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géopolitique
À propos de https://www.washingtonpost.com/video-games/2020/07/28/new-israeli-tank-features-xbox-controllers-ai-honed-by-starcraft-ii-doom/
Il continue :
« I think when non-middle easterners see talk about games playing into colonialism they think it's like......about fictional representation.
Nah dude. it's worse. it's SO much worse than that.
Will any of yall listen when we talk about how incredibly fucked it is that the US Army and fucking Marines have massive, HD shooting game setups in Pax every single year? Nah?? Or are we still overreacting?
Let me be incredibly clear: this article is from JULY 2020.
This has BEEN happening.
This is far beyond any discussions about representation, about who is framed as the enemy in video games. This is an explicit adoption of technology designed to both gameify the murder of civilians and as smooth the learning curve on efficiency of said murder for young soldiers
Like, the transparency almost beggars belief.
https://gizmodo.com/why-the-navy-plans-to-use-12-year-old-xbox-360-controll-1818511278
Things like this? *This* is why every single person in games needs to get fucking engaged and get loud about what's happening in Palestine. When you're an American dev, it's NOT JUST your taxes that are going to military forces both here and abroad.
It's the shit you're making. »
Il continue :
« I think when non-middle easterners see talk about games playing into colonialism they think it's like......about fictional representation.
Nah dude. it's worse. it's SO much worse than that.
Will any of yall listen when we talk about how incredibly fucked it is that the US Army and fucking Marines have massive, HD shooting game setups in Pax every single year? Nah?? Or are we still overreacting?
Let me be incredibly clear: this article is from JULY 2020.
This has BEEN happening.
This is far beyond any discussions about representation, about who is framed as the enemy in video games. This is an explicit adoption of technology designed to both gameify the murder of civilians and as smooth the learning curve on efficiency of said murder for young soldiers
Like, the transparency almost beggars belief.
https://gizmodo.com/why-the-navy-plans-to-use-12-year-old-xbox-360-controll-1818511278
Things like this? *This* is why every single person in games needs to get fucking engaged and get loud about what's happening in Palestine. When you're an American dev, it's NOT JUST your taxes that are going to military forces both here and abroad.
It's the shit you're making. »
« Call of Duty also did this revisionism with Modern Warfare last year, making the Highway of Death, where American forces killed ~1,000 Iraqi troops retreating from Kuwait, instead into a Russian crime done against a fictional Middle Eastern nation, but with the same name.
Wouldn't mind this much if Call of Duty didn't hire former US military and intelligence people like Oliver North to consult on their games. He's even in Black Ops II! And he voices himself! »
Et on rappellera que l'année dernière Infinity Ward insistait sur le fait que les Call of Duty étaient des jeux apolitiques
Wouldn't mind this much if Call of Duty didn't hire former US military and intelligence people like Oliver North to consult on their games. He's even in Black Ops II! And he voices himself! »
Et on rappellera que l'année dernière Infinity Ward insistait sur le fait que les Call of Duty étaient des jeux apolitiques
« they are there to protect the region’s oil fields »
« L’échec de la démocratisation ne s’explique pas par des causes culturelles, mais par la nature des Etats. »
« Je vais essayer de résumer 2 articles du Monde Diplo de juillet 2016 sur la politique d'Erdogan #CoupDEtatTurquie
Le 1er article est une tribune de S.Demirtas, Parti démocratique des peuples (HDP), principale force d'opposition face à Erdogan
Il dénonce l'amendement d'Erdogan entraînant la levée de l'immunité parlement de 53 députés du parti + poursuites judiciaires (20 mai 16)
Il faut savoir que le HDP rassemble différentes forces de gauches, écolo, dont certaines sont kurdes
Le HDP est rentré au Parlement Turc suite aux législatives de novembre 2015 (2ème derrière l'AKP d'Erdogan)
L'HDP prend évidemment parti pour la cause kurde (décrite dans l'article suivant, j'y viens après) et dénonce l'autoritarisme d'Erdogan
Demirtas rappelle le silence de l'occident face à cette crise, plus occupé par les migrants et l'Etat Islamique
Eté 2015, la guerre vs kurdes reprend après le durcissement des conditions de détention du leader du PKK Abdullah Ocalan.
Demirtas : « En Turquie, le simple fait de plaider pour la paix est considéré comme un délit »
Demirtas rappelle aussi le programme de son parti : Egalité des ethnies et des sexes --> Revendications refusées par l'AKP
Demirtas : «Erdogan n'a aucune notion de justice, de démocratie, il n'a de considération que pour lui même»
Chronologie du conflit : https://files.nekoblog.org/uploads/imgs/diplo-2016.07-erdogan-sultan-chronologie.jpeg
Le deuxième article est rédigé par Laura Maï Gaveriaux, envoyée spéciale dans la zone de conflit
https://files.nekoblog.org/uploads/imgs/diplo-2016.07-erdogan-sultan-carte.jpeg
Description de Silopi, sud-est de la Turquie, ville de 80 000 hab durement touchée par la répression turque en décembre-janvier dernier.
Le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan réclamant territoires autonomes) agissant par attentats contre force de l'ordres.
Témoignage d'une kurde: « mon petit fils de 16 ans est en prison après 3 semaines d’hôpital pour balle reçue dans la hanche »
Erdogan en mai 2016 : «Il n'y a plus aucun dialogue possible avec le PKK»
Il parle de «Nettoyage...purge...victoire totale»
De l'autre côté de la frontière, les forces kurdes syriennes combattent l'EI, qui dénoncent en retour la passivité du gouvernement turc
voire la collusion avec l'EI
Ankara répond en « déclarant la guerre aux terroristes» de l'EI et..du PKK en ciblant principalement ce dernier et les populations kurdes
Comme Silopi, quelques municipalités kurdes déclarent leurs autonomies, vite réprimées par l'armée turque.
Beaucoup d'habitants parlent de collusion entre Erdogan et l'EI pour empêcher le développement des revendications kurdes.
2 journalistes ont été condamnés pour avoir diffusé une vidéo montrant une livraison d'armes à l'EI par les services secrets turcs.
A Silopi, les forces spéciales turques marquent les murs de la ville « Ma chère Turquie, au nom de Dieu, nous te nettoyons ! »
«A notre tour de vous éduquer ! Les filles, nous sommes là, où êtes vous ?»
Témoignage de M.Gafur, prof de lettres, qui ne veut pas abandonner ses élèves kurdes en mutant ailleurs
«Ils passent les mêmes examens que les autres écoliers de Turquie, mais les autres n'ont pas de bombes qui tombent sur leurs maisons !»
Description de nombreuses villes partiellement détruites par les bombardements, des contrôles de police incessants...
...la mention d'un plan de transformation urbaine envisagé pour gommer toutes traces des exactions et des crimes de guerre. ..
...la description de soldats turcs barrant le passage des secours pour laisser mourir les survivants kurdes d'un bombardement...
Je vous passe les détails, c'est absolument affreux.
Et je m'arrête là. »
Les liens des 2 articles résumés :
- « L’homme qui se prend pour un sultan » https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/DEMIRTAS/55962
- La sale guerre du président Erdoğan https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/GAVERIAUX/55960
Sauvegarde des 2 articles : https://files.nekoblog.org/uploads/html/press/monde-diplo-2016.07-erdogan-sultan.html
Le 1er article est une tribune de S.Demirtas, Parti démocratique des peuples (HDP), principale force d'opposition face à Erdogan
Il dénonce l'amendement d'Erdogan entraînant la levée de l'immunité parlement de 53 députés du parti + poursuites judiciaires (20 mai 16)
Il faut savoir que le HDP rassemble différentes forces de gauches, écolo, dont certaines sont kurdes
Le HDP est rentré au Parlement Turc suite aux législatives de novembre 2015 (2ème derrière l'AKP d'Erdogan)
L'HDP prend évidemment parti pour la cause kurde (décrite dans l'article suivant, j'y viens après) et dénonce l'autoritarisme d'Erdogan
Demirtas rappelle le silence de l'occident face à cette crise, plus occupé par les migrants et l'Etat Islamique
Eté 2015, la guerre vs kurdes reprend après le durcissement des conditions de détention du leader du PKK Abdullah Ocalan.
Demirtas : « En Turquie, le simple fait de plaider pour la paix est considéré comme un délit »
Demirtas rappelle aussi le programme de son parti : Egalité des ethnies et des sexes --> Revendications refusées par l'AKP
Demirtas : «Erdogan n'a aucune notion de justice, de démocratie, il n'a de considération que pour lui même»
Chronologie du conflit : https://files.nekoblog.org/uploads/imgs/diplo-2016.07-erdogan-sultan-chronologie.jpeg
Le deuxième article est rédigé par Laura Maï Gaveriaux, envoyée spéciale dans la zone de conflit
https://files.nekoblog.org/uploads/imgs/diplo-2016.07-erdogan-sultan-carte.jpeg
Description de Silopi, sud-est de la Turquie, ville de 80 000 hab durement touchée par la répression turque en décembre-janvier dernier.
Le PKK (parti des travailleurs du Kurdistan réclamant territoires autonomes) agissant par attentats contre force de l'ordres.
Témoignage d'une kurde: « mon petit fils de 16 ans est en prison après 3 semaines d’hôpital pour balle reçue dans la hanche »
Erdogan en mai 2016 : «Il n'y a plus aucun dialogue possible avec le PKK»
Il parle de «Nettoyage...purge...victoire totale»
De l'autre côté de la frontière, les forces kurdes syriennes combattent l'EI, qui dénoncent en retour la passivité du gouvernement turc
voire la collusion avec l'EI
Ankara répond en « déclarant la guerre aux terroristes» de l'EI et..du PKK en ciblant principalement ce dernier et les populations kurdes
Comme Silopi, quelques municipalités kurdes déclarent leurs autonomies, vite réprimées par l'armée turque.
Beaucoup d'habitants parlent de collusion entre Erdogan et l'EI pour empêcher le développement des revendications kurdes.
2 journalistes ont été condamnés pour avoir diffusé une vidéo montrant une livraison d'armes à l'EI par les services secrets turcs.
A Silopi, les forces spéciales turques marquent les murs de la ville « Ma chère Turquie, au nom de Dieu, nous te nettoyons ! »
«A notre tour de vous éduquer ! Les filles, nous sommes là, où êtes vous ?»
Témoignage de M.Gafur, prof de lettres, qui ne veut pas abandonner ses élèves kurdes en mutant ailleurs
«Ils passent les mêmes examens que les autres écoliers de Turquie, mais les autres n'ont pas de bombes qui tombent sur leurs maisons !»
Description de nombreuses villes partiellement détruites par les bombardements, des contrôles de police incessants...
...la mention d'un plan de transformation urbaine envisagé pour gommer toutes traces des exactions et des crimes de guerre. ..
...la description de soldats turcs barrant le passage des secours pour laisser mourir les survivants kurdes d'un bombardement...
Je vous passe les détails, c'est absolument affreux.
Et je m'arrête là. »
Les liens des 2 articles résumés :
- « L’homme qui se prend pour un sultan » https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/DEMIRTAS/55962
- La sale guerre du président Erdoğan https://www.monde-diplomatique.fr/2016/07/GAVERIAUX/55960
Sauvegarde des 2 articles : https://files.nekoblog.org/uploads/html/press/monde-diplo-2016.07-erdogan-sultan.html
« Voici la version originale de mon interview avec Hawad, paru dans le journal kurde Yeni Ozgur Politika. »
Le texte est assez long, mais intéressant à lire. Quelques extraits :
« Dans les années 1960, les Touaregs ont été divisés entre 5 nouveaux Etats héritiers de la colonisation : le Mali, le Niger, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), la Libye et l’Algérie. Notre mobilité est devenue un délit entre ces frontières artificielles qui ont découpé notre territoire et nos espaces de circulation. Toutes nos activités caravanières ont été interdites. Les Touaregs n’arrivaient plus à vivre. Et quand la sécheresse de 1973 est arrivée, j’ai vu nos campements décimés, les gens mouraient, eux et leurs troupeaux, dans l’indifférence absolue des autorités qui détournaient l’aide internationale à leur profit personnel. C’était horrible. Les jeunes Touaregs sont partis massivement pour tenter de décrocher un petit emploi afin d’aider leurs familles, beaucoup sont morts d’épuisement ou ont perdu la raison sur la route de l’exil1 qui menait vers les chantiers pétroliers du nord, en Algérie et en Libye, sur les terres touarègues confisquées. Je suis parti moi-aussi chercher de l’embauche sur ces chantiers. Nous, les nomades interrompus par les nouvelles autorités territoriales, nous sommes devenus les ishumar, d’après le mot français « chômeur » car nous étions tous à la recherche d’un travail. »
« Dans sa chair, la région est donc presque détruite. Ne parlons pas de la confiscation de nos terres que l’Etat nigérien cède chaque jour à des entreprises minières internationales. Ne parlons pas non plus du saccage du patrimoine culturel touareg, avec ses milliers de dessins et d’inscriptions tifinagh gravés sur les rochers.
Aucune compensation pour ce désastre, ni écoles, ni hôpitaux, ni routes, ni aucun service de l’Etat, la région est dans une misère totale, la répression est plus forte qu’au Mali. »
« Jusqu’à aujourd’hui, il y a des personnes prêtes à se soulever, même si le moment n’est pas favorable pour l’instant. Il ne faut pas oublier qu’il y a des bases de drones qui survolent nos terres, et qu’à la moindre occasion qu’on leur donne, ils vont nous massacrer car, ici, l’intérêt est concret, c’est le cœur même de tout ce qui affecte les Touaregs, c’est Arlit avec les mines d’uranium. L’adversaire sur ce terrain n’est pas seulement français, il y a les Chinois, les Canadiens et d’autres. Enfin, les milices paramilitaires qui harcèlent les Touaregs sont recrutées au Niger chez les sahariens arabophones. »
« Ce n’est pas le modernisme en lui-même qui a causé des dégâts, ce sont les dégâts que peut faire l’importation de la culture dite « moderne », c’est-à-dire la culture hégémonique, à des peuples qui n’ont pas d’Etats… Mais les Touaregs résistent en utilisant une de leurs compétences, la flexibilité nomade.
Par rapport aux « paillettes » de ce qu’on appelle la « modernité », comme ses gadgets technologiques, il y a eu de l’engouement et, chez certains, de la renonciation à soi, mais les Touaregs ont une capacité précieuse : savoir domestiquer et métamorphoser rapidement ces outils arrivés de l’extérieur. Donc je pense que le problème n’est pas le modernisme, c’est l‘impérialisme culturel des Etats et de leurs alliés puissants. Malheur aujourd’hui au peuple qui n’a pas d’Etat. La culture, la langue deviennent des choses imposées, c’est une des batteries importantes de la domination. Mais les Touaregs savent aussi détourner ces objets de la modernité pour des usages imprévus. Face aux dégâts de la domination, ils arrivent encore à bricoler des originalités qui portent leur empreinte.
Jusqu’en 1980, on ne pouvait pas imaginer des Touaregs mettant en difficulté une armée sur le plan militaire avec des armes modernes. En moins de cinq ans, ils ont rapidement maîtrisé cela. Nous avons vu des gens, non scolarisés, capables de s’orienter sans problème et sur tous les plans ( économique, culturel, linguistique, social, spatial, technique…) dans des espaces urbains hypermodernes comme New-York. Donc, oui, il y a eu des dégâts, mais il y a des formes originales de résistance et adaptation chez les Touaregs. Par contre, le problème est de comment trouver un espace pour les rendre encore plus originales et se les approprier collectivement. »
« Bien sûr, le danger qui guette l’émigré ou celui qui s’intègre au système dominant, nous le connaissons. C’est de devenir le clown du système qui le mange, le clown de l’ogre. »
Le texte est assez long, mais intéressant à lire. Quelques extraits :
« Dans les années 1960, les Touaregs ont été divisés entre 5 nouveaux Etats héritiers de la colonisation : le Mali, le Niger, la Haute-Volta (actuel Burkina Faso), la Libye et l’Algérie. Notre mobilité est devenue un délit entre ces frontières artificielles qui ont découpé notre territoire et nos espaces de circulation. Toutes nos activités caravanières ont été interdites. Les Touaregs n’arrivaient plus à vivre. Et quand la sécheresse de 1973 est arrivée, j’ai vu nos campements décimés, les gens mouraient, eux et leurs troupeaux, dans l’indifférence absolue des autorités qui détournaient l’aide internationale à leur profit personnel. C’était horrible. Les jeunes Touaregs sont partis massivement pour tenter de décrocher un petit emploi afin d’aider leurs familles, beaucoup sont morts d’épuisement ou ont perdu la raison sur la route de l’exil1 qui menait vers les chantiers pétroliers du nord, en Algérie et en Libye, sur les terres touarègues confisquées. Je suis parti moi-aussi chercher de l’embauche sur ces chantiers. Nous, les nomades interrompus par les nouvelles autorités territoriales, nous sommes devenus les ishumar, d’après le mot français « chômeur » car nous étions tous à la recherche d’un travail. »
« Dans sa chair, la région est donc presque détruite. Ne parlons pas de la confiscation de nos terres que l’Etat nigérien cède chaque jour à des entreprises minières internationales. Ne parlons pas non plus du saccage du patrimoine culturel touareg, avec ses milliers de dessins et d’inscriptions tifinagh gravés sur les rochers.
Aucune compensation pour ce désastre, ni écoles, ni hôpitaux, ni routes, ni aucun service de l’Etat, la région est dans une misère totale, la répression est plus forte qu’au Mali. »
« Jusqu’à aujourd’hui, il y a des personnes prêtes à se soulever, même si le moment n’est pas favorable pour l’instant. Il ne faut pas oublier qu’il y a des bases de drones qui survolent nos terres, et qu’à la moindre occasion qu’on leur donne, ils vont nous massacrer car, ici, l’intérêt est concret, c’est le cœur même de tout ce qui affecte les Touaregs, c’est Arlit avec les mines d’uranium. L’adversaire sur ce terrain n’est pas seulement français, il y a les Chinois, les Canadiens et d’autres. Enfin, les milices paramilitaires qui harcèlent les Touaregs sont recrutées au Niger chez les sahariens arabophones. »
« Ce n’est pas le modernisme en lui-même qui a causé des dégâts, ce sont les dégâts que peut faire l’importation de la culture dite « moderne », c’est-à-dire la culture hégémonique, à des peuples qui n’ont pas d’Etats… Mais les Touaregs résistent en utilisant une de leurs compétences, la flexibilité nomade.
Par rapport aux « paillettes » de ce qu’on appelle la « modernité », comme ses gadgets technologiques, il y a eu de l’engouement et, chez certains, de la renonciation à soi, mais les Touaregs ont une capacité précieuse : savoir domestiquer et métamorphoser rapidement ces outils arrivés de l’extérieur. Donc je pense que le problème n’est pas le modernisme, c’est l‘impérialisme culturel des Etats et de leurs alliés puissants. Malheur aujourd’hui au peuple qui n’a pas d’Etat. La culture, la langue deviennent des choses imposées, c’est une des batteries importantes de la domination. Mais les Touaregs savent aussi détourner ces objets de la modernité pour des usages imprévus. Face aux dégâts de la domination, ils arrivent encore à bricoler des originalités qui portent leur empreinte.
Jusqu’en 1980, on ne pouvait pas imaginer des Touaregs mettant en difficulté une armée sur le plan militaire avec des armes modernes. En moins de cinq ans, ils ont rapidement maîtrisé cela. Nous avons vu des gens, non scolarisés, capables de s’orienter sans problème et sur tous les plans ( économique, culturel, linguistique, social, spatial, technique…) dans des espaces urbains hypermodernes comme New-York. Donc, oui, il y a eu des dégâts, mais il y a des formes originales de résistance et adaptation chez les Touaregs. Par contre, le problème est de comment trouver un espace pour les rendre encore plus originales et se les approprier collectivement. »
« Bien sûr, le danger qui guette l’émigré ou celui qui s’intègre au système dominant, nous le connaissons. C’est de devenir le clown du système qui le mange, le clown de l’ogre. »