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sciences-sociales
À propos du livre "Pourquoi sommes-nous capitalistes (malgré nous) ?" de Denis Colombi
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/pourquoi-sommes-nous-capitalistes-malgr%C3%A9-nous-9782228929714
https://www.payot-rivages.fr/payot/livre/pourquoi-sommes-nous-capitalistes-malgr%C3%A9-nous-9782228929714
Foucault, Chomsky et Fanon veulent faire la révolution dans les Terres du Milieu (avec Marx en guest-star)
De côté, pas encore écouté
« Comment situer les catégories populaires, moyennes et aisées en fonction de leurs revenus et du type de ménage ? À quel niveau est-on riche, pauvre ou moyen ? Les explications de l’Observatoire des inégalités. »
« Fruit d’un travail de recherche collectif, ce livre analyse la place de ces pratiques vidéoludiques au quotidien. Comment joue-t-on aux jeux vidéo aujourd’hui ? Qui joue, où, et avec qui ? Quelles sont les diverses pratiques, de sociabilité, d’échanges mais aussi de mobilités et de marquage de l’espace, qui se développent autour de ce loisir électronique ? Quelles sont les émotions, les expériences, les affects, que les jeux vidéo rendent possible ?
Cette exploration inédite du domaine des jeux vidéo étudie la diversité de leurs publics, les pratiques que ces derniers développent, et les expériences qui s’y éprouvent. »
Cette exploration inédite du domaine des jeux vidéo étudie la diversité de leurs publics, les pratiques que ces derniers développent, et les expériences qui s’y éprouvent. »
Shorter : Les sceptiques adorent pointer les biais des autres sans voir leurs propres biais à eux (dont l'effet Dunning-Kruger), ou pire en les niant.
« Il y a 50 ans, Bourdieu travaillait (avec JC Chamboredon) sur la sociologie de l'éducation, juste après mai-68. C'est une période où se multiplient les sondages sur le système d'enseignement, alors en pleine réforme. Or donc, que constate Bourdieu ? Que les questions posées présupposent 3 choses : que tout le monde a une opinion, que toutes les opinions se valent, et qu'il y a un consensus sur les problèmes.
Ce sont ces trois postulats que discute Bourdieu, et pas – il le mentionne rapidement – les critiques techniques sur la taille des échantillons ou leur constitution.
Un sondage, c'est un ensemble de questions posées à des gens qui se ne les sont peut-être jamais posées, qui ne sont pas disposés à y répondre comme le sondage le souhaiterait, et qui ne se reconnaissent peut-être même pas la compétence pour le faire.
Pourquoi fait-on cela ? Parce qu'il y a une demande : avoir l'opinion publique de son côté, pour un gouvernement, c'est être plus légitime. Et c'est en transformant la sommation d'opinions individuelles exprimées dans un sondage, en une « opinion publique » unie et explicite, que l'on peut faire exister un problème politique (pensez aux gens à qui l'on a demandé « êtes-vous favorable à la chloroquine » : c'est un moyen de faire entrer ce sujet dans le champ politique).
Reprenons les 3 points mentionnés par Bourdieu. 1. Tout le monde a une opinion. Vraiment ? Un étudiant encarté dans un parti de gauche saura distinguer des tas de nuances entre partis qu'un cadre moyen non militant ne distinguera pas. Et + généralement, la « compétence politique », dit Bourdieu, varie en fonction du niveau scolaire. Est-ce à dire que les + diplômés sont les + perspicaces, ou intelligents ? Non, ici la compétence est la capacité à exprimer des opinions elles-mêmes conformes à ce qu'on attend dans le champ politique. Ça fonctionne de la même manière qu'en esthétique, dit Bourdieu : avant de dire si l'on trouve une œuvre d'art belle, il faut savoir la reconnaître et la traiter comme œuvre d'art, c'est-à-dire exprimer un jugement formel (qui est la marque du goût distingué, celui des classes dominantes). Si vous savez non seulement reconnaître un Picasso, mais dire de quelle période du maître il s'agit, et commenter l'agencement des couleurs, vous faites preuve d'une compétence esthétique telle que la réclame le champ artistique. Idem en politique : les classes sup ont davantage l'habitude d'exprimer en des termes conformes au fonctionnement du champ politique, des jugements sur la politique.
Bien sûr des membres des classes pop sont très dotés en compétence politique : ceux qui militent dans un parti par exemple. Mais on voit que se prononcer sur une question politique (dans un sondage) en fonction de sa compétence politique, c'est très inégalement réparti. Que se passe-t-il lorsque l'on ne mobilise pas cette compétence ? On en vient au 2e point : toutes les opinions ne se valent pas. Ou plutôt : toutes les opinions ne sont pas produites de la même manière.
On répond à un sondage en fonction de dispositions étroitement liées à sa position de classe. Ainsi les personnes les + diplômées considèrent-elles les punitions à l'école comme une question politique, alors que les classes populaires y voient une question de morale, et répondent à un sondage sur ce point en fonction de leur morale de classe. Les principes qui guident l'expression des opinions sont donc hétérogènes les uns aux autres, ici.
Cela permet au passage de corriger une conclusion de la sociologie politique déjà ancienne à l'époque : les classes populaires seraient conservatrices par nature. En matière de morale privée et domestique, sans doute, dit Bourdieu.
Donc, lorsque l'on pose des questions qui sont, pour les classes pop, des questions de morale, on aura des réponses sur ce plan (hostilité aux nouvelles formes de pédagogie par exemple). En revanche, en ce qui concerne « la conservation ou la transformation de l'ordre social », alors les réponses des classes pop seront plus favorables à la novation que celles des classes sup, qui ont moins intérêt que les premières au changement. Confondre les principes proprement politiques et les principes éthiques de jugement sous l'étiquette « conservatisme » ou « progressisme » ne permet pas de comprendre cela.
3e point : il y a un consensus sur les problèmes, les questions des sondages ne sortent pas de nulle part. Bourdieu répond que la problématique dominante est celle que se posent les dominants : ceux « qui détiennent le pouvoir et entendent être informés sur les moyens d'organiser leur action politique, [qui] est très inégalement maîtrisée par les différentes classes sociales. Et, chose importante, celles-ci sont + ou – aptes à produire une contre-problématique. »
L'enquête par sondage s'imagine des répondant.e.s qui se prononceraient comme s'ils étaient dans un isoloir, seuls, en secret. Or dans la réalité, on *prend* des positions qui pré-existent, ou parfois, on ne les connaît même pas.
Il y a donc des « effets d'imposition de problématique » dans les sondages. Ça rappelle ce vieux pardoxe de psychologie sociale (je le mentionne, ce n'est pas dans Bourdieu) : si je vous enjoins de ne pas penser à un éléphant, maintenant, tout de suite, à quoi pensez-vous ?
(Bah oui, à un éléphant).
Concluons : « On a d'autant plus d'opinions sur un problème que l'on est + intéressé par ce problème, c'est-à-dire que l'on a plus intérêt à ce problème. » (je vous ai déjà dit que Bourdieu a le sens de la formule?)
Donc, l'opinion qui s'affirme « spontanément », c'est « l'opinion des gens dont l'opinion a du poids, comme on dit. » Et un sondage enregistre les prises de position connexes à celle-ci, en fonction de principes de production des opinions qui peuvent n'avoir rien à voir.
L'agrégation de toutes ces réponses produit dont un *artefact*, qui peut conduire à dire que « 60% des Français sont favorables à X ou Y », mais qui ne constitue en rien une « opinion publique ». Celle-ci, au sens strict, n'existe pas.
Le texte de l'exposé de Bourdieu se trouve dans le recueil Questions de sociologie, que tou.te.s les étudiant.e.s en sciences sociales devraient au moins feuilleter un jour. Et sinon, il est en ligne : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html
Erratum sur le tweet #2 : il s'agit de Jean-Claude Passeron et non Jean-Claude Chamboredon (eh oui à l'époque il y avait beaucoup de Jeà-Claude). My bad. »
(via Riff)
Ce sont ces trois postulats que discute Bourdieu, et pas – il le mentionne rapidement – les critiques techniques sur la taille des échantillons ou leur constitution.
Un sondage, c'est un ensemble de questions posées à des gens qui se ne les sont peut-être jamais posées, qui ne sont pas disposés à y répondre comme le sondage le souhaiterait, et qui ne se reconnaissent peut-être même pas la compétence pour le faire.
Pourquoi fait-on cela ? Parce qu'il y a une demande : avoir l'opinion publique de son côté, pour un gouvernement, c'est être plus légitime. Et c'est en transformant la sommation d'opinions individuelles exprimées dans un sondage, en une « opinion publique » unie et explicite, que l'on peut faire exister un problème politique (pensez aux gens à qui l'on a demandé « êtes-vous favorable à la chloroquine » : c'est un moyen de faire entrer ce sujet dans le champ politique).
Reprenons les 3 points mentionnés par Bourdieu. 1. Tout le monde a une opinion. Vraiment ? Un étudiant encarté dans un parti de gauche saura distinguer des tas de nuances entre partis qu'un cadre moyen non militant ne distinguera pas. Et + généralement, la « compétence politique », dit Bourdieu, varie en fonction du niveau scolaire. Est-ce à dire que les + diplômés sont les + perspicaces, ou intelligents ? Non, ici la compétence est la capacité à exprimer des opinions elles-mêmes conformes à ce qu'on attend dans le champ politique. Ça fonctionne de la même manière qu'en esthétique, dit Bourdieu : avant de dire si l'on trouve une œuvre d'art belle, il faut savoir la reconnaître et la traiter comme œuvre d'art, c'est-à-dire exprimer un jugement formel (qui est la marque du goût distingué, celui des classes dominantes). Si vous savez non seulement reconnaître un Picasso, mais dire de quelle période du maître il s'agit, et commenter l'agencement des couleurs, vous faites preuve d'une compétence esthétique telle que la réclame le champ artistique. Idem en politique : les classes sup ont davantage l'habitude d'exprimer en des termes conformes au fonctionnement du champ politique, des jugements sur la politique.
Bien sûr des membres des classes pop sont très dotés en compétence politique : ceux qui militent dans un parti par exemple. Mais on voit que se prononcer sur une question politique (dans un sondage) en fonction de sa compétence politique, c'est très inégalement réparti. Que se passe-t-il lorsque l'on ne mobilise pas cette compétence ? On en vient au 2e point : toutes les opinions ne se valent pas. Ou plutôt : toutes les opinions ne sont pas produites de la même manière.
On répond à un sondage en fonction de dispositions étroitement liées à sa position de classe. Ainsi les personnes les + diplômées considèrent-elles les punitions à l'école comme une question politique, alors que les classes populaires y voient une question de morale, et répondent à un sondage sur ce point en fonction de leur morale de classe. Les principes qui guident l'expression des opinions sont donc hétérogènes les uns aux autres, ici.
Cela permet au passage de corriger une conclusion de la sociologie politique déjà ancienne à l'époque : les classes populaires seraient conservatrices par nature. En matière de morale privée et domestique, sans doute, dit Bourdieu.
Donc, lorsque l'on pose des questions qui sont, pour les classes pop, des questions de morale, on aura des réponses sur ce plan (hostilité aux nouvelles formes de pédagogie par exemple). En revanche, en ce qui concerne « la conservation ou la transformation de l'ordre social », alors les réponses des classes pop seront plus favorables à la novation que celles des classes sup, qui ont moins intérêt que les premières au changement. Confondre les principes proprement politiques et les principes éthiques de jugement sous l'étiquette « conservatisme » ou « progressisme » ne permet pas de comprendre cela.
3e point : il y a un consensus sur les problèmes, les questions des sondages ne sortent pas de nulle part. Bourdieu répond que la problématique dominante est celle que se posent les dominants : ceux « qui détiennent le pouvoir et entendent être informés sur les moyens d'organiser leur action politique, [qui] est très inégalement maîtrisée par les différentes classes sociales. Et, chose importante, celles-ci sont + ou – aptes à produire une contre-problématique. »
L'enquête par sondage s'imagine des répondant.e.s qui se prononceraient comme s'ils étaient dans un isoloir, seuls, en secret. Or dans la réalité, on *prend* des positions qui pré-existent, ou parfois, on ne les connaît même pas.
Il y a donc des « effets d'imposition de problématique » dans les sondages. Ça rappelle ce vieux pardoxe de psychologie sociale (je le mentionne, ce n'est pas dans Bourdieu) : si je vous enjoins de ne pas penser à un éléphant, maintenant, tout de suite, à quoi pensez-vous ?
(Bah oui, à un éléphant).
Concluons : « On a d'autant plus d'opinions sur un problème que l'on est + intéressé par ce problème, c'est-à-dire que l'on a plus intérêt à ce problème. » (je vous ai déjà dit que Bourdieu a le sens de la formule?)
Donc, l'opinion qui s'affirme « spontanément », c'est « l'opinion des gens dont l'opinion a du poids, comme on dit. » Et un sondage enregistre les prises de position connexes à celle-ci, en fonction de principes de production des opinions qui peuvent n'avoir rien à voir.
L'agrégation de toutes ces réponses produit dont un *artefact*, qui peut conduire à dire que « 60% des Français sont favorables à X ou Y », mais qui ne constitue en rien une « opinion publique ». Celle-ci, au sens strict, n'existe pas.
Le texte de l'exposé de Bourdieu se trouve dans le recueil Questions de sociologie, que tou.te.s les étudiant.e.s en sciences sociales devraient au moins feuilleter un jour. Et sinon, il est en ligne : http://www.homme-moderne.org/societe/socio/bourdieu/questions/opinionpub.html
Erratum sur le tweet #2 : il s'agit de Jean-Claude Passeron et non Jean-Claude Chamboredon (eh oui à l'époque il y avait beaucoup de Jeà-Claude). My bad. »
(via Riff)
Denis Colombi à propos de son bouquin
« C'est précisément lorsque je me vis (illusoirement) comme doté d'un libre arbitre, et que j'entrevois une marge de manoeuvre possible dans une situation compliquée, marge de manoeuvre qui dépendrait de moi, de mon "libre arbitre" que je suis le moins porté à souffrir.
Le déterminisme n'a rien de rassurant, et il n'est en rien confortable mentalement, car il est souvent associé à une éventuelle conscience des structures à l'oeuvre dans la production des déterminations qui engendrent telle situation. Difficile de ne pas se sentir écrasé.e par ces déterminations en question. Il y a bien plus de confort et de possibilité de se rassurer dans le fait de se convaincre que des situations dépendent de nous, et que si tel malheur dépend de nous, alors telle plausible solution dépend aussi de nous.
Or, à l'échelle politique, on peut bien tenter de se blinder au maximum, émotionnellement, économiquement, il n'empêche que les déterminations extrêmement puissantes qui échappent à notre maîtrise individuelle (mais pas collective) continueront de peser. Voilà pourquoi je pense que cet argument d'éditorialiste de plateau n'est pas convaincant. Il n'y a aucune satisfaction possible au fait de prendre acte des déterminations sociales. Pas slmt du strict point de vue de la méthode sociologique par ex. mais également à un niveau "métaphysique" (débat sur le libre arbitre). »
Le déterminisme n'a rien de rassurant, et il n'est en rien confortable mentalement, car il est souvent associé à une éventuelle conscience des structures à l'oeuvre dans la production des déterminations qui engendrent telle situation. Difficile de ne pas se sentir écrasé.e par ces déterminations en question. Il y a bien plus de confort et de possibilité de se rassurer dans le fait de se convaincre que des situations dépendent de nous, et que si tel malheur dépend de nous, alors telle plausible solution dépend aussi de nous.
Or, à l'échelle politique, on peut bien tenter de se blinder au maximum, émotionnellement, économiquement, il n'empêche que les déterminations extrêmement puissantes qui échappent à notre maîtrise individuelle (mais pas collective) continueront de peser. Voilà pourquoi je pense que cet argument d'éditorialiste de plateau n'est pas convaincant. Il n'y a aucune satisfaction possible au fait de prendre acte des déterminations sociales. Pas slmt du strict point de vue de la méthode sociologique par ex. mais également à un niveau "métaphysique" (débat sur le libre arbitre). »
Pas de DRM, mais un watermark et ça se dégage bien les watermark. Du coup, je me le prendrai.
Le bouquin d'Une heure de peine qui sort le 15 janvier. À voir la politique DRM des epubs de Payot
« Depuis longtemps, des chercheuses spécialisées dans les études de genre ont mis en avant le rôle de la socialisation à certaines émotions dans certains métiers et travaux, où les gens ne font pas qu'exécuter des tâches mais sont également rémunérés à démontrer des affects.
L'exemple qu'on donne généralement est celui des personnes en charge des métiers du soin, par exemple les assistantes maternelles, dont le métier n'implique pas que de nourrir, éduquer, habiller des enfants, mais aussi de témoigner de certaines émotions.
C'est le sens du mot "Travail émotionnel" (qui a été adéquatement étendu à la sphère de l'intime, mais vient à ma connaissance au départ d'une analyse des rapports de production et de travail).
L'erreur serait de croire que ce concept ne s'applique que à ces secteurs considérés comme "féminins". Emmanuelle Zolesio a retracé des processus similaires dans une profession très peu féminisée, la chirurgie, par exemple. https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2009-2-page-147.htm
Armés de ce concept, il est aisé de déduire que ce n'est pas un simple effet du hasard si une grosse partie du monde du stream est composée de... ça.
C'est un monde qui a terriblement besoin d'enquêtes sociologiques, donc il n'y a ici qu'une intuition, il faudrait la tester par des travaux empiriques (qui j'en suis sûr ont cours ou ont déjà eu cours).
Bref ce streameur en particulier, entre ses références pétées à Nietzsche, sont égotisme malsain, et ses "pétages de câbles" réguliers, n'a pas grand intérêt.
Ce qu'il dit sur les rapports sociaux et les relations de travail en ligne, par contre...
C'est aussi intéressant parce que nous entretenons des relations parasociales avec ces acteurs, soit dit en passant. Nous, leur public, les socialisons, mais eux, nos "idoles" nous socialisent aussi.
Ca n'a rien de nouveau hein en 1934 Marcel Mauss relatait déjà la façon dont le cinéma américain servait d'agent de socialisation pour les infirmières françaises.
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/Techniques_corps.html
Vous pouvez être wholesome autant que vous voulez tant que vous continuez de vivre dans un monde qui rémunère la toxicité par du capital social et le capital social par du capital économique vous aurez ce genre de figures.
Doooooonc j'imagine que la conclusion de ce thread est que si vous voulez aider ce pauvre garçon, vous devez abattre le capitalisme ?
Ca me va.
Allez hop hop on s'y met maintenant ça fait trop longtemps que ça dure cette affaire. »
L'exemple qu'on donne généralement est celui des personnes en charge des métiers du soin, par exemple les assistantes maternelles, dont le métier n'implique pas que de nourrir, éduquer, habiller des enfants, mais aussi de témoigner de certaines émotions.
C'est le sens du mot "Travail émotionnel" (qui a été adéquatement étendu à la sphère de l'intime, mais vient à ma connaissance au départ d'une analyse des rapports de production et de travail).
L'erreur serait de croire que ce concept ne s'applique que à ces secteurs considérés comme "féminins". Emmanuelle Zolesio a retracé des processus similaires dans une profession très peu féminisée, la chirurgie, par exemple. https://www.cairn.info/revue-societes-contemporaines-2009-2-page-147.htm
Armés de ce concept, il est aisé de déduire que ce n'est pas un simple effet du hasard si une grosse partie du monde du stream est composée de... ça.
C'est un monde qui a terriblement besoin d'enquêtes sociologiques, donc il n'y a ici qu'une intuition, il faudrait la tester par des travaux empiriques (qui j'en suis sûr ont cours ou ont déjà eu cours).
Bref ce streameur en particulier, entre ses références pétées à Nietzsche, sont égotisme malsain, et ses "pétages de câbles" réguliers, n'a pas grand intérêt.
Ce qu'il dit sur les rapports sociaux et les relations de travail en ligne, par contre...
C'est aussi intéressant parce que nous entretenons des relations parasociales avec ces acteurs, soit dit en passant. Nous, leur public, les socialisons, mais eux, nos "idoles" nous socialisent aussi.
Ca n'a rien de nouveau hein en 1934 Marcel Mauss relatait déjà la façon dont le cinéma américain servait d'agent de socialisation pour les infirmières françaises.
http://classiques.uqac.ca/classiques/mauss_marcel/socio_et_anthropo/6_Techniques_corps/Techniques_corps.html
Vous pouvez être wholesome autant que vous voulez tant que vous continuez de vivre dans un monde qui rémunère la toxicité par du capital social et le capital social par du capital économique vous aurez ce genre de figures.
Doooooonc j'imagine que la conclusion de ce thread est que si vous voulez aider ce pauvre garçon, vous devez abattre le capitalisme ?
Ca me va.
Allez hop hop on s'y met maintenant ça fait trop longtemps que ça dure cette affaire. »