des animaux de compagnie, avec des capacités spéciales, pouvant être invoqués par certaines classes.
Ils peuvent être invoqués ou renvoyés selon les cas de figure et les besoins de l'invocateur. Je simplifie c'est pas le sujet.
Lors d'un combat, l'un des animaux fut contaminé, en étant à proximité de son invocateur lui même atteint par le malus du boss.
L'invocateur, réalisa, ou pas, que son animal était infecté. Le fait est qu'il le renvoya, avant qu'il ne soit guéri ou mort.
Je dis "guéri ou mort", car les deux seuls moyens de se débarrasser de ce malus étaient d'être soigné ou d'en mourir.
L'autre possibilité était tout simplement de sortir du raid. Malheureusement, cela n'avait pas été pensé pour les animaux.
Oui, du coup il y avait 3 moyens. Ok j'avoue, j'ai mal compté. Pardon.
Toujours est il que cet oubli fut le point de départ de ce que l'on appelle ajd, l'Incident du Sang Vicié, du nom du sort.
L'invocateur, une fois l'instance terminée, retourna en ville, et réinvoqua son animal, malade.
Les villes de World of Warcraft sont très très peuplées, avec des voyageurs venus des quatre coins du monde
Sur place pour plus ou moins longtemps, de tout niveau, joueurs confirmés, joueurs novices, haut et bas level.
Tout comme une ville réelle, avec des gens à la santé fragile, d'autres plus résistants, des locaux, des voyageurs etc.
L'animal commença à contaminer, par proximité, 1 personne puis 2, puis d'autres qui contaminèrent à leur tour d'autres joueurs.
Pour les joueurs de haut niveau, la perte de vie, insignifiante, retardait la réalisation de la maladie et donc son soin.
Tout comme une personne en bonne santé développera les symptomes d'autant plus tardivement, favorisant ainsi la transmission.
Les joueurs se téléportèrent d'une ville à l'autre, sans réaliser leur malus, et la maladie se répandit partout dans le monde.
Armée des douze singes spotted.
Cela fut terrible pour les joueurs novices, avec peu de points de vie, qui mourraient en boucle, réinfectés après résurrection.
Ils furent les victimes les plus nombreuses, comme toute personnes avec un terrain fragile (agées, nourissons...).
Autre point qui joua sur le déroulement des événements. Les PNJ, personnages non joueurs, furent aussi infectés.
Les PNJ sont indispensables au bon déroulement du jeu en intervenant dans l'épopée de chaque joueur.
Pour éviter tout problème lié à la disparition d'un PNJ, leurs points de vie sont très élevés et ils ne peuvent pas mourir.
Etant des personnages non joueurs, ils ne se soignaient pas, et restaient porteurs/transmetteurs sains de la maladie.
Je résume le tout avec un schéma issu d'une publication sur le sujet dont le lien arrive bientôt.
http://files.nekoblog.org/uploads/imgs/tweet-rifampicine-schema.jpg
Devant cette pandémie, les employés de Blizzard (concepteur du jeu), demandèrent aux personnes infectées de rester entre elles.
Pour créer des zones de quarantaine, le temps que le phénomène puisse être éradiqué. Ahah les utopistes...
Bien sur il suffira de quelques joueurs, ne souhaitant pas respecter ces directives pour anéantir totalement cette stratégie.
Finalement, Blizzard, provoqua un reset et appliqua une MàJ où ce malus n'existait pas, pour venir à bout de la pandémie.
Devant cet épisode, des chercheurs décidèrent a posteriori d'étudier le comportement des joueurs et de la maladie dans le jeu.
En utilisant les données récoltées par les serveurs du jeu au moment de l'incident.
Ils voulaient utiliser ces données pour faire des projections en cas de pandémie dans le monde réel, cette fois.
Cela fut d'autant plus utile que les réactions des joueurs furent aussi diverses qu'elles pourraient l'être dans le monde réel.
Entre ceux qui se hâtaient à travers le monde de soigner tout joueur atteint, ceux qui s'amusaient à répandre la maladie,
Ceux, infectés, qui évitaient d'eux mêmes tout contact pour éviter de transmettre la maladie. #shootmeimalreadydead
Ceux, non infectés, qui, poussés par la curiosité allaient voir ce qui se passait et revenaient ensuite dans leur capitale.
Ceux qui fuirent les villes pour rester le plus loin possible des zones atteintes, entre non infectés.
Bref, autant de réaction qui permirent à des chercheurs d'aboutir à des modèles de projection, dont une publication.
Qui ouvrit la porte de l'utilisation des MMORPG pour étudier les réactions d'une communauté face à un problème.
Publication que vous pourrez trouver dans le lien ci dessous.
http://rifters.com/real/articles/Lofgren_Fefferman_Lancet.pdf
( sauvegarde : http://files.nekoblog.org/uploads/pdf/Lofgren_Fefferman_Lancet.pdf )
Merci d'avoir lu jusque là :) »
« Dans ce texte sont présentées les principales théories sur la gentrification proposées au cours de la dernière décennie, ainsi que le débat qui s'est développé autour d'elles. La gentrification a fait l'objet de nombreuses polémiques, parce qu'il s'agit d'un des champs de bataille théoriques les plus importants en géographie humaine, qui met en lumière les oppositions entre structure et action, production et consommation, capital et culture, offre et demande. Mais chacune des deux grandes explications qui ont été avancées pour rendre compte du processus de gentrification est une explication partielle, nécessaire mais non suffisante. Une explication complète de la gentrification doit à la fois tenir compte de la production des quartiers dévalorisés et de logements dégradés, et de la production de gentrifieurs et de leurs modes spécifiques de consommation et de reproduction. »
L'article évoque pas mal de choses, mais je vais souligner ça :
« Pour Didier Fassin, sociologue à l’Institute for Advanced Study de Princeton et auteur de "La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers" (éd. Seuil, 2011), si l’adhésion à une mesure comme l’état d’urgence est aussi forte c’est avant tout parce qu’elle n’affecte pas une majorité de Français dans leurs droits à l’inverse des minorités ethnoraciales issues des quartiers populaires qui en font presque exclusivement les frais »
(via https://twitter.com/laurentchemla/status/748616847294074880)
« Pour Didier Fassin, sociologue à l’Institute for Advanced Study de Princeton et auteur de "La Force de l’ordre. Une anthropologie de la police des quartiers" (éd. Seuil, 2011), si l’adhésion à une mesure comme l’état d’urgence est aussi forte c’est avant tout parce qu’elle n’affecte pas une majorité de Français dans leurs droits à l’inverse des minorités ethnoraciales issues des quartiers populaires qui en font presque exclusivement les frais »
(via https://twitter.com/laurentchemla/status/748616847294074880)
« Le capitalisme n’a pas d’ego : tu peux lui cracher dessus, l’insulter ; il validera l’insulte et en fera même un film, sachant que c’est ça qui le nourrit. »
« Pour voir à quel point les problèmes d’aujourd’hui sont ceux d’hier, il suffit de lire les écrits de Frantz Fanon, d'Edward Saïd — on constate à quel point les livres d’hier parlent mieux d’aujourd’hui que ceux d’aujourd’hui. »
« je ne pense pas que nous sommes à une époque de régression : bien au contraire. Il y a plein de chercheurs, de penseurs, de gens très intéressants, aujourd’hui. Il y a un décalage entre les débats des gros médias officiels qui invitent toujours les mêmes personnes et, par exemple, le monde universitaire, les Cultural Studies, qui invitent à des réflexions beaucoup plus ancrées dans l’époque, en avance sur ce que les médias nous bégaient dans un souci d’audimat. »
« Pour voir à quel point les problèmes d’aujourd’hui sont ceux d’hier, il suffit de lire les écrits de Frantz Fanon, d'Edward Saïd — on constate à quel point les livres d’hier parlent mieux d’aujourd’hui que ceux d’aujourd’hui. »
« je ne pense pas que nous sommes à une époque de régression : bien au contraire. Il y a plein de chercheurs, de penseurs, de gens très intéressants, aujourd’hui. Il y a un décalage entre les débats des gros médias officiels qui invitent toujours les mêmes personnes et, par exemple, le monde universitaire, les Cultural Studies, qui invitent à des réflexions beaucoup plus ancrées dans l’époque, en avance sur ce que les médias nous bégaient dans un souci d’audimat. »
« Créer en étant femme, c’est tenter d’ouvrir un espace de rencontre malgré les assignations contradictoires qui informent déjà la réception de notre œuvre. Toujours entre colère et découragement, j’aspire moi aussi à ce que Despentes semble avoir atteint : la fin du tremblement – et je pense ici à Virginia Woolf : « Le jour viendra-t-il où je supporterai de lire mes propres écrits imprimés sans rougir – trembler et avoir envie de disparaître ? » Loin de moi l’idée que les hommes artistes ne sont jamais inquiets ou traversés par la crainte de l’imposture. Mais ils ne le sont pas parce que hommes. » #Delphy
« Dîners mondains, beaux quartiers, chasses à courre, évasion fiscale… voilà trente ans que le couple de sociologues Monique Pinçon-Charlot et Michel Pinçon dissèquent les comportements d’une caste endogame et prédatrice, ce qu’ils appellent « la violence des riches ». À leur actif, plus d’une vingtaine de livres sur la grande bourgeoisie. Ils nous expliquent comment ce groupe social sait se mobiliser pour défendre ses intérêts. »
« Nous n'avons toujours pas dépassé l'idée que les jeux doivent avoir des buts et un objectif. Si vous pensez que la structure des jeux vidéo doit forcément proposer un unique but à atteindre, où vous gagnez ou vous perdez, alors tout dans les jeux dépendra du fait de gagner ou de perdre.
Et c'est pourquoi les game designers entraînent les joueurs à ne considérer le monde entier que comme un moyen d'atteindre leur but. Cela inclut les relations sociales (...) ce qui est mis en avant c'est l'instrumentalisation des autres.
C'est-à-dire que vous avez une personne dans le jeu et vous ne lui parlez pas dans le but de mieux la connaître mais plutôt pour obtenir des informations ou des avantages. »
EDIT : La vidéo complète de BiTS : "Les jeux vidéo : le meilleur moyen de comprendre notre époque ?" > https://www.youtube.com/watch?v=U7NXmDA__58
Et c'est pourquoi les game designers entraînent les joueurs à ne considérer le monde entier que comme un moyen d'atteindre leur but. Cela inclut les relations sociales (...) ce qui est mis en avant c'est l'instrumentalisation des autres.
C'est-à-dire que vous avez une personne dans le jeu et vous ne lui parlez pas dans le but de mieux la connaître mais plutôt pour obtenir des informations ou des avantages. »
EDIT : La vidéo complète de BiTS : "Les jeux vidéo : le meilleur moyen de comprendre notre époque ?" > https://www.youtube.com/watch?v=U7NXmDA__58
« Les études culturelles permettent de comprendre la société à travers des œuvres de fiction. Cette nouvelle discipline universitaire connaît un succès important chez les étudiants. Mais cette démarche souffre toujours d’une certaine méfiance dans l’Université française. Ces sciences de la culture permettent de faire éclater les carcans disciplinaires et les conventions académiques. »
« Les données sont le pouvoir. Et de plus en plus, les données sont utilisées pour affirmer le pouvoir de certains sur d'autres. Cela ne devrait pas être ainsi, mais une chose que j'ai apprise est que, sans contrôle, de nouveaux outils sont toujours utilisés pour renforcer le pouvoir des privilégiés au détriment de ceux qui ne le sont pas. »
« Mais pour réellement faire du monde un endroit meilleur, nous devons commencer à prêter attention aux différents outils qui émergent et apprendre à poser des questions difficiles sur la façon dont ils devraient être mis en service pour améliorer la vie des gens ordinaires. Maintenant plus que jamais, nous avons besoin de ceux qui réfléchissent à la justice sociale pour comprendre la technologie et nous avons besoin que ceux qui comprennent la technologie s'intéressent à la justice sociale. »
(via http://zinc.mondediplo.net/messages/10391)
« Mais pour réellement faire du monde un endroit meilleur, nous devons commencer à prêter attention aux différents outils qui émergent et apprendre à poser des questions difficiles sur la façon dont ils devraient être mis en service pour améliorer la vie des gens ordinaires. Maintenant plus que jamais, nous avons besoin de ceux qui réfléchissent à la justice sociale pour comprendre la technologie et nous avons besoin que ceux qui comprennent la technologie s'intéressent à la justice sociale. »
(via http://zinc.mondediplo.net/messages/10391)
« Pour le ministère de l'Éducation, cet enseignement ne répond pas «aux besoins de la société». »
Euh oui, mais non. Je saisis bien son point de vue pragmatique mais ce sont quand même des disciplines qui étudient les sociétés humaines, elles doivent justement être utilisées comme des outils pour comprendre et répondre « aux besoins de la société ».
L'article du Monde > http://www.lemonde.fr/universites/article/2015/09/17/japon-vingt-six-universites-comptent-fermer-leurs-facultes-de-sciences-humaines-et-sociales_4760695_4468207.html
(via http://www.seven-ash-street.fr/links/?rdNIaw)
Euh oui, mais non. Je saisis bien son point de vue pragmatique mais ce sont quand même des disciplines qui étudient les sociétés humaines, elles doivent justement être utilisées comme des outils pour comprendre et répondre « aux besoins de la société ».
L'article du Monde > http://www.lemonde.fr/universites/article/2015/09/17/japon-vingt-six-universites-comptent-fermer-leurs-facultes-de-sciences-humaines-et-sociales_4760695_4468207.html
(via http://www.seven-ash-street.fr/links/?rdNIaw)
« Femmes, sorcières et contrôle de la reproduction dans le capitalisme. Entretien avec Silvia Federici »
(via https://twitter.com/SophieBarel/status/644480218367963136)
(via https://twitter.com/SophieBarel/status/644480218367963136)
« Zomia est le nom de cette zone montagneuse du Sud-Est asiatique qui n’apparaît sur aucune carte, où les fugitifs, environ 100 millions d'individus au cours de l'histoire, se sont réfugiés pour échapper au contrôle des gouvernements des plaines. »
Sauvegarde > http://files.nekoblog.org/uploads/podcasts/france-culture-suite-idees-2015.01.17-james-scott-zomia.mp3 (29mo, 30min)
Et aussi > http://www.laviedesidees.fr/Zomia-la-ou-l-Etat-n-est-pas.html (tl;dr)
Sauvegarde > http://files.nekoblog.org/uploads/podcasts/france-culture-suite-idees-2015.01.17-james-scott-zomia.mp3 (29mo, 30min)
Et aussi > http://www.laviedesidees.fr/Zomia-la-ou-l-Etat-n-est-pas.html (tl;dr)
« Tout est fait dans la publicité pour vous expliquer qu’avoir une grosse voiture, une grosse montre, le dernier téléphone, fera de vous quelqu’un de cool. Les pubs n’essaient même plus de nous vanter les caractéristiques techniques de leurs produits tant elles deviennent accessoires. »
« Quand vous n’avez plus de travail, la consommation devient souvent le seul fil de participation sociale. »
« Ces investissements sont des remèdes contre la dépression. Quand on galère, on a l’impression que rien ne bouge. Quand je pousse la porte de chez moi, j’aime savoir que j’y trouverai un petit confort. »
(via http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?7cDtPQ)
EDIT : "Les pauvres et la consommation par Jeanne Lazarus" > http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-3-page-137.htm
« Quand vous n’avez plus de travail, la consommation devient souvent le seul fil de participation sociale. »
« Ces investissements sont des remèdes contre la dépression. Quand on galère, on a l’impression que rien ne bouge. Quand je pousse la porte de chez moi, j’aime savoir que j’y trouverai un petit confort. »
(via http://sammyfisherjr.net/Shaarli/?7cDtPQ)
EDIT : "Les pauvres et la consommation par Jeanne Lazarus" > http://www.cairn.info/revue-vingtieme-siecle-revue-d-histoire-2006-3-page-137.htm
Pas pris le temps de lire.
Copie de sauvegarde : http://files.nekoblog.org/uploads/pdf/article_rfsoc_0035-2969_1991_num_32_4_4079.pdf
(via https://twitter.com/LeMonde_correct/status/638291923661398016
Copie de sauvegarde : http://files.nekoblog.org/uploads/pdf/article_rfsoc_0035-2969_1991_num_32_4_4079.pdf
(via https://twitter.com/LeMonde_correct/status/638291923661398016
Extrait : « La violence humaine est-elle innée ou induite par le contexte ? Les recherches anthropologiques et archéologiques permettent aujourd’hui de répondre un peu mieux à cette question qui divisa les plus grands philosophes. La guerre ne semble apparaître qu’avec la naissance de l’économie de production et le bouleversement des structures sociales du néolithique, il y a environ dix mille ans. »
Article qui fait quand même pas mal écho à L'entraide de Kropotkine (https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Entraide,_un_facteur_de_l'évolution).
Sauvegarde de l'article complet > http://files.nekoblog.org/uploads/press/monde-diplo-2015.07-hommes-guerre.html
Article qui fait quand même pas mal écho à L'entraide de Kropotkine (https://fr.wikipedia.org/wiki/L'Entraide,_un_facteur_de_l'évolution).
Sauvegarde de l'article complet > http://files.nekoblog.org/uploads/press/monde-diplo-2015.07-hommes-guerre.html
Il le mentionne dans l'article, mais effectivement, la vignette de gauche sur l'illustration m'a immédiatement fait penser au revenu de base. Et c'est un peu ce qui me dérange avec le RdB, je doute que dénigrer (indirectement via l'abrogation) des aides proportionnelles aux besoins (ponctuels ou pas) soit une bonne chose.
En soi, je suis évidemment loin d'être contre l'idée d'un revenu qui permettrait à tous de vivre décemment, mais j'ai besoin de lire tous les liens que j'ai gardé de côté dans mon Firefox pour me faire un avis définitif sur la question, et notamment sur les conditions préconisées par les pro-revenu de base pour la mise en place d'un tel système.
Mais bref, reste qu'au delà de cette remarque, l'article est super intéressant à lire. :)
En soi, je suis évidemment loin d'être contre l'idée d'un revenu qui permettrait à tous de vivre décemment, mais j'ai besoin de lire tous les liens que j'ai gardé de côté dans mon Firefox pour me faire un avis définitif sur la question, et notamment sur les conditions préconisées par les pro-revenu de base pour la mise en place d'un tel système.
Mais bref, reste qu'au delà de cette remarque, l'article est super intéressant à lire. :)
Sauvegarde : https://files.nekoblog.org/uploads/podcasts/france-inter-marche-histoire-2015.02-paris-XVIII-siecle.mp3 (26mo, 27min)
2 entretiens avec Arlette Farge (https://fr.wikipedia.org/wiki/Arlette_Farge) que je n'ai pas encore pris le temps de lire :
> http://traces.revues.org/3383 (2004)
> http://www.article11.info/?Le-corps-comme-evenement-Entretien (2011)
Assez curieux de lire son "Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle" (http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-histoire/Vivre-dans-la-rue-a-Paris-au-XVIII-sup-e-sup-siecle).
Et en regardant sa biblio, son "Dire et mal dire. L'opinion publique au XVIIIe siècle" m'intéresse aussi pas mal (mais qui n'a pas l'air d'exister en poche et qui est vendu en numérique cher et avec DRM >.<) : http://www.seuil.com/livre-9782020129022.htm
2 entretiens avec Arlette Farge (https://fr.wikipedia.org/wiki/Arlette_Farge) que je n'ai pas encore pris le temps de lire :
> http://traces.revues.org/3383 (2004)
> http://www.article11.info/?Le-corps-comme-evenement-Entretien (2011)
Assez curieux de lire son "Vivre dans la rue à Paris au XVIIIe siècle" (http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Folio/Folio-histoire/Vivre-dans-la-rue-a-Paris-au-XVIII-sup-e-sup-siecle).
Et en regardant sa biblio, son "Dire et mal dire. L'opinion publique au XVIIIe siècle" m'intéresse aussi pas mal (mais qui n'a pas l'air d'exister en poche et qui est vendu en numérique cher et avec DRM >.<) : http://www.seuil.com/livre-9782020129022.htm
Bah justement tiens, j'invoque souvent Le Bon pour parler de la manipulation des foules ("Par le pouvoir du Gustave ancestral !". Hum. Désolé) mais cette idée que les foules sont forcément violentes et barbares, c'est effectivement quelque chose qui me dérangeait un peu (bcp) dans ses travaux.
EDIT : Et cette étude sera finalement un bon contre-argument quand on m'opposera que l'absence d'ordre et d'autorité est forcément synonyme de chaos et de violence.
EDIT : Et cette étude sera finalement un bon contre-argument quand on m'opposera que l'absence d'ordre et d'autorité est forcément synonyme de chaos et de violence.